GINTER Léon [GINTER Leib Eisik dit]

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 2 juin 1909 à Tarnow (Pologne), naturalisé français, massacré le 9 juin 1944 à Communay (Isère, Rhône depuis 1967) ; marchand forain ; victime civile.

Leib, Eisik Ginter, dit Léon Ginter, était le fils de Majer et de Feiga, Rywka Bergman. Né en Pologne, il s’exila en France et s’installa à Paris où il demeura 42 rue Amelot (Xe arr.). Il exerça la profession de marchand ambulant. Léon Ginter fut naturalisé français par décret du 3 juillet 1937. Le 3 juillet 1939, il se maria à Paris (Xe arr.) avec Paulette Waitzman. Léon et Paulette Ginter eurent deux enfants.
Léon Ginter se réfugia à Lyon (Rhône) avant août 1941. Il résida à l’Hôtel Victoria, 3 rue Delandine (IIe arr.). Le 5 août 1941, le procureur de la République à Lyon informa le préfet du Rhône que « Ginter Leib Elsich forain » était inculpé de « majoration illicite ». Vraisemblablement fut-il arrêté et emprisonné à cette même date. A la demande de la préfecture, la police enquêta afin de déterminer si Léon Ginter était susceptible d’expulsion. Le 25 novembre 1941, le chef de la Sûreté écrivit à l’intendant de police : « Le nommé Ginter Leib, Ersik [...], condamné par le Tribunal correctionnel de Lyon le 12/9/1941 à 500 Frs d’amende pour extension de commerce sans autorisation, a été naturalisé Français par décret en date du 3 juillet 1937 […]. Une mesure d’expulsion ne peut donc être envisagée à son encontre. »
En 1944, Léon Ginter demeurait avec sa femme (et vraisemblablement ses deux enfants), 47 rue d’Anvers (Lyon, VIIe arr.).
Le 10 mai 1944, Léon et Paulette Ginter furent arrêtés par des hommes de la Gestapo parce qu’ils étaient juifs. Ils furent conduits à la prison de Montluc (Lyon). Léon fut incarcéré dans la baraque aux Juifs et Paulette dans la cellule 3 puis dans le réfectoire.
Le 9 juin 1944, Léon Ginter et dix-huit autres détenus furent extraits de Montluc. Les Allemands les enchaînèrent deux par deux et les firent monter dans deux camionnettes. Une motocyclette transportant des mitraillettes prit la tête du convoi, suivie de deux voitures noires conduisant des officiers de la Gestapo. Une seconde motocyclette transportant également des mitraillettes se plaça en queue de convoi derrière les camionnettes. Vers 20h30, les prisonniers, ainsi escortés par les Allemands, furent conduits à Communay (Isère, Rhône depuis 1967) via la route nationale 7. Les véhicules stoppèrent au bord du bois de Cornavent sur le côté de la route. Les Allemands bloquèrent la circulation des deux côtés de la nationale et éloignèrent les personnes se trouvant dans les champs alentour. Ils firent descendre huit prisonniers de la première camionnette en deux groupes successifs de quatre hommes. Au fur et à mesure qu’ils sortaient du véhicule, les détenus furent abattus à coups de mitraillettes. Les onze autres prisonniers furent sortis de la deuxième camionnette et furent exécutés de la même manière. Toutes les victimes furent achevées d’un coup de pistolet dans l’oreille. Les Allemands qui massacrèrent ces hommes étaient en civil. Après l’exécution, ils firent demi-tour vers Lyon, abandonnant les corps sur place.
La mairie de Communay fut alertée mais les autorités ne purent relever les corps que le lendemain car, le jour même, il pleuvait à torrent. Ils découvrirent les cadavres à environ dix mètres de la route nationale 7, répartis en trois groupes : deux de quatre hommes et un de onze.
Voici la description du corps de Léon Ginter : cheveux châtains, calvitie frontale, nez busqué, 1m75 environ, costume gris bleu à rayures, ceinture en cuir, chemise blanche à filets marrons, chaussures basses jaunes sans chaussette, pardessus bleu foncé portant la marque Duclos, 36 cours de la Liberté à Lyon, béret basque. Il portait une alliance en or blanc. Le 7 novembre 1944, Léon Ginter fut identifié sous le numéro 8 par son oncle Maks Steinberg, demeurant à Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire), place Maréchal de Vaux.
Paulette Ginter fut transférée le 19 juin 1944 au fort de Romainville (Les Lilas), déportée le 29 juin 1944 à Sarrebruck, puis au camp de Ravensbrück. Elle fut incorporée dans le kommando de Schönefeld (usine d’armement et d’aviation). Elle fut libérée le 1er mai 1945 et rapatriée le 21 mai.
Le nom de Léon Ginter apparaît sur le monument de Communay rendant hommage aux victimes du 9 juin 1944.

Voir Communay

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article183404, notice GINTER Léon [GINTER Leib Eisik dit] par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 13 août 2016, dernière modification le 29 novembre 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W459, 3460W1, 3460W2, 3460W4, 3335W22, 3335W11, 3335W24, 3335W18, 829W155.— Arch. Dép. Paris, acte de mariage Ginter – Waitzman.— Notes de Dominique Tantin.— Mémorial Genweb.— Site Internet jri-poland.org.— Site Internet de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (bddm.org).

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