DUHAMEL René

Par Michel Dreyfus

Né le 29 mars 1919 à Paris (XIXe arr.), mort le 25 avril 1996 ; employé des PTT, révoqué en 1951, réintégré en 1981 dans les cadres de l’Administration ; détaché auprès de la CGT à compter du 1er janvier 1982 ; militant politique : Jeunesses socialistes, PSOP, enfin Parti socialiste unitaire mais avant tout, syndicaliste ; membre du bureau confédéral de la CGT.

Le père de René Duhamel, ouvrier à La Villette, mourut alors que son fils n’avait que six ans. L’enfant fut élevé par sa mère, concierge et confectionneuse à domicile, et fit des études primaires supérieures qui furent interrompues à l’âge de dix-sept ans, sa mère étant malade.

Le jeune Duhamel travailla quelques mois comme employé de bureau dans une fabrique de chaussures du XXe arr., puis entra le 1er mai 1936 comme auxiliaire saisonnier au Centre de tri PTT de Paris-gare de l’Est. Quelques mois plus tard, en octobre, il fut déplacé, pour avoir animé avec succès un mouvement des auxiliaires saisonniers contre les licenciements, au bureau de Paris VIII où il travailla jusqu’au 28 novembre 1938. Le lendemain, il rejoignit son ancien bureau où, après quatre heures de travail, il s’associa à la grève du 30 novembre. Il fut alors suspendu de fonctions pour huit jours.

À l’automne 1939, il fut appelé sous les drapeaux dans les services de météorologie militaire. Mobilisé à Saint-Cyr puis à Vichy, il rejoignit ensuite l’Algérie : Blida puis Boghari et Constantine. À sa libération du service militaire, il fut affecté au bureau PTT de Paris 24, alors rue du Sentier (IIe arr.). Il passa avec succès plusieurs concours PTT et fut nommé en 1947 inspecteur-rédacteur à la direction régionale des services postaux de Strasbourg. En février 1948, René Duhamel prit position contre la scission syndicale dans les PTT du Bas-Rhin et fut détaché auprès de la Fédération CGT des PTT, suspendu puis révoqué en janvier 1951, avec Georges Frischmann pour avoir signé à Berlin une déclaration d’amitié et de coopération avec les syndicats des Postes de RDA.

Avant la Seconde Guerre mondiale, René Duhamel milita surtout au plan politique : membre en 1935 des Étudiants et des Jeunesses socialistes, il fut en désaccord avec la politique de non-intervention pratiquée à l’égard de l’Espagne et, en 1938, suivit Marceau Pivert* lorsque celui-ci créa le PSOP (Parti socialiste ouvrier et paysan). Il devint alors secrétaire de la 21e section de Paris qui regroupait les travailleurs de nuit : PTT, cheminots, comédiens, chanteurs, etc.

Après la guerre, René Duhamel participa aux activités des Groupes socialistes d’entreprise (GSE) et des Cercles syndicalistes luttes de classe où s’exerçaient des influences à la fois socialistes de gauche, trotskistes et anarcho-syndicalistes. Lorsque Jean Guignebert, Élie Bloncourt* et Jean-Maurice Hermann* quittèrent le PS et créèrent le Parti socialiste unitaire, il les suivit et entra peu après à son comité directeur. Il quitta par la suite ce Parti et se consacra au syndicalisme.

Secrétaire régional pour l’Alsace-Lorraine puis membre de la commission exécutive nationale de la Fédération des PTT, il devint membre du bureau fédéral au conseil national des 6 et 7 février 1948, tout d’abord au titre de la section des cadres puis comme secrétaire général adjoint.

En 1963, au 33e congrès de la CGT, René Duhamel quitta le bureau fédéral des PTT pour entrer au bureau confédéral de la CGT et au secrétariat où il assuma la responsabilité du secteur éducation qu’il quitta en 1969 pour prendre en charge le département international. Il conserva cette fonction jusqu’au congrès de Grenoble en novembre-décembre 1978 ; il quitta alors, à sa demande, le bureau confédéral. Il assumait en 1983 la présidence du groupe CGT au Conseil économique et social ainsi que, notamment, la vice-présidence de l’Institut CGT d’Histoire sociale et la présidence du Centre d’études, de recherches et de coopération internationale (CERCI).

Au plan international, la première activité de René Duhamel remonte au congrès de la FSM de Milan, juin-juillet 1949. Élu président de l’Union internationale des syndicats des PTT et Radios au congrès constitutif de Berlin, octobre 1949, il le demeura jusqu’en 1955, année qui vit l’élargissement de l’UIS à l’ensemble de la Fonction publique. D’avril 1955 à 1967, il en fut alors le président.

À ces divers titres, René Duhamel participa à de multiples délégations, conférences et congrès, non seulement dans la quasi-totalité des pays d’Europe occidentale et d’Europe de l’Est mais aussi d’Amérique latine (Brésil, Argentine, Chili, Équateur, Panama, Cuba), d’Afrique francophone (Algérie, Maroc, Tunisie, Guinée, Sénégal, Mali, Bénin, Côte d’Ivoire, Congo, Niger), d’Afrique anglophone (Ghana, Nigeria, Kenya) et d’Afrique de l’Est (Égypte, Soudan). Selon La Vie ouvrière du 21 février 1962, il fut visé par un attentat de l’OAS.

Enfin, René Duhamel participa aux travaux de l’OIT et notamment, de 1963 à 1978, aux conférences internationales du Travail en tant que membre de la délégation française.

En septembre 1981, René Duhamel fut promu chevalier de la Légion d’honneur. Il fut réintégré en août 1981 dans les PTT en application de la loi d’amnistie en tant que directeur départemental adjoint, puis directeur départemental détaché auprès de la CGT à compter du 1er janvier 1982. Il fut membre du Conseil économique et social de 1975 à 1984 (section du cadre de vie).

René Duhamel avait participé à la création de l’Institut CGT d’histoire sociale et en fut le vice-président.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article23263, notice DUHAMEL René par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 23 décembre 2020.

Par Michel Dreyfus

ŒUVRE : Aux quatre coins du monde, Éd. sociales, 1981. (Préface de Georges Séguy).

SOURCES : Témoignage de l’intéressé. — Cahiers de l’Institut CGT d’histoire sociale, juin 1996. — Notice DBMOF.

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