GENY Pierre (alias Gervais)

Par Audrey Galicy

Né le 5 août 1918 à Paris (VIe arr.), mort en action le 7 juillet 1944 à Monein (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) ; militaire ; résistant du Corps franc Pommiès (CFP), Organisation de Résistance de l’Armée (ORA).

Pierre Gény
Pierre Gény
Crédit : "Uriage, une école et une communauté dans la tourmente", Antoine DELESTRE).

Pierre Gény était le fils de Camille Edouard Gény et de Jeanne Frenal. Son père, originaire de Blainville-sur-L’eau (Lorraine) était chef de bureau à la caisse des dépôts et consignations à Paris et fut nommé chevalier de la légion d’honneur en 1923.
Etudiant à la faculté de droit de Paris, il s’engagea en 1938 et obtint le brevet de préparation militaire supérieure. En 1940, il fut nommé au grade d’aspirant dans l’arme de cavalerie (formations motorisées). Lorsque la guerre éclata, il rallia le 13ème régiment de dragons. Grièvement blessé, il fut fait prisonnier. Rapatrié sanitaire d’Allemagne en 1941, il fut traité à l’hôpital complémentaire de Pau. Réformé par la commission de réforme de Pau et démobilisé, il s’installa à Saint Martin d’Uriage, chez Charles Müller, officier de réserve dans la cavalerie.
Pierre Dunoyer de Segonzac, responsable de l’école des cadres d’Uriage (dont l’objectif, au départ, était de former des élites selon les valeurs véhiculées par Vichy), recruta Pierre Gény pour faire partie de l’équipe. Il participa alors à l’édition de « fascicules » jusqu’en août 1942. Peu à peu, l’école s’écarta de la doctrine pétainiste. On retrouvait parmi les intervenants, des hommes plutôt humanistes et antitotalitaires tels que le journaliste, Hubert Beuve-Méry, l’abbé de Naurois, des universitaires, des syndicalistes ou paysans. Pierre Gény côtoya également Xavier de Virieu, membre de l’ORA, créateur de Radio Journal, périodique visant à tenir les maquis, au courant de l’actualité. Ils rédigèrent ensemble le « Manuel à l’usage des corps francs » qui fut distribué dans tous les maquis.
Enfin, il y rencontra, Gabrielle Audibert dite « Gaby », secrétaire à l’école, avec laquelle il se fiança en juillet 1942.
Cette même année, il obtint la médaille militaire : « aspirant au 13 régiment de dragons : jeune aspirant qui s’est imposé par son allant. Le 14 mai 1940, ayant eu son char immobilisé par un obus de plein fouet au cours d’une contre attaque, a rallié après avoir rendu son char inutilisable. Le 19 mai, accompagnant à pied des chars qui pénétraient dans un ouvrage, est entré le premier à l’intérieur du fort malgré une grave blessure ».
En janvier 1943, l’école des cadres d’Uriage fut dissoute. Ses membres, dont Pierre Gény entrent en résistance.
Il quitta Grenoble et rallia le Corps Franc Pommiès en janvier 1944. Il prit le commandement d’une compagnie de la région Pau Nord et de la section de Thèze du Bataillon Carrère. En juin 1944, lui et ses hommes trouvèrent refuge près de Lacommande.
Le 7 juillet, Pierre Gény, alias Gervais, décida de se rendre, près de Lahourcade, au poste de commandement du bataillon, près de Lahourcade, à 30 minutes à bicyclette. Après avoir discuté de ses soucis d’unité avec le chef du bataillon Carrère, il réclama une moto pour ses déplacements. Il quitta Lahourcade, vers 15h, avec son nouveau véhicule, suivi d’un détachement du CFP, monté sur une camionnette. Mais, sur le chemin du retour tomba sur un barrage allemand. Il tenta de le forcer et fut mortellement atteint par le tir ennemi. Quelques instants plus tard, le convoi de maquisards fut attaqué par les allemands. On dénombra 6 morts côté résistants. Le corps de Pierre Gény fut abandonné dans un fossé. Il fut inhumé à Monein.
Il fut promu chevalier de la légion d’honneur à titre posthume en 1946. Il est écrit dans le mémoire de proposition pour cette décoration : « Jeune officier consumé d’amour pour son pays, d’une ardeur inégalable, qu’une grave blessure reçue en 1940 à la tête de son peloton de chars n’avait jamais un seul instant, entamée. Non encore guéri d’une grave et longue maladie, a repris le combat dans la résistance avec l’audace et l’entrain des cavaliers de la meilleure tradition. Chef d’une compagnie dans le maquis de BASSES PYRENEES, a su entraîner et armer ses hommes, leur communiquer sa flamme, se faire aimer d’eux. Depuis le 6 juin 1944, n’a cessé de harceler l’ennemi, payant de sa personne avec la plus héroïque simplicité. A été mortellement frappé à Monein le 7 juillet 1944 ». Il fut homologué dans le grade de capitaine par décret du 27 octobre 1947 et obtint la mention « Mort pour la France » ainsi que la croix de guerre avec palme. Son nom figure sur le mémorial du CFP à Castelnau-Magnoac, sur le monument aux morts de Monein, sur celui de Blainville-sur-l’Eau (Lorraine), ainsi que sur une plaque commémorative située dans le grand hall de la faculté de Droit, place du Panthéon à Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article217421, notice GENY Pierre (alias Gervais) par Audrey Galicy, version mise en ligne le 22 juin 2019, dernière modification le 19 février 2020.

Par Audrey Galicy

Pierre Gény
Pierre Gény
Crédit : "Uriage, une école et une communauté dans la tourmente", Antoine DELESTRE).

SOURCES : SHD-AVCC, Caen, AC 21 P 189881. — SHD Vincennes, GR 16P 251119. — Archives de Paris. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — CERONI, Marcel, Corps Franc Pommiès. Tome 1-2 ; La lutte ouverte, Amicale du Franc Pommiès, 2007. — Archives de l’Association « Les Basses Pyrénées dans la Seconde Guerre Mondiale ».

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