MAY Robert, Michel, Joseph

Par Marc Geniez

Né le 29 avril 1925 à Gignac (Hérault) ; mort le 6 février 2019 à Nîmes (Gard) ; instituteur puis PEGC ; militant syndicaliste (SNI, ANPCC puis SNC).

Robert May
Robert May
En 1948

Fils de Charles, André, Marius May, viticulteur et élu socialiste, et de Marie Joséphine Gautarel, sans profession, Robert May effectua deux années au cours supérieur, à la fin de l’école primaire, qui préparait au certificat d’études primaires. Seul garçon d’une fratrie de trois enfants, il était destiné à la viticulture. Son instituteur persuada cependant son père de lui laisser poursuivre des études pour devenir instituteur. Il effectua donc quatre années de scolarité au cours complémentaire de Gignac, de 1939 à 1943, où il obtint le brevet élémentaire.

Après la fermeture des écoles normales d’instituteurs, qualifiées de « séminaires laïques », par le gouvernement de Vichy (loi du 18 septembre 1940), Robert May réussit le concours d’élève maître à l’institut de formation professionnelle de l’Aveyron en 1943, effectua ses années de formation au lycée Foch de Rodez, de 1943 à 1946, et obtint le baccalauréat (série philosophie) en juillet 1946.

Comme de nombreux jeunes gens de sa classe 1945, il n’effectua pas son service militaire mais fut considéré comme ayant satisfait à ses obligations légales d’activité.
Au début de l’année scolaire 1946-1947, il effectua un stage pédagogique, du 3 au 17 octobre, à Rodez. Puis, ses notes obtenues au baccalauréat lui permirent de bénéficier d’un congé pour études et d’une bourse pour intégrer la classe préparatoire au concours d’entrée à l’École normale supérieure de Saint-Cloud, en lettres, au lycée Pierre de Fermat à Toulouse. En même temps, il s’inscrivit en première année à la Faculté des Lettres.
Robert May n’effectua pas la deuxième année de préparation à l’ENS, réintégra le 1er octobre 1947 l’École normale d’instituteurs de Rodez rétablie, pour y terminer sa quatrième année de formation pédagogique. À la rentrée 1948, il reçut son affectation d’instituteur stagiaire à l’école de La Claparède par Laval-Roquecézière, commune située au sud-ouest de l’Aveyron, près de la ville tarnaise de Lacaune. Il y obtint son certificat d’aptitude pédagogique le 15 novembre 1948 et, pendant les quatre années universitaires suivantes, il renouvela son inscription à la Faculté des Lettres de Toulouse. Cherchant sa voie, il demanda aussi à la rentrée de 1950, à pouvoir préparer le concours de l’École nationale d’administration.

Le 13 octobre 1951, il obtint le certificat d’aptitude à l’enseignement agricole. L’éducation reçue dans son milieu familial l’avait à la fois prédisposé à s’intéresser à ce type d’enseignement et avait forgé en lui un attachement très fort aux valeurs républicaines. Or, à cette époque, le cléricalisme catholique était très prégnant dans le département de l’Aveyron et, dans presque toutes les communes, une ou plusieurs écoles privées catholiques étaient implantées. L’opposition entre écoles publiques et écoles privées religieuses était très forte : une véritable guerre scolaire s’y déroulait. C’est pourquoi Robert May organisa un « patro-laïque » le jeudi, donna des cours postscolaires agricoles, et fit imprimer un journal scolaire et local : « les Avettes ».
Dans les années qui suivirent la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’affaire Finaly, eut une résonnance nationale et même internationale. Deux enfants de cette famille juive, dont les parents moururent en camp de concentration, avaient été recueillis et sauvés par une tutrice catholique, Antoinette Brun qui les fit baptiser, et qui refusait de les rendre à leur famille proche. Fervent laïque, Robert May prit publiquement position contre la hiérarchie de l’Église catholique qui soutenait le refus de Mlle Brun, et reçut un blâme de l’Éducation nationale.

À la rentrée 1953, il obtint une permutation dans le Gard où il fut affecté à l’école de Sauve. Malgré l’éloignement, il poursuivit ses études universitaires à Toulouse, mais en sciences, et obtint en octobre 1955 un certificat d’études supérieures de Botanique appliquée. Il se définissait lui-même comme un littéraire scientifique ou un scientifique littéraire.

Le 1er janvier1955, il fut affecté à l’école de Sommières (Gard). Le 22 juillet suivant, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), il épousa Geneviève Bruley, née en 1929, institutrice qu’il avait rencontrée dans les Alpes durant les vacances de l’année précédente. Elle devint PEGC en 1969. Ils eurent deux enfants : Chantal, née le 1er mai 1957, et Jean-Claude, né le 21 février 1959.

Pendant toute sa période d’enseignement en école primaire, Robert May était adhérent au Syndicat national des instituteurs. À la rentrée scolaire de 1955, il obtint son affectation au cours complémentaire de Saint-Hippolyte-du-Fort (Gard) où il exerça pendant dix ans, se spécialisant dans l’enseignement agricole. Dès ce moment, il adhéra également à l’Association nationale du personnel des cours complémentaires, puis mit fin à ce régime de « double appartenance », avant son interdiction par le SNI en 1959, en choisissant l’ANPCC. Les responsables départementaux du SNI lui en voulurent beaucoup et combattirent son action syndicale ultérieure avec constance.

Au mois de décembre 1958, avec une poignée de maîtres de CC, il créa une section départementale structurée du Gard de l’ANPCC qui augmenta difficilement mais régulièrement son nombre d’adhérents dans cet environnement syndical très hostile.
Robert May fut élu délégué départemental du Syndicat national des collèges, issu en avril 1960 de la transformation de l’ANPCC. La section du Gard rédigea alors un avant-projet de règlement intérieur du SNC.
En avril 1960, Alfred Delapierre, secrétaire général du nouveau syndicat lui demanda de présider la commission nationale du SNC de « l’enseignement agricole et ménager ». Il entra alors au conseil national (Parlement du syndicat) comme représentant du département du Gard et y siégea jusqu’en 1970.
Pendant l’année 1962-1963, les militants gardois prirent contact avec les autres sections départementales de l’académie et furent à l’initiative de la création de la section académique de Montpellier du SNC. Robert May en devint le premier secrétaire, responsabilité qu’il occupa jusqu’en septembre 1970. Il resta membre du conseil et du bureau académiques jusqu’au printemps de 1982. En 1964, il créa le premier bulletin de la section de Montpellier, qui fut également le premier bulletin académique du SNC.
Il continua d’exercer des responsabilités nationales malgré l’éloignement de la capitale et les difficultés de transport. En mai 1963, le remplacement comme secrétaire général d’André Delapierre par André Zilber, préparé depuis plusieurs mois, s’accompagna d’un renouvellement important du Bureau national (l’exécutif du syndicat). Robert May y fut élu et y participa jusqu’en 1967, chargé de la responsabilité des commissions syndicales « CES » et « classes de transition et pratique ». Pendant cette période, il bénéficia d’une décharge syndicale d’un tiers de son service.

Bien noté par l’inspection, « très bon professeur d’une conscience exigeante », il fut candidat à la sous-direction de collège d’enseignement secondaire en 1964. Il ne l’obtint pas, probablement en raison de son manque de souplesse et de relations parfois conflictuelles avec son chef d’établissement.

À la rentrée de 1965, Robert May obtint sa mutation pour Nîmes (Gard) où il exerça successivement dans quatre établissements, y enseignant les mathématiques et les sciences naturelles. Le 1er octobre 1965, il fut affecté au CEG du Mont Duplan et le 30 septembre 1968 au CES Bigot. Le 15 septembre 1969, il intégra le corps des PEGC de l’académie de Montpellier, lors de la constitution initiale du corps.
Le 12 septembre 1975, il fut muté dans le premier cycle du lycée Montaury, à Nîmes. En 1976, eut lieu la partition du lycée : les élèves et les professeurs du premier cycle rejoignirent le collège Jean Rostand nouvellement construit, tandis que le second cycle resta dans les locaux du lycée qui prit le nom d’Albert Camus.

Robert May fut élu à la commission administrative paritaire académique des PEGC de Montpellier en décembre 1978 et y siégea jusqu’à l’année de son départ en retraite, en septembre 1981. Aussitôt après, il prit en charge le secteur des retraités de la section académique de Montpellier, et le Congrès national du SNC, réuni à Bordeaux le 22 mai 1982, l’élut membre d’honneur du syndicat.

Robert May fut décrit par deux de ses successeurs à la tête de la section académique de Montpellier, comme un militant remarquablement organisé qui leur avait beaucoup appris et comme un négociateur déterminé et exigeant dont il était difficile d’obtenir des concessions.

Après sa retraite, il s’investit pendant plusieurs années en faveur des plus démunis dans la Société de Saint-Vincent-de-Paul. Passionné de plantes, de botanique, d’homéopathie et de médecine dite "naturelle", il s’impliqua également beaucoup dans le domaine médical, en particulier dans la lutte contre le cancer auprès du docteur Jacques Lacaze et au sein de l’association du docteur André Gernez (l’APAG) qui préconisait une politique publique de prévention active des cancers.

En 1999, il écrivit un recueil de petits contes rassemblant les souvenirs des histoires racontées par son grand-père paternel, Michel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article215603, notice MAY Robert, Michel, Joseph par Marc Geniez, version mise en ligne le 20 mai 2019, dernière modification le 29 mai 2020.

Par Marc Geniez

Robert May
Robert May
En 1948
Avec ses élèves en mars 1949
En 2003
Avec son épouse en 2003

SOURCES : Archives académiques et nationales du SNC/SNCL. — Dossier professionnel consulté au rectorat de Montpellier. — Notes personnelles de Robert May. — Renseignements fournis par Chantal May et Gilbert Velay.

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