DEBRÉ Robert [DEBRÉ Anselme, Robert]

Par Jacques Girault

Né le 7 décembre 1882 à Sedan (Ardennes), mort le 29 avril 1978 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) ; professeur de médecine ; artisan de la réorganisation des hôpitaux français et de l’enseignement de la médecine depuis la Libération.

Robert Debré
Robert Debré

Son père, rabbin de Strasbourg, quitta l’Alsace, allemande en 1871, pour devenir rabbin à Neuilly (Seine, Hauts-de-Seine) à partir de 1898. Robert Debré, licencié en philosophie (1901) à la Sorbonne, s’orienta vers des études de médecine. Interne des hôpitaux (1906), docteur en médecine (1911), chef du laboratoire de l’hôpital Trousseau, puis chef de clinique à l’hôpital Laënnec en 1913, il conduisait des recherches sur les maladies infectieuses. Il se maria en août 1908 à Paris (XVIe arr.) avec Jeanne Debat-Ponsan. Le couple eut trois enfants : Michel Debré (futur premier chef de gouvernement de la Ve République), Olivier Debré, futur peintre et une fille, Claude, future médecin.

Robert Debré fut mobilisé en août 1914 dans l’artillerie comme lieutenant-médecin. Avant sa démobilisation en octobre 1919, il fut détaché à l’armistice pour diriger l’institut d’hygiène de Strasbourg.

Chef de clinique agrégé des hôpitaux en 1920, il s’orienta vers la pédiatrie pour lutter contre la crise démographique française et contribua à développer au sein de l’hôpital les liens entre la pratique clinique et la recherche biologique. Il fut un des plus ardents défenseurs de la vaccination et notamment du BCG pour lutter contre la tuberculose enfantine. Membre en 1921 de la commission des vaccins, en 1924, du Conseil supérieur d’hygiène publique, il obtint la chaire de bactériologie de la Faculté de médecine de Paris en 1933, puis celle de clinique médicale des enfants qu’il conserva jusqu’en 1955.

Parallèlement, Robert Debré, membre du Service d’hygiène de la Société des Nations, effectua dans les années 1930 des missions en Europe et en Amérique du Sud sur la mortalité infantile.

Mobilisé le 2 septembre 1939 au Grand Quartier général comme médecin lieutenant-colonel, il fut détaché au ministère de la Santé publique en juin 1940, démobilisé en juillet, reprit en octobre 1940, son cours de clinique des maladies des enfants. La loi du 3 octobre 1940 lui interdit d’exercer en raison de ses origines juives. Paul Valéry écrivit alors au maréchal Pétain, le 20 novembre 1940 une lettre demandant la non-application de la loi pour son collègue de l’Académie de médecine. Le chef de l’État le releva de cette interdiction par décret du 5 janvier 1941 « en raison des services rendus » pour qu’il continue la reconstruction de l’hôpital des Enfants malades dont il avait établi les plans.

Dirigeant du Conseil national de la Résistance, Robert Debré fut le principal responsable du plan de rénovation du système de santé, des hôpitaux français et tout particulièrement des secteurs destinés aux enfants, de l’enseignement de la médecine dans son lien avec les hôpitaux. Après la création d’un ministère de la Population et de la santé, il présida l’Institut national d’hygiène, il anima le comité d’études sanitaires de la Sécurité sociale, le centre international de l’Enfance (1948), le Fonds des Nations Unies de secours à l’enfance, le Comité interministériel pour la réforme des études médicales (1954) qui préparèrent l’ordonnance du 30 décembre 1958, réunissant les hôpitaux, la recherche et l’enseignement de la médecine dans des centres hospitaliers universitaires. Cette mesure fut prise par le gouvernement dirigé par son fils, Michel Debré, dont il partageait les engagements gaullistes.

Professeur, membre du comité consultatif des universités en médecine à partir de 1950, membre de l’Académie de Médecine et de l’Académie des Sciences (1961), Robert Debré multiplia les entretiens à la radio et à la télévision sur son expérience, notamment dans une émission de France-Inter (Radioscopie, 1975).

Veuf, il s’était remarié en juillet 1956 à Paris (VIIe arr.). Son nom fut donné à un hôpital du XIXe arrondissement de Paris, spécialisé dans les maladies des enfants, inauguré en 1988 et au Centre hospitalier-universitaire de Reims (Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article21704, notice DEBRÉ Robert [DEBRÉ Anselme, Robert] par Jacques Girault, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 6 décembre 2022.

Par Jacques Girault

Robert Debré
Robert Debré
Dans les années 1950

SOURCE : Arch. Nat., F/17 26554.

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