BASSO Attilio

Par Julia Valat-Bodin

Né le 7 octobre 1896 à San Giorgio della Richinvelda (Frioul-Vénétie, Italie), mort le 28 juin 1967 à Paris ; ajusteur ; militant communiste ; résistant ; déporté.

Fils d’Angelo et Cilio Domenica, incorporé durant la Première Guerre mondiale dans le 8e régiment des Bersagliers, Attilio Basso avait combattu dans les tranchées de pierre des Dolomites. Blessé, il avait été fait prisonnier le 10 novembre 1917 lors de combats à Pieve d’Alpago.

Entré en France une première fois en 1921 avec un contrat de travail de quelques mois comme forgeron pour la Société des aciéries de Longwy, il travailla ensuite à plusieurs reprises, de 1922 à 1925, comme mécanicien électricien pour la Société anonyme des manufactures chimiques de Corbie (Somme) avant de s’installer à Paris dans le XIe arrondissement. Le 7 mars 1925, il entra comme ajusteur aux établissements Ravisé, rue de la Folie-Méricourt, pour un salaire horaire de 5,5O francs. Il logea quelques mois, de novembre 1930 à janvier 1931, à l’hôtel du Loiret au 72 bis rue d’Angoulême (aujourd’hui rue Jean-Pierre-Timbaud).

En juin 1932, il fut embauché comme ajusteur mécanicien pour 6,50 francs de l’heure à l’usine de construction de matériel frigorifique Névé, 180 boulevard de Charonne. En novembre 1934, domicilié au 78 rue du Faubourg-du-Temple, il travailla six mois à Nogent-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) pour Chouquet-Fromageot, installations frigorifiques, au salaire de 350 francs hebdomadaires, avant de réembaucher à l’usine Névé jusqu’au 30 septembre 1939 où il fut « laissé en liberté pour manque d’ouvrage ». En 1938, il commença à travailler pour le docteur Paul de Champatassin à la Société de mécanothérapie de l’établissement thermal d’Aix-les-Bains (SMETA) dont les ateliers se trouvaient au 56 rue de la Folie-Regnault. En 1940, alors que le matériel avait été évacué en zone libre, le docteur avait laissé les clés des ateliers parisiens à Attilio Basso avec l’autorisation d’utiliser les locaux pour de menus travaux. En mars 1941 Attilio Basso fut embauché aux établissements Autogène, 215 avenue Gambetta (Paris XXe).

Au cours de ces années, il fonda une chorale italienne, la chorale Guiseppe Verdi.
Adhérent à la CGTU puis à la CGT, il était membre du PCF et, en 1931, secrétaire de cellule. Remarqué par les Renseignements généraux comme militant syndicaliste révolutionnaire, Basso fut avisé le 16 août 1933 que « s’il continuait à s’occuper de politique sur notre territoire, une mesure de rigueur serait immédiatement prise contre lui ». Dans les années 1930, sous le pseudonyme de Bruciaferri Argot, il adhéra au Comité prolétarien antifasciste, au Comité national du front uni contre le fascisme et la guerre, au Secours rouge international, ainsi qu’au Secours populaire. Il était membre de l’association franco-italienne des anciens combattants qui, le 6 juin 1936, écrivit à l’ambassadeur d’Allemagne en France pour réclamer la libération d’André Etkar. Durant l’été 1935, Attilio Basso se rendit à Moscou pour assister au 7e Congrès mondial de l’Internationale communiste sans que cela soit remarqué par les services de la préfecture.

En juillet 1941, il fut recruté par le docteur Jean Donato, alias Imbert, comme agent de liaison et de renseignement pour le réseau Turma Vengeance. Il assurait la liaison avec différents groupes de résistants italiens, notamment le groupe d’Antonio Tonussi (Ivo) et Gino Pasotti et il était membre du groupe organisé par Aristide Celsi. Ses différentes missions allaient de la distribution de tracts en italien, français et allemand, la surveillance de l’activité des groupes fascistes italiens agissant sous couvert de la mission catholique italienne du 46 rue de Montreuil, la collecte de renseignements sur les effectifs allemands de la caserne Mortier porte des Lilas, à la récupération d’armes qu’il remettait en état dans l’atelier du 56 rue de la Folie-Regnault qui abritait aussi les réunions des groupes italiens. Paul de Champtassin lui confia, en mai 1942, un revolver d’ordonnance et un révolver calibre 6.35. Une arme qu’il avait cachée dans la fosse de décharge des ordures des établissements Autogène fut retrouvée après la guerre sur ses indications.

Le 5 septembre 1942, Aristide Celsi, dénoncé par un indicateur, fut pris en filature par deux inspecteurs de la 2e brigade spéciale. Repéré lors d’un rendez-vous avec Celsi, Basso fut à tour filé à partir du 9 septembre. Ces filatures conduisirent à l’arrestation de 15 personnes le 30 septembre. Attilio Basso fut arrêté à 8 heures du matin chez lui, 37 rue Bréguet. À son domicile, furent saisis deux brochures, Spartacus et La Vraie liberté, une feuille ronéotypée « Déclaration de Maurice Thorez », un cours élémentaire de l’Université ouvrière. Une perquisition fut également menée aux ateliers de la SMETA où furent découverts un lot de feuilles blanches à ronéo, un outillage divers, une bicyclette démontée et un stock de denrées alimentaires laissant penser que le lieu pouvait servir de refuge. Durant les interrogatoires, au 5e étage de la préfecture de police, Attilio Basso nia farouchement avoir appartenu au Parti communiste.

Incarcérés au dépôt puis remis aux Allemands, les résistants de ce réseau furent détenus à la prison de la Santé puis à Fresnes. Certains furent relâchés le 23 décembre 1942 tandis qu’Attilio Basso, Aristide Celsi, Antonio Tonussi, Gino Pasotti, Marco Brasca et Cleto Meneghinello furent conduits au fort de Romainville le 24 février 1943 puis déportés NN (Nacht und Nebel) dans différents camps. À Romainville, enfermés dans la casemate 22, ils se retrouvèrent pour la première fois depuis leur arrestation et purent conclure à l’identité du délateur.
Attilio Basso partit en déportation le 16 août 1943 depuis la gare de l’Est dans un convoi de 53 hommes. Après dix jours dans le camp de transit de Neue Bremm, il fut transféré à Dachau, matricule 50543, et plus tard affecté au Kommando de travail de Friedrichshafen. Mordu par un chien, il passa cinquante-six jours au Revier d’où il sortit le 24 septembre 1944 avant d’être transféré à Buchenwald le 28 du même mois. Arrivé à Buchenwald le 30 septembre, il y reçut le matricule 91777 avant de partir, le 5 octobre, pour les tunnels de Dora où les déportés travaillaient au montage des fusées V2. En novembre 1944, Dora, camp annexe de Buchenwald, devint le camp autonome de Mittelbau, il fut attribué à Attilio Basso un nouveau matricule, le 02418.

Devant l’avancée de l’armée américaine, le camp fut évacué par les SS durant les premiers jours d’avril 1945. Basso partit le 5 dans le convoi qui arriva le 14 avril à Ravensbrück. Jeté sur les routes lors d’une « marche de la mort » le 26 avril, il fut libéré par les Soviétiques le 2 mai 1945 aux environs de Parchim et Pritzwalk. Son rapatriement s’effectua en avion depuis Celle le premier juin 1945.
Sur les 6 déportés du groupe, seuls Basso, Brasca et Tonussi revinrent des camps. Attilio Basso porta plainte contre le délateur qui fut condamné à vingt ans de travaux forcés et incarcéré à la prison de Toulouse. Libéré en 1953, il décéda en 2002. Ce n’est que le 23 septembre 1945 qu’Attilio Basso, atteint de tuberculose, fut admis au sanatorium de Champrosay-Draveil où il resta jusqu’au 3 février 1946. Il renoua avec les docteurs Donato et de Champtassin avec qui il entretint toujours des liens d’amitié.

En août 1948, il épousa Teresa Lenarduzzi, née comme lui à San Giorgio. Ils eurent un fils, Jean-Frédéric. Il travailla comme chef de fabrication dans les atelier SEFI à Bagnolet de juillet 1948 à septembre 1952. La famille se fixa à Bagnolet où Attilio Basso ouvrit ensuite un atelier de fabrication d’appareils frigorifiques puis se spécialisa dans la fabrication de volets métalliques.

Homologué avec le grade de sergent au titre de la Résistance intérieure française, Attilio Basso s’est vu refuser, en mars 1954, le titre de déporté-interné-de la Résistance. Sa pension d’invalidité lui fut retirée en 1957 au motif qu’il n’était pas Français au moment des faits et qu’il n’était pas établi qu’il ait servi dans l’armée française. En 1966, la qualité de combattant lui fut reconnue au titre des opérations durant la Première Guerre mondiale dans les armées alliées.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article222700, notice BASSO Attilio par Julia Valat-Bodin, version mise en ligne le 8 février 2020, dernière modification le 5 avril 2021.

Par Julia Valat-Bodin

Sources : PPo NUM GB 1 et 1W121. — La Contemporaine : F/DELTA/RES/0844/16/62. — AN 20010319/0004 et F/9/5578. — SHD Vincennes GR 16P37011. — Archives privées Jean-Frédéric Basso. — Dictionnaire biographique des déportés de France passés par le camp de Mittelbau-Dora et ses Kommandos, Paris, Cherche-Midi, 2020. — SIR Bad Arolsen.

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