BOHN Nicolas

Par Jean-Luc Labbé

Né en 1830 à Châteauroux (Indre) ; cordonnier ; militant démocrate socialiste pendant la Seconde République ; condamné à un internement à Brest puis exilé à Londres après le coup d’Etat du 2 décembre 1851 ; émigré à New-York en 1853.

Venant d’Alsace, le père de Nicolas Bohn, Jean-Jacques, s’était installé cordonnier Rue du Marché, au centre de Châteauroux avec sa femme Jeanne, brodeuse sur souliers. En 1851, peu avant le coup d’Etat du 2 décembre, la famille se composait du père de 50 ans, de la mère de 47 ans et de huit enfants : Nicolas 21 ans, Edmond clerc d’avoué de 18 ans, Hermine apprentie lingère de 16 ans, Léon clerc d’avoué de 15 ans, Alexandre apprenti cordonnier de 14 ans, Eugène 10 ans, Jules 8 ans et Théophile 5 ans.
Nicolas, pour sa participation à l’activité d’une « société secrète » et « s’être rendu coupable de chants prohibés et d’insultes envers le Préfet », fut arrêté dans les jours qui suivirent le coup d’Etat du 2 décembre 1851 et emprisonné à Châteauroux. Son dossier d’instruction le soupçonnait également d’être en relation avec « La Démocratie pacifique d’Alsace » d’où son père était originaire. Condamné dans un premier temps à la déportation, sa peine fut commuée en février 1852 à l’internement en France.
En résidence forcée à Brest (Finistère), il était le 30 mars 1852 présent sur le ponton « La Guerrière » à Brest en compagnie de deux autres condamnés de Châteauroux : Blin Désiré et Brillaud Etienne. Gracié, il jugea plus prudent de s’exiler volontairement et rejoignit les proscrits qui se trouvaient à Londres où il trouva à s’embaucher auprès d’un cordonnier français, Thieux, lui aussi exilé et qui tenait boutique sur Regent’s Street. Cordonnier mais également doué pour le dessin, Nicolas Bohn fut membre du groupe La Sociale aux cotés de Joseph Déjacques, Didier, Parisot de Sainte-Marie, Guérin, Latour, Badin et Gustave Lefrançais. Le groupe se réunissait chez Didier, sur Gerrard Street dans le quartier de Soho.
Bohn partit pour New York en 1853, et Gustave Lefrançais dit dans ses mémoires ne plus jamais avoir entendu parler de lui. Aucune demande le concernant ne fut déposée en vue d’obtenir une pension au titre de la loi de réparation nationale de 1881.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article190577, notice BOHN Nicolas par Jean-Luc Labbé, version mise en ligne le 16 mars 2017, dernière modification le 20 septembre 2017.

Par Jean-Luc Labbé

SOURCES : Arch. Dép. du Cher, 2U33. – Arch. Dép. Indre. – B. Moreau, Marianne bâillonnée, 2002. – Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un révolutionnaire, Paris, Tête de Feuilles, 1972, p. 185, 199 et 224. – Denise Devos, La Troisième République et la mémoire du coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, Paris, Arch. Nat., 1992. – Arch. Dép. du Finistère, série 1 Z 19. — Notes collectives de G.-M. Thomas.

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