CHANEAUX André

Par Yves Lequin

Né le 4 mai 1898 à Ivory (Jura), mort le 3 mai 1956 à Chamblay (Jura) ; instituteur ; militant syndicaliste et, un temps, communiste.

Le père d’André Chaneaux, instituteur, militant laïc, athée, libre penseur, joua un rôle déterminant dans la formation de ses fils André et Jean.

Combattant de la Première Guerre mondiale, André en revint très
antimilitariste et se lança rapidement dans l’action syndicale et politique.

Militant syndicaliste, il fut l’un des chefs de file du courant minoritaire dans la région : délégué au congrès confédéral CGT de Lyon en septembre 1919, membre du Comité provisoire national des CSR à la fin de la même année, il animait, en 1920, plusieurs comités syndicalistes révolutionnaires, notamment dans l’enseignement, chez les cheminots de Dole et de Mouchard.

Parallèlement, il fut l’un des fondateurs du mouvement communiste dans le département du Jura. Partisan de l’adhésion à la IIIe Internationale, il tenta de mener, en particulier dans les colonnes du Jura socialiste, une lutte d’idées non circonstancielles mais de fond qui l’opposa en novembre-décembre 1920, au positivisme du secrétaire fédéral Arthur Danrez. Au congrès fédéral SFIO de décembre 1920, il fut un des porte-parole de cette tendance au nom de la section de Mouchard, la seule dans le Jura avec celle de Lons-le-Saunier où la motion Cachin était majoritaire ; puis, lorsque la majorité de la Fédération socialiste jurassienne décida de passer à l’autonomie, en janvier-février 1921, il s’éleva contre cette solution, notamment par des articles aux titres significatifs : « autonomie momentanée », « l’autonomie, troisième et inutile scission », « pour l’unité ». Il se détacha d’ailleurs de la Fédération autonome au cours de l’année 1921 pour entreprendre l’organisation locale du Parti communiste ; il était aussi à cette époque un des rares militants à mener la lutte en direction des paysans : analysant le budget de l’État, il concluait un article du Jura socialiste du 11 février 1921 : « Sur 100 francs dépensés par l’État, il y a 26 francs pour l’armée et douze sous pour l’agriculture. Douze sous, vous entendez ? On ne vous gâte pas, camarades paysans ! »

Ou encore le 5 mars 1921 : « La baisse sur les produits agricoles est un des événements dont notre propagande doit s’emparer [...] Ce n’est pas le papier des banquiers qui paiera la guerre, mais le travail des hommes, ouvriers, employés et paysans. » André Chaneaux se trouva ensuite quelque peu tenu à l’écart de l’action. Nommé en 1922 à Prémanon sur le plateau jurassien, puis en congé de longue durée pour raisons de santé, il reprit par la suite un poste d’instituteur à Chamblay (Jura) ; il aurait été un des fondateurs du syndicalisme unitaire dans l’enseignement, vers 1925, et l’un des animateurs.

Il aurait été exclu du Parti communiste à la même époque que son frère vers 1937 ; continuant à militer sur le plan syndical, il fut en 1938, conseiller départemental du Syndicat national des instituteurs (SNI).

Déplacé en 1940 à Lapérouse, sur le plateau jurassien il eut, semble-t-il, une action dans la Résistance, facilitant par exemple le passage de la Loue qui servait de ligne de démarcation, près de Chamblay à des gens fuyant la zone occupée.

Réinstallé en 1944 à son poste de Chamblay, il reprit des responsabilités syndicales : membre du conseil syndical, il fut de 1945 à 1947 avec Madame Lancia et Ulysse Guillot, conseiller départemental du SNI.

De nouveau membre du Parti communiste et animant la cellule rurale de Chamblay, il le quitta vers 1948, en désaccord avec la politique agricole.

Il n’eut plus dès lors d’action militante, d’autant plus qu’à partir de 1952, il fut atteint d’une grave maladie dont il mourut en 1956.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19366, notice CHANEAUX André par Yves Lequin, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 23 octobre 2010.

Par Yves Lequin

SOURCES : Le Jura socialiste, notamment 10 septembre 1920, novembre-décembre 1920, janvier-février-mars 1921. — Le Journal de Dole, 7 juillet 1945. — Lettre de la veuve d’A. Chaneaux, mars 1974. — Lettre d’Ulysse Guillot, octobre 1974. — Témoignage de Maurice Bruillard, décembre 1973.

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