CHAULIAC Raymond

Par André Balent, Olivier Dedieu, Gilles Morin, Jean Sagnes

Né le 12 mai 1904 à Montpellier (Hérault), mort le 5 mars 1987 à Montpellier ; ingénieur des Arts et Métiers ; militant socialiste de l’Hérault ; résistant, chef d’état-major régional des FFI ; conseiller général du canton de Ganges (1945-1949).

Titulaire d’un diplôme d’ingénieur des Arts et Métiers, Raymond Chauliac exerça sa profession dans le Tarn puis dans l’Hérault Après le Tarn, il s’installa à Montpellier, sa ville natale, et adhéra à la SFIO dans les années 1920. Membre du PSDF néo-socialiste de Montpellier à sa constitution, il fut secrétaire fédéral des équipes techniques de cette organisation dès le 13 mai 1934. Il fut candidat du PSDF à diverses élections cantonales en 1934 dans le 2e canton de Montpellier, en mai 1935 où il fut élu. La même année, il fut élu conseiller municipal de la ville. Lors des cantonales de 1937, il fut candidat sur le 1er canton du chef-lieu de l’Hérault. À la veille de la guerre, Raymond Chauliac était membre de la commission fédérale de propagande et secrétaire du groupe montpelliérain.

Après la défaite, cet ancien partisan des accords de Munich tenta, sans succès, de rejoindre Londres. Officier de réserve, il s’engagea progressivement, sur le plan local, au sein du mouvement Combat. Sous le pseudonyme de « Chabert », il prit en charge l’organisation, fin 1942, de l’Armée Secrète. Il fut également membre des réseaux « Action » de la France combattante. Ses activités professionnelles l’amenant à effectuer de nombreux déplacements, en zone rurale notamment, il bénéficiait, de ce fait, d’une excellente couverture pour développer ses activités clandestines. En mai 1943, la police tomba par erreur sur une réunion de la Résistance. Raymond Chauliac passa quelques jours en prison avant d’être relâché. Pressenti pour prendre la direction de la R3, il préféra se consacrer, dans ce cadre territorial, à l’organisation de l’Armée Secrète dont il était le chef (dès l’été 1942, selon G. Bouladou) pour l’ensemble de la R3 (pseudonyme Rivière). Il proposa donc Gilbert de Chambrun* à ce poste. À la fin juin 1944, il devint chef d’état-major régional des FFI, avec le grade de lieutenant-colonel. Proche de Francis Missa*, socialiste issu du mouvement Libération, responsable régional du Comité d’action socialiste et membre du directoire régional des MUR, il fut pressenti pour succéder à Gilbert de Chambrun à la tête des FFI mais les FTP s’y opposèrent. Il semble avoir adhéré au CAS durant cette période.

Son rôle militaire fut particulièrement important, à partir du débarquement de Normandie et plus encore dans la seconde quinzaine d’août 1 944, lorsque les FFI harcelèrent les colonnes allemandes qui se repliaient du Sud-Ouest vers la vallée du Rhône. Ce fut en sa qualité de chef d’état-major des FFI qu’il collabora avec le général Zeller pour former une armée nouvelle. Peu après la Libération, ses activités de chef d’état-major régional des FFI l’amenèrent à participer au processus d’intégration des éléments armés issus des maquis dans une armée régulière en voie de reconstitution, ainsi que le souhaitait le chef du GPRF. Il dut, à cet effet, vaincre les réticences de certains. Il effectua, dès septembre 1944, une délicate mission dans les Pyrénées-Orientales où les guérilleros espagnols avaient pris position sur la frontière et la contrôlaient de fait, tout particulièrement en Cerdagne. Pour calmer l’ardeur des guérilleros de cette zone et les contrôler indirectement, il fit confiance à l’un d’entre eux, Josep Mas i Tió*, qu’il avait peut-être connu à Montpellier en 1941-1942, communiste catalan (du PSUC) en rupture de ban avec son parti, et le fit accéder au grade de commandant des FFI.

À la Libération, Chauliac adhéra au Parti socialiste SFIO et fut conseiller général du canton de Ganges, de septembre 1945 à mars 1949. En 1945, il avait été élu avec l’appui communiste sans concurrent (2 458 voix sur 4 926 inscrits). Dans ce canton marqué à droite, le choix de Raymond Chauliac était basé sur sa légitimité résistante et son catholicisme pratiquant. Au conseil général, il devint rapporteur du budget et vice-président du groupe socialiste. Ingénieur des Arts-et-Métiers, sa compétence « s’étend surtout aux problèmes techniques et financiers », selon le préfet qui le considérait comme « un ami personnel ». Vice-président du groupe socialiste au conseil général, il fut battu en 1949. Devancé par Coste-Floret et un communiste, il obtint 742 voix sur 3 752 exprimés et se retira en faveur de Louis Monna, indépendant de gauche, qui fut élu. À Montpellier, il obtint, aux municipales de 1945, deux fois plus de voix que ses colistiers socialistes.

Raymond Chauliac créa son propre cabinet d’ingénieur-conseil, bureau d’études spécialisé en assainissement, électrification, adduction d’eau. À ce titre, il travailla avec nombre de collectivités territoriales et de services déconcentrés de l’État.

Politiquement, Raymond Chauliac connut un seuil important dans sa carrière politique en 1949. Nettement devancé aux élections cantonales de Ganges, il se retira de la compétition à l’issue du 1er tour. Lors du décès du sénateur Édouard Barthe*, la même année, Raymond Chauliac fut pressenti pour l’investiture, d’autant plus qu’il disposait de sympathies au sein du MRP et du RPF. Ce fut en fait Jean Péridier qui obtint l’investiture et qui fut élu.
À Montpellier, la principale section du département, il fut, avec Albin Tixador* l’un des cadres dirigeants. Secrétaire adjoint de la section en 1951, il succéda à ce dernier en 1954. Présent sur les listes SFIO aux municipales de 1945, 1947, 1953, 1959 (2e de liste), 1965, il fut conseiller municipal de 1947 à 1953. En 1958, devenu membre de la commission administrative fédérale, il fut le suppléant d’Henri Doladille*, candidat SFIO sur la circonscription de Montpellier-Lodève. En 1959, il démissionna de son poste de secrétaire de section, vraisemblablement parce qu’il exprimait des sympathies pour le PSA. Redevenu secrétaire en 1960, Raymond Chauliac, deux ans plus tard, avec le soutien de la section de Montpellier décida de remettre en cause les accords départementaux du « cartel du Non » et se présenta sur la circonscription de Montpellier-Lunel. Il ne réalisa que 13 % des voix. Durant les années 1960, Raymond Chauliac resta un leader de 1er plan sur Montpellier mais n’arriva pas à obtenir de mandats et dut composer, dans le cadre de la FGDS, avec les radicaux socialistes d’Étienne Ponseillé. Il resta encore actif, participant au GAM. Progressivement, néanmoins, il fut marginalisé par l’émergence d’une nouvelle génération de militants, notamment Georges Frêche, tête de liste investie en 1971 et député en 1973.

Il devint administrateur de la Caisse d’Épargne, institution qu’il présida par la suite. Déjà membre de l’office HBM avant-guerre, il en devint vice-président puis président dans les années 1950. En tant qu’ancien cadre de la Résistance et colonel de réserve d’aviation, il joua un rôle de premier plan dans les principales associations d’anciens combattants. Président de l’Union départementale des combattants volontaires de la Résistance, du Conseil départemental de la Résistance, il devint par la suite président de l’Union fédérale et de l’Union départementale des associations d’anciens combattants dans les années 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article19641, notice CHAULIAC Raymond par André Balent, Olivier Dedieu, Gilles Morin, Jean Sagnes, version mise en ligne le 24 octobre 2010, dernière modification le 30 mars 2016.

Par André Balent, Olivier Dedieu, Gilles Morin, Jean Sagnes

SOURCES : Arch. Nat., F/1a/3228. F/1cII/270. F/1cII/277. F/1cII/310. — Arch. Dép. Hérault, 9 M 400, 338 W 59 406 W 124, 376 W 64, 172 W 30, 3 M 1801, 506 W 328, 406 W 124, 356 W 13 et 14, 524 W 28, 524 W 46. — Arch. de l’OURS, Dossiers Hérault. Bulletin intérieur, n° 104. — Arch. de l’IHTP, 72 AJ 48, témoignages de Lucien Roubaud. — Arch. privées de Josep Mas i Mas, fils de Josep Mas i Tió. — Le Languedoc Socialiste, 1934-1939. — Presse quotidienne héraultaise (La Voix de la Patrie, Le Midi Libre, La Marseillaise du Languedoc) au moment des élections cantonales et législatives. — Jacques-Augustin Bailly, La Libération confisquée. Le Languedoc 1944-45, Paris, Albin Michel, 1993. — André Balent, « Del Ripollès a la Cerdanya, guerres i revolució : Josep Mas i Tió (1897-1946), militant i guerriller », Annals del centre d’estudis comarcals del Ripollès, Ripoll, 2005, p. 81-98 et 98a à 98f. — Gérard Bouladou, L’Hérault dans la résistance, 1940-1944, Nîmes, Lacour, 1992. — Gilbert de Chambrun, Journal d’un militaire d’occasion, Avignon, Aubanel, 1982. — H. R. Kedward, Naissance de la résistance dans la France de Vichy, Idées et motivations 1940-42, Paris, Champ Vallon 1989. — André Souyris-Rolland (dir.), Les Forces françaises de l’Intérieur du Languedoc-Roussillon/Région R3 dans l’armée de la Libération, Actes du colloque d’Histoire, Montpellier, 14 mars 1996, Arcueil, Public-Réalisations, 1997. — Entretien avec Josep Mas i Mas, Sant Pere de Torelló, 21 août 2004. — Notice DBMOF par Jean Sagnes.

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