STÉPHAN Anne Marie [Marie-Anne], née SAOUZANET

Par Gildas Priol

Née le 23 août 1898 à Esquibien (auj. Audierne, Finistère), exécutée ou morte sous la torture le 8 juin 1944 à Brest ; couturière ; résistante du groupe action directe Défense de la France à Brest.

Marie-Anne Saouzanet, surnommée Anna, était la fille de Noël Saouzanet, (33 ans) soudeur-boitier né à Esquibien, domicilié à La Croix Rouge, et de Marie Anne Mens (27 ans) ménagère, née à Beuzec-Cap Sizun. Elle épousa en sa commune le 16 juillet 1923, Alain Stéphan de la commune de Mahalon. Elle travaillait comme couturière à Esquibien.
Sous l’occupation, elle était veuve, et résidait au premier étage du 14 rue Coat-ar-Guéven à Brest.
Elle rejoignit au second semestre 1943 la résistance grâce à Georges Dauriac du groupe Action Directe du mouvement Défense de la France. Marie-Anne apportait un soutien logistique sans faille à la résistance. Elle cachait des armes, munitions, tracts et papiers compromettants du groupe. Elle mit également son logement à disposition pour les réunions, l’hébergement et le ravitaillement des résistants. Elle servit aussi d’intermédiaire pour le recrutement d’Edmond Borczykowski, négociant apatride d’origine polonaise logé dans son immeuble qui revendait du cognac à l’armée allemande et qui fit profiter la résistance des revenus de ce commerce fructueux. Elle apportait son soutien aux jeunes membres du corps-franc et bien que ne participant pas directement aux coups de mains, elle était considérée comme membre à part entière du groupe Action Directe.
Le 22 mars 1944, alors que sa nièce Noélie Jaouen était présente, les agents allemands de l’Aussenkommando du S.D de Brest se présentèrent chez elle. Les deux femmes furent arrêtées et dirigées sur l’école de Bonne-Nouvelle en Kérinou pour interrogatoire. A l’issue de ce dernier, elles furent amenées au poste de police de Saint-Martin pour y être internées.
Les résistants du groupe Action Directe repérèrent que tous les jours, Noélie Jaouen était envoyée à Pontaniou, escortée d’un policier français, pour y récupérer de la soupe pour ses camarades de détention. Le 29 mars 1944, ils réussirent à la faire évader près de l’église Saint-Martin en braquant à mains armées le policier.
Quelques jours plus tard, c’est à Marie-Anne que revint la tâche du ravitaillement. Les résistants voulurent réitérer leur exploit en tentant une nouvelle évasion lors de son trajet. Alors que Yves Hall s’apprêtait à intervenir dans la rue de la Vierge (rue Glasgow de nos jours), avec tout le groupe en couverture, la résistante le repéra et lui fait un signe de la tête pour l’avertir du piège qui l’attendait. En effet, les Allemands avaient monté une souricière et se servaient de Marie-Anne Stéphan comme appât pour capturer les membres du corps-franc.
Yves Hall évoqua la tentative de libération d’Anne-Marie : « Elle est à peine à quinze mètres de moi, elle a le temps de me jeter un regard que j’ai compris. C’est la dernière fois que je la vois, car les allemands ayant compris que leur piège est déjoué, ne la laisseront pas à Saint-Martin, mais nous savons qu’elle a été torturée. Je jure qu’ils vont le payer cher ou ils auront ma peau. »
Les interrogatoires se poursuivirent pour Marie-Anne qui ne livra aucune information. Elle fut alors fortement malmenée puis torturée à la limite du coma. Compte tenu des risques de libération par la résistance, la prisonnière était désormais gardée à l’isolement au commissariat central de Brest, rue Kléber. Des consignes furent données pour qu’elle soit abattue sur le champ si quoi que ce soit se produisait. C’est à partir de ce moment que Marie-Anne disparut définitivement. Nul ne sait exactement ce qu’il advint de la résistante mais une rumeur, non vérifiable, laissa à entendre qu’elle aurait été fusillée dans les douves du Bouguen, le 8 juin 1944.

Reconnue Morte pour la France, pour ses actions dans la résistance, Anne-Marie Stéphan reçut les distinctions suivantes :- Médaille de la Résistance (1987), - Médaille Militaire (1951), - Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de Vermeil (1950), - Citations à l’ordre du corps d’Armée (1947 et 1950).
En sa mémoire, une allée de Brest porte son nom à Saint-Marc depuis 1984.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article236655, notice STÉPHAN Anne Marie [Marie-Anne], née SAOUZANET par Gildas Priol, version mise en ligne le 17 janvier 2021, dernière modification le 17 janvier 2021.

Par Gildas Priol

SOURCES : SHD Vincennes, GR 16P 556974. — Ordre de la Libération, Paris, registre des médaillés de la Résistance française.— Yves Hall, archives personnelles, témoignage tapuscrit évoquant Marie-Anne Stéphan, non publié.— René Pichavant, Clandestins d’Iroise - Tome 4 (1940-1944), éditions Morgane, Douarnenez, 1988.— Isabelle Le Boulanger, Bretonnes et Résistantes, éditions Coop Breizh, 2018, page 319.— État civil d’Esquibien, 3E 67/33 vue 9, déclarée Anne Marie dans le texte de l’acte de naissance, prénoms reportés Marie Anne dans la mention marginale. — https://www.resistance-brest.net/ar....— Notes Annie Pennetier.

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