JRAD Ali

Par Neila Jrad

Né le 9 janvier 1911 à Métouia, près de Gabès, dans le sud tunisien, mort le 27 juillet 1976 à Tunis ; militant syndicaliste et communiste ; secrétaire général du Parti communiste tunisien (PCT) de 1936 jusqu’à 1948.

Né à Métouia le 9 janvier 1911, Ali Jrad y vécut avec sa mère les sept premières années de son enfance avant de venir avec sa mère, en 1917, rejoindre son père qui travaillait à Tunis. Il fit ses études primaires à l’école d’El Arfania, en obtint le diplôme de fin d’études et intégra l’Université Ezzitouna. Anti-colonialiste et "anti-féodal", il participa très vite et très jeune à tous les mouvements étudiants de l’époque (contre la guerre du Rif et de Syrie, l’érection de la statue du cardinal Lavigerie aux portes de la médina) ainsi qu’au renouveau culturel, se lia avec le grand intellectuel Tahar Haddad qui défendit l’émancipation de la classe ouvrière et de la femme, se rallia aux destouriens révolutionnaires des cellules de Halfaouine et Tronja qui avaient le projet de révolutionner la ligne politique de la direction du Destour et qui se solidarisèrent avec la CGTT de Mohamed Ali El Hammi. Arrêté pour la première fois le 7 décembre 1926 , il fut condamné à deux ans de prison pour distribution d’un tract anti-colonialiste. Durant sa détention, il s’initia grâce à un codétenu communiste, au marxisme léninisme. À sa sortie de prison, il intégra le groupe communiste clandestin et participa à la direction du Secours Rouge International. Au début de 1933, il partit à Moscou pour une formation à l’Université des Peuples d’Orient. Sitôt revenu en Tunisie, il participa aux activités communistes et fut arrêté à maintes reprises en particulier en avril 1935 et le 13 septembre de la même année (il rejoignit communistes et destouriens déjà détenus à Borj-le-Bœuf). Tous relâchés avec le Front Populaire, Ali Jrad intégra, dès 1936, le secrétariat du parti qui prit le nom de Parti Communiste Tunisien (PCT).
En mai 1939, il fut élu Secrétaire Général du PCT au Congrès constitutif de l’Ariana. Dès la dissolution du PCT en 1939 suite à la signature du Pacte Germano Soviétique, il fut envoyé en résidence surveillée à Makthar (Février 1940) et s’en évada le 29 mars 1941 pour rejoindre la direction du parti dans la clandestinité. Il fut à nouveau arrêté en novembre 1941 avec d’autres militants puis tous remis en liberté alors que les troupes allemandes étaient aux portes de Tunis pour faire barrage au débarquement allié en Afrique du nord. Dans la clandestinité sous l’occupation allemande, Ali Jrad fut reconfirmé par la direction clandestine du Parti dans ses fonctions de Secrétaire Général et participa activement aux actions anti-nazies du Parti et écrivit à ce sujet en particulier plusieurs articles pour son organe en langue arabe, Ettalia. Après la libération de Tunisie des troupes allemandes par les forces alliées et le retour à la légalité du PCT avec une plus forte implantation au sein des masses populaires et un début d’implantation en milieu paysan, Ali Jrad donna une impulsion en faveur d’une « tunisification » du Parti et à la fin de la guerre, en août 1946, en faveur de la priorisation de la lutte pour l’indépendance. Il fut exclu du PCT en avril 1948, en raison d’un changement de stratégie communiste à laquelle il s’opposait pendant la guerre froide : il était en opposition avec l’orientation de son parti qui mettait en objectif principal la lutte contre l’impérialisme américain, plaçant la lutte contre le colonialisme français en arrière plan. Réhabilité et réintégré en 1957, il refusa toutes responsabilités et reprit quelques activités en tant que militant de base avant de s’éloigner progressivement du PCT, en désaccord avec sa stratégie politique après l’indépendance.
Il décéda le 27 juillet 1976, sans laisser d’autres écrits que quelques notes sur son enfance, son village et les luttes auxquelles il avait participé durant sa jeunesse et qui sont intégralement reproduites dans le livre Ali Jrad, militant communiste, entre Mémoire et Histoire publié en 1999 par sa fille NeilaJrad aux Editions Arabesques (Tunisie).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article241258, notice JRAD Ali par Neila Jrad, version mise en ligne le 26 janvier 2022, dernière modification le 26 janvier 2022.

Par Neila Jrad

Dans un meeting en 1943.

SOURCES  : Neila Jrad, Ali Jrad, communiste tunisien, entre Mémoire et Histoire, 1999, Editions Arabesques (Tunisie). — Mustapha Kraiem, Le Parti Communiste Tunisien pendant la période coloniale, 1997, Institut Supérieur d’Histoire du Mouvement National, Université de Tunis 1. — Hassine Raouf Hamza, Communisme et Nationalisme en Tunisie, 1943-1955, 1994, Publications de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales, Université de Tunis 1. — Paul Sebag, Communistes de Tunisie 1939-1943, 2001, L’Harmattan. — Juliette Bessis, Les Fondateurs, Index Biographique des cadres syndicalistes de la Tunisie coloniale 1920-1956, Édition L’Harmattan, Paris 1985, p. 62,63. — Habib Romdhane, Biographies des militants du mouvement communiste en Tunisie pendant la période coloniale et les premières années de l’indépendance 1921-1963 (en arabe), Édition Med Ali, 2021, p. 95,96,97,98,99,100. — Notes de Mariem Dabbab.

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