DESMEULLES Daniel, Louis, Henri

Par Alain Dalançon

Né le 24 octobre 1911 à Lisieux (Orne), mort en déportation le 12 mai 1945 à Bergen-Belsen ; professeur ; résistant, commandant des FFI de la 3e Région.

Fils d’un préparateur en pharmacie et d’une commerçante, Daniel Desmeulles fut élevé avec sa sœur suivant une éducation sévère dans une famille catholique pratiquante à Lisieux. Après son baccalauréat mathématiques élémentaires obtenu en 1929, il prépara une licence d’histoire à la faculté de Caen et suivit des cours de Droit de la faculté de Paris par correspondance, tout en étant maître d’internat au collège de Coutances (Manche) puis au collège d’Argentan (Orne), enfin au lycée de Caen (Calvados). Licencié d’histoire-géographie en 1932, il obtint sa licence de droit en 1933 et son Diplôme d’études supérieures d’histoire. Toujours maître d’internat au lycée de Caen, il prépara l’agrégation d’histoire-géographie à laquelle il fut admissible en 1934. Nommé professeur de collège au lycée Fromentin de La Rochelle (Charente-Inférieure) en 1934-1935, il épousa le 12 août 1935 à Alençon (Orne) Paule Marie, devenue également professeur d’histoire-géographie, avec laquelle il eut quatre enfants. À la rentrée 1935, il fut nommé professeur au lycée d’Evreux (Eure) puis à la rentrée 1937 au lycée d’Alençon (Orne).

Daniel Desmeulles effectua alors son service militaire au 1er Régiment de chasseurs à cheval d’Alençon puis suivit le peloton préparatoire aux EOR (Élève Officier de Réserve) motorisés, au 5e Bataillon de Dragons Portés, avant d’être affecté à Saumur dont il sortit sous-lieutenant le 1er octobre 1938. Il reprit ses cours au lycée d’Alençon, où il se remit à préparer l’agrégation à laquelle il fut reçu 3e en 1939 et commença à préparer une thèse qui était en voie d’achèvement en 1944.

Ardent catholique, Daniel Desmeulles, adhérait alors au Parti social français du colonel de La Rocque. Mobilisé en août 1939, il rejoignit le 3e Régiment d’autos-mitrailleuses et commença à tenir son journal de marche. Il participa aux combats de Dizy-le-Gros (Aisne) dès le 16 mai 1940, en échappant aux Allemands, ce qui lui valut la Croix de guerre avec citations. Puis son régiment se replia vers la Normandie où il réussit une seconde fois à échapper à l’ennemi à Saint-Fraimbault-sur-Pise, le 18 juin. Démobilisé à la fin août 1940 dans le Sud-Ouest, il rentra à Alençon, traumatisé par la défaite qu’il attribuait principalement à l’affaissement moral de la nation.

Après l’entrevue de Montoire entre Hitler et le maréchal Pétain, qui détruisit ses illusions sur le nouveau régime, dont il partageait au départ les valeurs affichées, Daniel Desmeulles prit la résolution de « continuer la guerre ». Fin 1941 ou début 1942, il rencontra Robert Aubin, chef départemental de l’Organisation civile et militaire. Dès lors, (sous le pseudonyme de Gérard) il fut un des principaux organisateurs de la Résistance dans le département de l’Orne. Responsable de l’Armée secrète dans le secteur d’Alençon, chef départemental de l’OCM après l’arrestation d’Aubin en novembre 1943, il fut contraint de s’enfuir le 25 janvier 1944 et d’entrer dans la clandestinité.

Le 13 juin 1944, devenu commandant des FFI de la 3e Région, venant inspecter un maquis de l’AS et des FTP constitué depuis peu à Lignières-la-Doucelle (Mayenne) et qui venait d’attaquer un convoi allemand, Desmeulles fut arrêté par un agent français de la Gestapo, Jardin. Considéré comme une prise de choix, il échappa à l’exécution sommaire dans laquelle périrent sept maquisards faits prisonniers à la suite du combat de la journée, démantelant le maquis de Lignières. Déporté en Allemagne à Buchenwald le 15 août 1944, il tenta de s’évader lors du transfert des déportés survivants, lors de leur transfert au camp de Bergen-Belsen au mois d’avril 1945. Epuisé, il y mourut le 12 mai 1945, environ trois semaines après la libération du camp par les Britanniques, d’une septicémie à la suite d’une mastoïdite opérée et mal soignée.

Daniel Desmeulles reçut la Légion d’honneur, la Croix de guerre et la médaille de la Résistance à titre posthume. Estimé de tous ses collègues, L’Université Syndicaliste rendit hommage à sa « haute élévation morale » et « son indomptable énergie » en mars 1946. Une place porte son nom (Commandant Desmeulles) au centre de la ville d’Alençon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article22500, notice DESMEULLES Daniel, Louis, Henri par Alain Dalançon, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 18 janvier 2018.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Dép. Calvados, 996 W 41 : réquisition contre Eugène Duru, cour de justice de l’Orne. — Arch. Dép. Orne, 41 J 41 : notes sur le maquis de Lignières-la-Doucelle, Jean Vigile. —Thomas Pouty, La répression franco-allemande dans le département de l’Orne, 1940-1944, mémoire de maîtrise sous la direction de Jean Quellien, Université de Caen, 2001, 354 p. - CD de l’AERI, La résistance dans l’Orne, Association Résistance et Mémoire. — L’Université syndicaliste.— Renseignements fournis par son fils, Yves.

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