GRISONI Antoine-Baptiste , dit "Tony"

Par Hubert Lenziani

Né le 5 avril 1890 à Boufarik (Algérie), mort à Corte (Haute-Corse), le 31 décembre 1959 ; résistant en Corse.

Avec ses sept frères et sœurs, Antoine Grisoni suivit ses parents en différents lieux du territoire français au gré des affectations de son père, chef de gendarmerie, prénommé Antoine-Marie. Il fut, ainsi dès l’âge de treize ans, enfant de troupe. À la retraite, son père créa une entreprise de transport « Les Cars Grisoni » qui effectuait la liaison Calacuccia-Corte.
De 1908 à 1923, Antoine Grisoni fit son service militaire puis plusieurs campagnes militaires au Maroc et en Algérie. Son livret militaire, signé de son général, atteste de « sa bravoure et de son sang froid en toute occasion ». En 1923, il devint sous-officier à la retraite. De retour en Corse, il se maria avec Stella Maria née Luciani le 21 septembre 1929 à Piedicorti di Caggio. Naquirent de leur union trois enfants (Antoine–Marie né le 20 juillet 1930 et décédé le 17 juillet 1996, Don Grâce, appelé Dédé, né le 14 mars 1933, Marie-Antoinette Erminie née le 20 mars 1934).
En 1940, il n’accepta pas l’armistice signé par Pétain avec l’occupant nazi. Il contribua à la création du groupe « Combat » en Corse, dans l’arrondissement de Corte. Il devint chef du 7e groupe "Combat" qu’il avait constitué intégralement. Les résistants se réunissaient déjà chez lui, 15 cours Paoli à Corte (1er étage, porte droite) avant l’arrivée des troupes fascistes italiennes. L’occupation de la Corse, le 11 novembre 1942, par les 80 000 soldats italiens de Mussolini, en réaction au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le décida à reprendre les armes après sa carrière militaire.
En décembre 1942, il fut responsable du transport des postes radio de Pierre Griffi*, dit Denis, qui était installé avec le commandant De Saule dit « Fournier » chez la famille Loersch. Plus tard, il continua de transporter du matériel, armes et munitions qu’il récupèrait sur les terrains de parachutage de Calacuccia dans le Niolu. Il profita des transports « Grisoni » de son père pour regagner Corte en passant par Castirla, le pont de Francardo, ceci en traversant de nombreux barrages italiens. Se sentant surveillé à cause de ses déplacements trop fréquents, il remit les poste-émetteurs à Gloria Vallecalle au 8 cours Paoli qui les confia plus tard à la famille Loersch.
Quelques jours auparavant, Toussaint Griffi et Laurent Preziosi, les deux autres agents de la mission "Pearl Harbour", débarqués mi-décembre 1942, les avaient précédés à Corte pour établir les premiers contacts avec les résistants locaux, en vue de créer un réseau de coordination avec les autorités d’Alger et le sous-marin Casabianca. Xavier Grazietti, commerçant, puis Antoine Campana, syndicaliste cheminot, furent les premiers contactés par T. Griffi et G. Preziosi.
Pascal Valentini devint responsable ce réseau pour l’arrondissement de Corte. Celui-ci s’entoura notamment de Jeanne Albertini, pour diffuser les informations, Jean Albertini dit "Ferro", maréchal-ferrant dont la forge servait de « boîte à lettres », de la famille Loersch pour l’hébergement et Antoine Grisoni pour organiser les réunions en vue des actions.
Antoine Grisoni était aussi agent de liaison pour les divers terrains de parachutage (Alouette, Aigle, Condor, Perroquet). Il prévenait les responsables communaux dès qu’un parachutage était signalé par les autorités d’Alger. Il mettait à profit cette responsabilité de coordination pour recruter des personnes prêtes à résister. Par exemple son neveu par alliance, Raymond Lenziani dit « Tarzan », qui devint, en février 1943, responsable du canton du Niolu. Antoine Grisoni réunit de très nombreuses fois le 7e groupe Combat chez lui, 15 cours Paoli, côté cour où son épouse le seconda à chaque fois. À son palier vivait une dame célibataire qui leur servit sans le savoir de couverture -le voisinage était persuadé qu’elle recevait régulièrement des amants la nuit.
Lorsque le capitaine Canavelli dit "Canon 635" fut arrêté, et que Pascal Valentini, responsable du réseau cortenais "Pearl Harbour", fut traqué par l’OVRA, il n’hésita pas à cacher chez lui tous les documents compromettants de la résistance : cartes d’état-major avec inscription des terrains de parachutages, plan d’attaque des points stratégiques de Corte et de la vallée du Tavignano, fiches d’immatriculation de tous les patriotes de l’arrondissement de Corte (groupes militaires et civils), soit 454 fiches.
Du fait de ses responsabilités dans la Résistance, il obtint dans la clandestinité le grade d’officier (adjudant-chef FFI). Le 9 septembre 1943, il prit une part active dans la répartition des armes dans les secteurs de Vezzani, Ponte-Nuovo, Corsigliese. Ces états de service ont été attestés par Pascal Valentini et le capitaine Canavelli le 5 juillet 1946. Ils ont aussi été confirmés par le Commandant Rochart, responsable militaire FFI de l’arrondissement de Corte, confirmé aussi par Jean Poggi dit "Rusio", responsable de l’organisation d’arrondissement du Front National.
Il avait été décoré avant la 2e guerre mondiale de la médaille militaire en 1928 et fut décoré de la croix du Combattant volontaire en juin 1959, quelques mois avant sa disparition. Lors de ses obsèques le 1er janvier 1960 à Calacuccia, ses compagnons de lutte notamment Pascal Valentini, Philippe Silvani, Alphonse et Joseph Casanova, précédaient son cercueil suivi par une foule nombreuse . Quelques années plus tard son corps fut transféré au cimetière de Corte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article208145, notice GRISONI Antoine-Baptiste , dit "Tony" par Hubert Lenziani, version mise en ligne le 30 octobre 2018, dernière modification le 7 janvier 2019.

Par Hubert Lenziani

SOURCES : Témoignage de Don-Grâce Grisoni et de Hubert Lenziani.

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