BORTEN-KRIVINE Irène

Par Jean-Paul Salles

Née le 9 septembre 1929 à Paris, morte le 31 juillet 2020 à Paris  ; médecin gynécologue, membre du PCF puis de la Quatrième Internationale trotskyste (dans sa section française, du PCI à la Ligue communiste révolutionnaire) de la fin des années 1950 aux années 1980  ; resté attachée à ses convictions internationalistes tout en s’engageant jusqu’à la fin de sa vie dans les combats féministes au cœur de sa profession  ; milite notamment au MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) ainsi qu’au Planning Familial)  ; co-fondatrice et longtemps secrétaire de la Société française de gynécologie-obstétrique psychosomatique (SFGOP).

Médecin gynécologue féministe et internationaliste, Irène Borten-Krivine était née à Paris de Victor et Sophie Bortenstein, juifs polonais nés à Varsovie, tous deux juristes et traducteurs ; Victor Bortenstein avait été membre du parti KD (Constitutionnel Démocrate) puis menchevik en 1917, la famille se trouvant alors à Moscou. Un des frères de Victor, Mieczyslaw Bortenstein, livré par la police française aux Nazis et disparu à Auschwitz, avait combattu en Espagne pendant la guerre civile comme militant trotskyste proche du POUM sous le pseudonyme de Casanova.
Imprégnée par cet environnement familial politiquement engagé vers les idéaux communistes internationalistes, Irène Borten (les parents avaient fait supprimer le « stein » juste après la guerre) a fit ses études de médecine en œuvrant au début des années 1960 à l’émergence de la gynécologie comme spécialité médicale ouverte à tous les enjeux féministes. Membre du PCF, Irène Borten y rencontra Jean-Michel Krivine qu’elle épousa en 1953. Elle adhéra comme lui à la Quatrième Internationale à la fin des années 1950 (sous le pseudonyme de Frédérique). Devenue membre de la Ligue communiste, sa section française (puis de la LCR), elle accueillit dans l’appartement familial où elle exerçait sa profession, au 41 rue de Léningrad (aujourd’hui rue de Saint-Pétersbourg) à Paris 8e arr., un grand nombre de militants fuyant des dictatures du monde entier - du dirigeant péruvien Hugo Blanco à de nombreux exilés latino-américains, comme Jose Joe Baxter (El Gordo) en passant par Petr Uhl et Anna Sabatova de Prague, Théo et Nadia Psaradellis de Grèce. Chez elle aussi se déroulèrent les premières réunions de la Commission Femme de la LC/LCR et de nombreuses réunions politiques, amicales et festives.
Engagée au Planning familial et militante du MLAC, elle lutta pour que les femmes puissent accéder à la contraception et à l’avortement Elle a été co-fondatrice de la Société française de Gynécologie et Obstétrique Psychosomatique (SFGOP), dont elle fut longtemps secrétaire. Dans son livre Médecin de femmes : ce qu’entendent les gynécologues, publié chez Albin Michel en 2004, elle fait le bilan de longues années de pratique et de paroles de femmes : elle y rend compte d’une médecine humaine, où l’écoute des femmes est essentielle, en opposition avec une vision hypertechnique de la médecine.
Au début des années 1970 elle divorça de Jean-Michel Krivine dont elle avait eu deux enfants Anne, médecin, et Frédéric, créateur des séries télévisées P.J. et Un village français.
ŒUVRE : Médecin de femmes : ce qu’entendent les gynécologues, Albin Michel, 2004 ; et co-auteure avec le Dr. Diane Winaver de Ados, amour et sexualité, Albin Michel, 2001.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article231558, notice BORTEN-KRIVINE Irène par Jean-Paul Salles, version mise en ligne le 28 août 2020, dernière modification le 28 août 2020.

Par Jean-Paul Salles

SOURCES  : Biographie de Mieczyslaw Bortenstein par Rodolphe Prager, dans Le Maitron. — Hommages sur le site du NPA et sur le site d’ESSF (Europe solidaire sans frontière) complétés avec l’aide de la famille.

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