Beynat (Corrèze), 29 juillet 1944

La Corrèze était, depuis, 1943, une terre de maquis, AS et FTP, et, de ce fait, sillonnée régulièrement par les forces de répression allemandes et vichystes.

La commune de Beynat et ses alentours avaient déjà été éprouvés le 2 avril 1944 par le passage de la division Brehmer (325e Divison de sécurité de la Wehrmacht), subissant pillage, incendies, et déportations. Le 8 juin 1944, la 2e SS-Panzerdivision Das Reich incendia le village des 4 routes d’Albussac.

Néanmoins, les maquis ne cessaient de se renforcer, et le débarquement du 6 juin 1944 donna - à l’appel de Londres et des Alliés - le signal d’une véritable levée en masse. Les volontaires affluèrent et leur équipement fut renforcé par un parachutage massif d’armes le 14 juillet 1944 à Moustoulat. La pression des maquis mit les Allemands sur la défensive. Fin juillet, l’AS dont le poste de commandement était installé à Chanailler-Mascheix se rapprochait de Brive.

Pour protéger la sous-préfecture de Corrèze, ces derniers disposaient notamment du Sicherungs-Regiment 95 (95e régiment de sécurité), une formation disparate, composée de très jeunes recrues et de vétérans, incorporant des Volksdeutsche d’origine polonaise et des éléments allogènes, ex- prisonniers soviétiques de l’Armée Vlassov. Les trois premiers bataillons de cette unité furent engagés dans la répression des maquis en Limousin-Auvergne entre mars et août 1944. L’état-major se trouvait à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), le 1er bataillon à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), le second à Limoges (Haute-Vienne) et le 3e à Tulle, préfecture de Corrèze. Le 3e bataillon fut responsable du massacre des massacres des 18 gardes des communications à Tulle le 7 juin 1944 et des 47 résistants à Ussel (Corrèze) le 10 juin 1944.

Le 29 juillet 1944, le 7e compagnie de l’AS (bataillon AS de Pique), commandée par le capitaine Champtiaux fit mouvement depuis Moustoulat vers Beynat pour installer un campement au village du Périer, à 2 km de Beynat. Le même jour une compagnie motorisée du 95e régiment de sécurité - 80 hommes équipés de mitrailleuses lourdes et d’une petite artillerie – patrouillait dans le secteur et se dirigea vers Le Périer où elle dressa une embuscade sur la RN 121, dans la commune de Beynat.

Les maquisards, dans deux autocars, arrivèrent vers 16h près du carrefour du Périer. Les hommes (dont la plupart n’avaient pas encore reçu leurs armes) déchargèrent le matériel pour préparer le campement. Une patrouille de 4 hommes fut envoyée en reconnaissance. À 150 m, ils tombèrent dans l’embuscade. René Chancellé fut tué sur le coup. Georges Charageat et Pierre Laumond, blessés et capturés, refusèrent de livrer des renseignements et furent abattus. Le caporal-chef André Denis “fit le mort” et échappa au coup de grâce. Les Allemands se dirigèrent vers les cars dont un fut incendié. La majorité des maquisards se dispersa dans les bois et échappa au massacre. Trois hommes, René Bouvy, Bernard Haller et Jean Klein, camarades de l’école normale d’instituteurs repliés d’Alsace et de Moselle à Solignac (Haute-Vienne), couvrirent leur repli. Bouvy et Haller furent tués dans l’accrochage. Jean Klein parvint à s’échapper.

Le 15 août 1944, la ville de Brive était libérée, et la Corrèze dans son ensemble le 22 août.

Le 27 juillet 1947, un monument de granit, haut de 3 m 40, large de 1 m 20, surmonté d’une Croix de Lorraine, fut inauguré au lieu-dit Le Perrier. Les cinq noms sont accompagnés de l’inscription : « Ici Le 29 Juillet 1944 sont tombés pour sauvegarder notre honneur et notre liberté victimes de la barbarie allemande. Les rescapés du 29 juillet 1944 à leurs camarades tués au combat. » Deux pupitres présentent les biographies des maquisards tombés au Périer de Beynat. Un hommage leur est rendu chaque 29 juillet.

Liste des victimes

BOUVY René, Albert

CHANCELLÉ Moïse, René

CHARAGEAT Georges

HALLER Bernard

LAUMOND Pierre