DESCHAMPS Cécile Madeleine [née VAGNER]

Par Daniel Grason

Née le 16 novembre 1899 à Noyon (Oise), morte le 24 septembre 1991 à Lyon (Rhône) ; usineuse ; résistante ; déportée.

Fille d’Henri, quarante-trois ans et de Gabrielle Berthe Victorine née Lambert, trente-trois ans, elle épousa le 7 mai 1943 Lucien Deschamps en mairie d’Asnières (Seine, Hauts-de-Seine). Le couple vivait dans la ville au 27 rue de Senlis. Elle travaillait par intermittence comme usineuse chez son beau-frère 78 rue Jean-Jacques Rousseau à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine).
Le couple hébergea Gaston Michallet dit Charnau. Le 25 novembre à 12 heures 15, trois inspecteurs de la BS2 L…, D… et C… se présentèrent au domicile du couple. Au cours d’un interrogatoire, certainement violent, Michallet avait déclaré qu’il était hébergé par Deschamps.
Lors de l’arrivée des inspecteurs Cécile Deschamps mettait les vêtements appartenant à Michallet dans une valise.
Lors de la perquisition les inspecteurs saisissaient : La « Brochure populaire » du 10 mai 1939, L’Humanité clandestine du 26 octobre 1939, deux cartes d’identité en blanc, une lettre du député communiste Émile Dutilleul adressée à Lucien Deschamps, deux photos, un carnet, trois feuilles annotées. Dans la chambre du couple les policiers découvraient un lot d’enveloppes, un carnet, un tampon…
Emmenée dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police, elle fut interrogée. Les policiers lui demandèrent pourquoi elle hébergeait Michallet. Elle répondit : « J’ai connu Michallet par l’intermédiaire de mon mari, qui a travaillé avec lui chez Hispano-Suiza [à Bois-Colombes], avant les hostilités. »
« Je ne puis préciser à quelle date Michallet est venu habiter chez moi. Je ne puis non plus vous dire pour quel motif, nous avons hébergé Michallet. » Concernant son appartenance politique, elle déclara : « Avant les hostilités, je n’étais pas membre du Parti communiste, ni d’aucune organisation s’y rattachant. »
Incarcérée, puis internée au Fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis), elle était le 16 mars 1944 dans un transport de cinquante-et-une femmes à destination d’Aix-la-Chapelle où elles furent emprisonnées quarante-huit heures. Elle a été transférée dans une autre prison (Essen, Hanovre ou Hambourg). Envoyée à Ravensbrück, elle était comme ses compagnes étiquetée. « NN » Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) ce qui signifiait destinée à disparaître sans laisser de traces. L’expression avait été empruntée par Hitler au livret de l’Or du Rhin de Richard Wagner. Envoyée à Ravensbrück puis Mauthausen en Autriche. Matricule 34115 elle a été libérée par la Croix Rouge le 22 avril 1945.
Le 17 septembre 1945 elle témoigna devant une commission rogatoire. Elle déclara : « J’ai été arrêté en même temps que mon époux […] sous l’inculpation d’hébergement de terroriste, le 25 novembre 1943, par trois inspecteurs de police, qui nous ont immédiatement conduits à la préfecture. »
Sur photographies, elle reconnaissait trois d’entre eux C… et D… et Gaston Barrachin. Il procéda « à mon interrogatoire et menacée au cours de celui-ci. »
« Nous n’avons pas été l’objet de sévices durant les quatre jours de notre détention à la Préfecture. Par contre, je sais que d’autres détenus ont été frappés. […] Nous avons été envoyés à Fresnes, que nous avons quitté le 6 mars 1944 à destination de l’Allemagne, au camp de Mauthausen et de Ravensbrück. Mon époux déporté de Compiègne le 6 avril 1944 n’a jamais plus donné de ses nouvelles. »
« J’ai été libérée le 23 avril 1945, par les Armées américaines. »
« Au cours des perquisitions effectuées à mon domicile des vols ont été commis, entre autres une valise et un sac en cuir à fermeture éclair. Une somme de 5 000 francs a également disparu. »
Elle déposa plainte contre les inspecteurs responsables de son arrestation et de celle de son mari ainsi que pour les vols qui furent commis.
Gaston Barrachin avait dans l’exercice de ses fonctions été un « violent » écrivit Jean-Marc Berlière « Ses interrogatoires se terminent parfois tragiquement. Le groupe qu’il dirigeait fut l’un des plus actifs. Pourchassant inlassablement les « communo-terroristes », les interrogeant avec violence, il a commis de gros dégâts. »
Jugé en octobre 1945, Barrachin est condamné à mort et fusillé, « non sans avoir tenté, aidé de sa fille, de se battre jusqu’au bout sur le terrain politique. »
Gaston Barrachin a été fusillé au fort de Châtillon-sous-Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine).
Cécile Vagner épouse Deschamps a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déportée internée résistante (DIR).
Elle mourut le 24 septembre 1991 à l’âge de 91 ans dans le IVe arrondissement de Lyon (Rhône).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article229838, notice DESCHAMPS Cécile Madeleine [née VAGNER] par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 juillet 2020, dernière modification le 21 janvier 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 15 rapport hebdomadaire des Renseignements généraux, 77 W 5341-292132. – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Les policiers français sous l’Occupation, Éd. Perrin 2001. – État civil numérisé de l’Oise 3E 471/160 acte n° 224, site internet Match ID.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable