DELAPIERRE Alfred

Par Marc Geniez

Né le 2 novembre 1907 au Tréport (Seine-Inférieure/Maritime), mort le 27 décembre 1993 à Longjumeau (Essonne) ; instituteur, directeur de CC puis de CEG ; militant associatif (président de l’ANPCC), syndicaliste (SNI puis secrétaire général du SNC).

Alfred Delapierre en 1965.
Alfred Delapierre en 1965.

Fils de Maurice, Alfred Delapierre, jardinier, devenu libraire, et de Caroline Poppenmaïer, sans profession, Alfred Delapierre effectua sa scolarité primaire au Tréport avant d’entrer à l’école primaire supérieure de Dieppe de 1920 à 1923. Élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Rouen de 1923 à 1926, il devint instituteur stagiaire à Aumale puis partit au service militaire (1926-1927).

Il redevint instituteur à Forges-les-eaux en 1927 où il se maria le 17 mars 1934 avec Marie-Louise, Françoise Urvoy, institutrice. Le couple eut deux enfants (Yves, né le 20 juin 1938 et Marie-Françoise, née le 29 septembre 1943).

Alfred Delapierre fut instituteur à Gaillefontaine de 1934 à 1937, puis à Goderville de 1937 à sa mobilisation en août 1939. Fait prisonnier et captif (Oflag XVII implanté en Autriche), en 1942, il fut libéré comme père de quatre enfants, sa famille ayant fourni trois faux certificats de naissance en plus de celui de son fils. Parmi les enfants fictifs figuraient des jumelles prénommées Marie et Françoise. Aussi sa fille porta-t-elle le prénom de Marie-Françoise.

A nouveau instituteur à Aumale de 1942 à 1951, il enseigna au Tréport à partir de 1951 au cours complémentaire dont il devint directeur et le resta après sa transformation en collège d’enseignement général. Il partit à la retraite à la fin de l’année 1967-1968.

Alfred Delapierre milita au Syndicat national des instituteurs. Il fut assesseur lors de la journée pédagogique qui précédait le congrès national du SNI, le 19 juillet 1955, à Bordeaux. Lors de la journée pédagogique avant le congrès, le 16 juillet 1957, il intervint pour souhaiter la création de cours complémentaires spécialisés dans la discussion du rapport de Jeanne Lordon sur « La classe de préparation à la fonction et à la vie dans les cours complémentaires ».

Alfred Delapierre militait en même temps dans l’Association nationale du personnel des cours complémentaires depuis l’après guerre et devint membre de son bureau national, comme responsable de la commission des internats. Il en devint le vice-président en 1949 et, au début de 1953, son président. Sous sa présidence, la revendication d’un statut des CC et de leurs personnels s’affirma de plus en plus et l’association manifesta une volonté croissante d’autonomie.

Le 17 novembre 1958 avaient lieu les élections des représentants des personnels aux conseils d’enseignement créés en 1946. Celui du premier degré comprenait 21 membres élus dont un pour les personnels des CC de garçons et un pour les CC de filles. Le SNI y assurait la représentation de tous les personnels du premier degré. L’ANPCC était en accord avec le SNI sur les principes (laïcité …) et les problèmes généraux des écoles et des instituteurs. Le SNI n’ayant que très peu de revendications spécifiques aux CC, l’ANPCC n’avait pas présenté de candidats en 1946, 1950 et 1954.

A partir du milieu des années cinquante, au fur et à mesure que les contours d’une réforme de l’éducation, sans cesse repoussée dans le temps, se dessinaient, le SNI précisa son corpus revendicatif pour les CC. De profondes divergences se révélèrent alors entre l’ANPCC et le SNI.

Après une démarche infructueuse en direction du SNI sur la présentation, sous l’étiquette SNI, de candidats communs et la définition d’un accord minimum de programme sur les CC, l’ANPCC décida de présenter ses propres candidats dans les deux collèges de personnels de CC pour que leurs directeurs et maîtres puissent choisir entre les deux programmes revendicatifs. Alfred Delapierre, président, et Roger Laroche, secrétaire général, tous deux également adhérents du SNI étaient les candidats de l’ANPCC pour les CC de garçons. Le scrutin, caractérisé dans les CC par une modification sans précédent du corps électoral avec une augmentation de 50 % du nombre des électeurs (ajout d’instituteurs détachés sans lien avec les CC), se déroula dans des conditions contestées.

L’ANPCC obtint le siège chez les personnels des CC des filles, où l’ajout de détachés avait été bien plus faible, et le SNI l’obtint pour les personnels des CC de garçons. Situation inacceptable pour le SNI. Cette situation valut à Alfred Delapierre et Roger Laroche d’être exclus du SNI en 1959. Après ces exclusions, la rupture entre les deux organisations était consommée. Elles renforcèrent la volonté d’Alfred Delapierre de transformer l’ANPCC en syndicat.

Lors de son conseil national de décembre 1958, le SNI interdit la « double appartenance » au SNI et à l’ANPCC, décision confirmée par son conseil national de juillet 1959. A la rentrée de 1959, les instances de l’ANPCC décidèrent donc de consulter les adhérents par référendum sur la question suivante : « L’ANPCC doit-elle se transformer en syndicat national des CC ». Le principe de la transformation en syndicat fut plébiscité par 5548 voix pour et 626 voix contre. Cette transformation eu lieu le 6 avril 1960. Un an plus tard, lorsque l’appellation collèges d’enseignement général (CEG) se substitua à celle de CC, le syndicat national des cours complémentaires devint syndicat national des collèges (SNC).

Premier secrétaire général du SNC, de sa création en 1960 au début d’avril 1963 où il fut remplacé par André Zilber, Alfred Delapierre fut le principal fondateur du SNC.

Au Tréport (Seine-Maritime) il créa et dirigea la Société locale d’enseignement technique (SLET) qui, hébergée dans un local municipal, assura des formations professionnelles grâce à la récupération de la taxe d’apprentissage.

Il reçut les palmes académiques et fut promu chevalier de la Légion d’honneur en 1965, au titre de l’Education nationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article191600, notice DELAPIERRE Alfred par Marc Geniez, version mise en ligne le 23 avril 2017, dernière modification le 30 avril 2021.

Par Marc Geniez

Alfred Delapierre en 1965.
Alfred Delapierre en 1965.

SOURCES : Arch. Mun. Le Tréport (Séverine Gourlin). — Archives SNCL. — Renseignements fournis par Madame Marie-Françoise Marschal, sa fille. — Notes de Jacques Girault.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable