DURRENS Gilbert

Par Jean-Louis Franceries

Né le 11 août 1926 à Castelsagrat (Tarn-et-Garonne) ; syndicaliste CGT de Tarn-et-Garonne.

Né à Castelsagrat (Tarn-et-Garonne) Gilbert Durrens a grandi à Valence d’Agen. Il quitta l’école à treize ans quand son père choisit de travailler et de vivre sur une modeste exploitation agricole en fermage. Son père adhéra au Parti communiste à la Libération et s’affirma comme un militant paysan dans le canton de Lauzerte. À son tour, Gilbert Durrens devint membre du PCF.
De retour du service militaire qu’il effectua du 18 octobre 1946 au 16 février 1948, Gilbert Durrens se maria et quitta la ferme familiale. Après avoir été ouvrier dans des scieries, il devint en 1952 ouvrier d’entretien à la subdivision de Moissac des Ponts et Chaussées. Il adhéra alors à la CGT. En 1960, il embaucha dans une entreprise de travaux publics. En octobre 1961, il entra comme ouvrier mouleur dans l’usine de Moissac spécialisée dans la fabrique de plaques de caoutchouc pour l’industrie de la chaussure, de joints et de tapis pour l’industrie de l’automobile. L’usine appartenait à la société TARGA, dont le siège social était à Paris, et qui dépendait du groupe SALPA.
Quand Gilbert Durrens entra à la TARGA le 23 octobre 1961, le syndicat CGT venaitd’être liquidé. Un syndicat FO et un syndicat Indépendant, tous deux liés à l a direction de l’entreprise, étaient les seules organisations tolérées. En mai 1968, contre l’avis des syndicats existants, les ouvriers se mirent en grève. Le travail reprit au bout d’une semaine, sans aucune négociation. En s’appuyant sur la loi du 27 décembre 1968 qui reconnaît le droit à des sections syndicales dans l’entreprise et qui protège les délégués syndicaux, une dizaine de travailleurs reconstituèrent le syndicat CGT de la TARGA en octobre 1969. Gilbert Durrens fut désigné comme secrétaire, Léon Pertenaïs secrétaire adjoint et Maurice Sbaîz trésorier. D’emblée, le nouveau syndicat devint majoritaire au niveau des délégués du personnel (76,98 % des voix à l’élection du 26 novembre 1969) comme au niveau du Comité d’Entreprise (4 élus sur 5 en 1970).
Bien qu’en butte à l’hostilité du syndicat FO qui entretenait un climat permanent de division, le syndicat CGT se bat activement pour l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de travail, l’abaissement du temps de travail sans perte de salaire, contre la compression des salaires et le déclassement des qualifications, pour le maintien des productions et donc des emplois sur le site de Moissac.
Tout en restant le secrétaire du syndicat CGT, Gilbert Durrens était aussi délégué du personnel, membre ou secrétaire du Comité d’Entreprise, membre de la Commission administrative de l’UD CGT de Tarn-et-Garonne, membre de la Commission exécutive de la fédération CGT des Industries Chimiques. Il relança aussi l’union locale des syndicats CGT de la région de Moissac.
Son autorité reconnue de leader syndical le place à la tête des grandes grèves et manifestations des ouvrières et des ouvriers de la TARGA comme en décembre 1976 suite aux suppressions d’emplois dues à l’absorption du groupe SALPA par la société WOOD-MILNE-DENNERY, une filiale du groupe HUTCHINSON, lui-même contrôlé par la Compagnie Française de Raffinage-TOTAL. Ou encore lors du plus long conflit de l’histoire de l’usine (127 heures de grève à l’été 1981) pour l’application de la hausse intégrale du SMIC, dont les travailleurs sortent victorieux. En accordant 70 % des voix à la liste CGT lors de l’élection des délégués du personnel en novembre 1981, ils valident la stratégie démocratique du syndicat CGT qui s’est appuyé à chaque étape de la grève sur les décisions des assemblées générales des travailleurs.
Le 27 juillet 1984, Gilbert Durrens prit sa retraite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article236967, notice DURRENS Gilbert par Jean-Louis Franceries, version mise en ligne le 24 janvier 2021, dernière modification le 2 février 2021.

Par Jean-Louis Franceries

SOURCE : l’ouvrage en deux tomes consacré aux syndicats et aux luttes ouvrières de la TARGA paru en 2019 (Jean-Louis Franceries – IDHS CGT82)

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