CALMÉ Henri, Pacifique

Par Alain Prigent

Né le 6 août 1914 à Loudéac (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), décédé le 16 février 1996 à Perros-Guirec (Côtes-d’Armor) ; instituteur ; résistant ; trésorier de la section départementale du SNI des Côtes-du-Nord (1949-1951) ; adhérent de la SFIO puis du PSU.

Henri Calmé était le fils de Pacifique Calmé, adjudant-chef au 71e RI à Saint-Brieuc en 1914, et d’Azéline Le Marchand, ménagère. Après avoir été blessé gravement en 1914, son père fut promu sous-lieutenant en 1916. Affecté ensuite au Maroc, il quitta l’armée en 1919, retrouvant sa famille à Loudéac où il exerça la fonction de géomètre au cadastre jusqu’en 1945. Son oncle Léon Gazio, instituteur syndicaliste et socialiste, un des fondateurs du syndicat des instituteurs avec Mathurin Boscher, fut l’un des témoins lors de sa naissance.
Henri Calmé fut reçu à l’école normale d’instituteurs de Saint-Brieuc (promotion 1931-1934). Il effectua son service militaire d’octobre 1935 à octobre 1937 à Paris, au 46e régiment d’infanterie, qu’il acheva avec le grade de sergent. Instituteur à Laurenan (1934-1935) où il obtint son CAP, puis à Locarn (1937-1945), Plounévez-Moëdec (1945-1955), il termina sa carrière à Pleumeur-Bodou (Ecole de Kérénoc), succédant à Armand Lagain, militant syndical et maire SFIO de la commune.
Henri Calmé fut mobilisé en septembre 1939 à Vincennes comme instructeur au peloton des EOR (École des officiers de réserve), où il fit la connaissance de Philippe Lamour, futur responsable de la CGA (Confédération générale paysanne). Le 13 juin au soir, son unité se replia en train dans les Landes. Henri Calmé démobilisé le 20 août 1940 à Aire-sur-Adour (Landes), retourna en Bretagne où il effectua la rentrée scolaire d’octobre 1940 à son poste à Locarn, dans une école dirigée par Louis Prigent.
Le 25 février 1944, il fut arrêté à Locarn puis relâché le lendemain sur intervention de l’Inspection académique selon le témoignage de sa femme. Résistant dans le maquis de Locarn (Armée Secrète), avec le futur maire de la commune Lostanlen (SFIO), il quitta sa classe pour participer au soutien des parachutistes SAS (opérations Jedburgh) en juin 1944. En août 1944 il participa à la libération de Guingamp puis aux combats pour la libération des secteurs de Paimpol et de Lézardrieux. Chargé de famille, il réintégra son poste à la rentrée d’octobre 1944.
Henri Calmé était un syndicaliste convaincu. Il assuma la responsabilité de délégué cantonal du SNI pour le canton de Plouaret, en bonne entente avec Yves Glaziou, de 1949 à 1953. Lors du renouvellement de la moitié du conseil syndical de la section départementale du SNI en mai 1947, il fut présenté sur la liste de la tendance majoritaire du SNI, intitulée « Indépendance et syndicalisme », emmenée par le responsable d’avant-guerre Raymond Garrivet. Elu, il fit partie du groupe majoritaire qui permit à Sylvestre Guillou d’être élu le 8 octobre 1947 secrétaire général d’une section départementale forte de 1 500 adhérents sur 1 850 instituteurs. En juin 1949, le conseil syndical étant renouvelable par moitié tous les deux ans, la liste intitulée « Indépendance du syndicalisme » ─ dont ne faisait pas partie Henri Calmé ─ fut battue (398 voix contre 446) par la liste « pour un syndicalisme agissant et pour le retour à la CGT ». Les 8 sièges furent attribués à la liste CGT qui devint majoritaire au sein du conseil syndical à la suite du ralliement de trois conseillers sortants. Le 13 octobre 1949, à 24 ans, Jean Geffroy devint secrétaire de la section en 1949 avec pour adjoint Louis Treussart qui venait de rejoindre le courant cégétiste. Cependant des militants minoritaires comme Etienne Chevance et Henri Calmé siégèrent au sein du bureau départemental. Henri Calmé fut élut trésorier de la section avec François Philippe comme adjoint. Il avait également la responsabilité de la caisse de solidarité. En avril 1951 il figurait en 5e position sur la liste « Indépendance du syndicalisme » dirigée par Arthur Bourgès de Pont-Melvez. Le courant unitaire dit CGT obtint 13 sièges (plus deux sièges), les autonomes eurent 8 élus (perdant un siège) et le courant FO obtinrent 3 sièges gagnant deux sièges. Les autonomes (Indépendance du syndicalisme) gardèrent deux postes dans le bureau : Etienne Chevance (Affaires corporatives) et Maurice Tanguy (gestion du fichier).
Henri Calmé siégea au conseil syndical jusqu’en juin 1954, date du renouvellement du conseil syndical. On le retrouve en janvier 1959 sur la liste de l’Ecole Emancipée en 19e position sur 24 postes à pourvoir ; puis en décembre 1960 sur une liste « Indépendance du syndicalisme » regroupant les militants ayant refusé d’intégrer la liste de large union autoiur de Maurice Renault (communiste) et Sylvain Loguillard (socialiste). Henri Calmé est une dernière fois candidat en décembre 1964 sur la liste Ecole Emancipée conduite par Roger Le Roux, en 24e position sur 30.
Militant de la SFIO, Henri Calmé était un proche d’Antoine Mazier qu’il avait eu comme professeur à l’EN de Saint-Brieuc et d’Yves Le Foll, sans toutefois rejoindre la liste FO (Force ouvrière) comme le demandait le parti après la scission de 1948.
Henri Calmé se maria le 25 août 1937 à Paule avec Le Nost Augustine, fille de paysans possédant une ferme de 12 hectares. Son épouse, née en 1913, fut reçue à l’Ecole Normale de Saint-Brieuc (promotion 1931-1934). Comme son époux elle était une syndicaliste convaincue. Elle décéda en 2014 à 101 ans. Le couple eut trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article240013, notice CALMÉ Henri, Pacifique par Alain Prigent, version mise en ligne le 14 avril 2021, dernière modification le 27 avril 2022.

Par Alain Prigent

Sources :
Arch. dép. Côtes d’Armor 68J1 (liste des instituteurs résistants dans les Côtes-du-Nord) ; 1T1442, dossier professionnel versé par l’inspection académique ; 1W19 ; 12W47 (note du préfet sur le SNI, 14 décembre 1949). ─Arch. de la FSU 22 (bulletins des sections départementales du SNI et de la FEN). ─Entretiens avec ses enfants Josiane et Yvon en février 2021.
Photo : Fonds Yvon Calmé, photo prise en février 1949.

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