CHAZE Louis, Joseph

Louis Chaze était le fils de Jean-Louis Chaze et de Marie-Louise Rey, originaires de Thueyts, village de la Cévenne vivaroise. Tandis que son épouse était demeurée catholique pratiquante, Jean-Louis Chaze, propriétaire devenu facteur des postes, ancien combattant de la Grande guerre, avait acquis des idées pacifistes, laïques et socialistes.

Louis Chaze était le frère cadet d’Henri Chaze et devint instituteur comme lui. Il fit partie des élèves-maîtres de la « promotion de l’an 40 ». Après la fermeture des Écoles normales d’instituteurs par Pétain, il reçut avec les autres normaliens sa formation au lycée de Tournon. L’établissement, occupé pour une partie après le 11 novembre 1942 par une garnison allemande, devint une pépinière pour la Résistance ardéchoise. Louis Chaze contracta une sévère pleurésie liée aux privations de la période.

Au printemps 1944, il put rejoindre un maquis FTP basé à Montpezat-sur-Bauzon. Il fit partie, avec le grade de lieutenant, de la colonne placée sous les ordres du commandant Ravel (voir Augustin Ollier) qui participa à la libération de Lyon du 6 au 9 août 1944. Le journal L’Assaut du 20 octobre 1944 rapporte « sa grande ténacité » et le cite comme un « exemple du courage et du dévouement ». Alais "Loulou", il fut homologué FFI. En mars 1945, au premier congrès régional des Jeunesses communistes de l’Ardèche de l’après-guerre, Louis Chaze faisait partie du bureau régional dont le secrétariat était assuré par Georges Besson. Il milita ensuite au PCF.

Après avoir occupé de nombreux postes comme instituteur remplaçant, Louis Chaze obtint, en septembre 1953, une nomination définitive, avec accord de la commission administrative paritaire départementale, à l’école du hameau des Combes à Vals, dans une classe qui venait d’être créée. Il se trouva placé au cœur d’un affrontement avec le maire de la localité, Paul Ribeyre, garde des sceaux du gouvernement Laniel. Celui-ci fit suspendre arbitrairement l’ouverture de cette classe après le mouvement officiel, entraînant le déplacement d’office de l’instituteur. Le syndicat des instituteurs dirigé par Jacques Boissel organisa une riposte efficace, avec un rassemblement à Labégude d’Ardèche le 4 octobre, où intervint le secrétaire général du SNI, Denis Forestier. Une grève de solidarité, le 10 octobre, mobilisa quelque 880 instituteurs sur les 1 100 du département. Les autorités reculèrent et réintégrèrent Louis Chaze dans son poste. L’École libératrice, journal national du SNI, accorda une grande place dans deux articles titrés « Exactions et droit de grève » et « Non à l’arbitraire ! ».

Louis Chaze fut victime en 1956 d’un accident de moto et succomba à ses blessures. Il était âgé de trente-deux ans. La secrétaire départementale du SNI, Yvonne Barruel lui rendit hommage dans l’Émancipation et rappela ses responsabilités syndicales et associatives : « Toute notre section syndicale départementale connaissait et estimait Louis Chaze, [...] ancien membre du conseil syndical, actuellement délégué du syndicat pour le canton d’Aubenas, membre du conseil d’administration de la Fédération des œuvres laïques et de la commission administrative de la FEN, c’est un militant courageux et dévoué de notre grande famille syndicale, c’est un ami qui nous quitte. »