SCOLARI Antoine, Étienne

Par Jean-Marie Guillon

Né le 16 juin 1908 à Bandol (Var), exécuté le 19 mars 1944 à Sanary (Var) ; barman ; victime civile.

Fils de Jérôme Scolari, maçon, et de Jacqueline Macagnan, journalière, tous deux nés en Italie, Antoine Scolari résidait sur la commune de Sanary à la lisière de Bandol où il travaillait comme barman. C’est tout près de chez lui, au quartier du Grand-Pont (le viaduc de la voie ferrée), qu’il a été exécuté dans des conditions atroces dans la nuit du 18 au 19 mars 1944. Il avait été enlevé par cinq individus, le 18, vers 21 heures, au restaurant du Commerce, 5 rue des Tonneliers, alors qu’il dinait avec l’acteur Henri Poupon. Conduit chez lui, il fut torturé par ses ravisseurs qui finirent par l’achever de 3 balles de 9 m/m., vers minuit trente, d’après un soldat allemand qui était de garde au viaduc. Son assassin était Gilbert Lamblin qui, comme ses compagnons, était membre de la 8e compagnie Brandebourg et appartenait au groupe civil de l’adjudant Richard Feldmann, connu sous le nom de Ricardo de Valera. Feldmann de Valera dirigeait cette nuit-là le groupe des tortionnaires. Bien que participant aussi à des opérations de répression contre la Résistance avec d’autres unités de la compagnie (par exemple à Signes, Var, le 2 janvier 1944 ou à Izon-la-Bruisse* dans la Drôme en février), ce petit détachement était autonome. Il avait séjourné à Bandol de novembre 1943 à janvier 1944. Depuis, il circulait dans la région entre Nice (Alpes-Maritimes), Avignon (Vaucluse) et Pont-Saint-Esprit (Gard). Ses activités restent mal connues, mais il fut mêlé à de nombreux crimes. Faisant du renseignement, il traquait résistants et juifs et se livrait en toute impunité à divers trafics. D’après son frère André, Antoine Scolari était membre d’un réseau de Résistance, ce que rien ne permet de confirmer. C’est au bar de l’hôtel La Chaumière qu’il s’était lié à ses futurs assassins et le règlement de comptes résultait peut-être d’un trafic. Les meurtriers « récupérèrent » chez lui une somme importante (évaluée selon les sources de 70 000 à 196 000 francs), outre la chevalière en or de 44 grammes qu’il portait au doigt. Le même jour ou un peu avant, dans la nuit, ils ont perquisitionné l’hôtel La Chaumière où travaillait le frère d’Antoine Scolari à qui ils dérobèrent 4 800 francs. Le lendemain matin, la même bande arrêta ceux qui s’approchaient du lieu du crime, les trois frères de la victime et des voisins qui furent conduits à la kommandantur locale, interrogés et, pour certains, frappés, avant d’être relâchés. Elle se présenta le même jour, en armes, à la gendarmerie de Saint-Cyr-sur-Mer, commune voisine de Bandol, le 19 mars, sans doute pour inciter les gendarmes à ne pas faire de zèle. Dans le rapport mensuel de l’intendant de police de Marseille, le meurtre de Scolari fut mis sur le compte de « terroristes. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article228876, notice SCOLARI Antoine, Étienne par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 6 juin 2020, dernière modification le 16 août 2020.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, 1269 W 8 et 76 W 136. ⎯ Arch. Dép. Gard, 3 U 7 252 (dossier Paolino) et 451 (dossier Jean Danflou). ⎯ Arch. privées (Service des crimes de guerre). ⎯ presse locale (Le Petit Marseillais 22 mars 1944). ⎯ Olivier Pigoreau, Sanglante randonnée. Les Français de la division Brandebourg et des formations de chasse SS, Paris, Histoire & Collections, 2013. ⎯ État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable