GUÉRIN Micheline [GUÉRIN Anne-Marie, Micheline (épouse TRÉVIEN)]

Par Jean-Yves Guengant

Née le 28 décembre 1919 à Brest (Finistère), morte en avril 2016 à Brest ; militante de la cellule du Parti ouvrier internationaliste (POI) pendant la Seconde guerre mondiale ; militante de la FNDIRP.

Micheline Guérin en 1938

Fille de Marcel Guérin, docker puis ouvrier à l’arsenal de Brest, et de Marie Lescop, sans profession. Micheline (prénom qu’elle employait) passa son enfance dans le quartier populaire de Saint-Martin.
Elle faisait partie des Comités français pour la IVe Internationale (1941) puis de la cellule brestoise du Parti ouvrier internationaliste (POI – 1943). Le 1er août 1942, elle épousa Gérard Trévien, lui-aussi membre du comité brestois, qui en 1941, regroupait une demi-douzaine d’adhérents. Ce qui deviendrait le POI comptait alors sur la région bretonne (essentiellement le Finistère) une vingtaine de membres.
Lors de l’arrestation de son mari, le 7 octobre 1943, son logement fut perquisitionné puis surveillé par la police allemande. Micheline Guérin-Trévien s’était réfugiée chez ses parents dans le quartier de Saint-Martin. À l’arrivée de la police allemande, Marcel, son père, informa les policiers que sa fille était bien là mais malade, ayant eu plus jeune la tuberculose, ce qui eut pour effet de les faire repartir sans insister. André Calvès, de retour de Paris, prit contact avec elle par le truchement de sa sœur, Yolande Guérin, qui travaillait à l’union des coopérateurs, rue Kerfautras. Micheline prévint André Calvès, que Conrad Leplow, soldat allemand proche de la cellule du POI, était le traitre :
« Micheline a dit : « C’est Conrad qui a trahi. Il a participé aux perquisitions. Il y a une souricière chez Darley. C’est là que Gérard a été arrêté. » écrivit André Calvès après la guerre.
En 2004, à l’occasion du 60e anniversaire du débarquement de Normandie, André Fichaut et elle, adressèrent une requête à l’ambassadeur d’Allemagne en France, afin que l ’« engagement exemplaire de lutte contre l’idéologie nazie de ces soldats allemands, soit inclus dans un devoir de mémoire » . Micheline Trévien - Guérin témoigna dans le quotidien Le Télégramme de ce qui s’était passé ce jour du 7 octobre 1943, lorsque son mari tomba dans la souricière mise en place chez André Darley. Il savait qu’une réunion se tenait se matin et il tenta de prévenir les soldats allemands de la cellule brestoise - souvent des militants de gauche avant la guerre.
« Gérard a informé les camarades que des arrestations étaient imminente . Ils étaient une quinzaine de soldats allemands, réunis au même endroit. », Le Télégramme, 31 mai 2004.
Si André Darley fut arrêté avec sa femme, Jeanne Marguerite Le Faou, et cette dernière incarcérée plusieurs mois, Micheline ne fut pas inquiétée par la suite. Elle suivit le périple de son mari, à Rennes d’abord, puis à Compiègne, pour essayer à chaque fois de trouver une occasion de le faire évader.
André Fichaut, dans un long article paru dans la rubrique « Forum » de Ouest-France du 4 mai 2004 avait lancé le débat en insistant sur le silence fait autour de cette forme de résistance.
Micheline Trévien s’engagea après le décès de son mari au sein de la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes (FNDIRP). Elle rappelait toujours l’histoire de son mari, déporté à Dora, lors d’une exposition consacrée à la déportation, à Concarneau en 2007. Elle souligna à cette occasion que de retour en France, « il n’a jamais voulu raconter l’horreur qu’il avait vécue : les privations, la souffrance physique et morale, pensant ne pas être cru ».
Après la guerre, elle résida dans le quartier du Guelmeur, à Brest. Faute de logements dans la ville de Brest, l’ensemble de la famille (parents, frère et couple) vécurent dans la maison familiale. Micheline Trévien n’exerça pas de profession et Gérard Trévien fut électricien.
Elle décéda en avril 2016 à Brest.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article221195, notice GUÉRIN Micheline [GUÉRIN Anne-Marie, Micheline (épouse TRÉVIEN)] par Jean-Yves Guengant, version mise en ligne le 15 décembre 2019, dernière modification le 15 janvier 2020.

Par Jean-Yves Guengant

Micheline Guérin en 1938
Micheline Guérin en 1941

SOURCES : État-civil de Brest, (Archives communautaires , 1 E 260-124, 2 E 188-089), Listes électorales et de recensement. — Témoignages de Joël Trévien (son fils) et André Calvès.

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