FRELAUT Dominique

Par Paul Boulland

Né le 2 septembre 1927 à Vannes (Morbihan), mort le 10 juillet 2018 ; ouvrier métallurgiste ; syndicaliste CGT et militant communiste, membre du secrétariat de la fédération PCF de Seine-Ouest (1961-1965), membre du secrétariat de l’USTM de la Seine (1952-1953) ; maire de Colombes (Seine puis Hauts-de-Seine) (1965-2001), conseiller général des Hauts-de-Seine (1967-1973 et 1976-1982), député (1973-1986, 2001-2002).

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

Le père de Dominique Frelaut, Jean Frelaut (1879-1954), ancien combattant de la Première guerre mondiale, était un peintre-graveur et illustrateur renommé, marié en 1912 à Élizabeth Pinasseau, sans profession. Selon son témoignage, Dominique Frelaut fut élevé dans une atmosphère familiale marquée par une foi catholique forte mais « ouverte et tolérante » et par les activités artistiques de son père. Le 19 juin 1940, deux de ses frères, âgés de dix-sept et dix-neuf ans, élèves de l’école de la marine marchande de Paimpol, furent tués en mer alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Angleterre avec leurs camarades sur un bateau heurté par une mine. Cet événement nourrit l’hostilité de son père, et la sienne, à l’égard de l’occupant. Élève de l’enseignement catholique, il poursuivit ses études chez les frères eudistes, au pensionnat Saint-Martin de Rennes (Ille-et-Vilaine) qui préparait les élèves à la prêtrise. Il atteignit le niveau du premier baccalauréat, sans toutefois l’obtenir. Entre 1943 et 1946, il fut membre de la JEC et participa à la direction d’un patronage catholique. Il effectua son service militaire dans l’infanterie coloniale, avec le grade de caporal-chef.

À la Libération, Dominique Frelaut s’intéressa à l’expérience des prêtres ouvriers, dont il avait connaissance par son frère, élève de l’école Estienne et militant de la JOC. Selon son témoignage, il hésitait à s’engager dans cette voie mais souhaitait surtout quitter l’univers familial pour s’immerger dans le monde ouvrier. Il rejoignit alors la région parisienne et se présenta chez Citroën où il fut engagé comme OS et affecté à l’usine de Levallois. Habitant le XVIIIe arrondissement, il fréquentait à cette époque la communauté de la Mission de Paris qui se réunissait au 34 rue Marcadet autour d’Yvonne Viguier* et de René Besnard. Sous l’influence du responsable communiste de l’usine, également secrétaire de l’union locale, il adhéra à la CGT en 1948. Devenu délégué du personnel et militant syndical actif, il fut brièvement secrétaire du syndicat des métaux de Levallois en 1950, avant d’être muté dans les autres usines Citroën de banlieue ouest, à Clichy puis à Saint-Ouen. À l’issue des grèves de février-mars 1950, il fut licencié. À l’initiative de Georges Abbachi, alors secrétaire de l’union locale de Saint-Ouen, il adhéra au PCF. Ne trouvant pas d’emploi, il fut recruté par la fédération CGT des Métaux pour suivre la campagne en faveur de l’Appel de Stockholm dans l’est parisien et pour effectuer, aux côtés d’Alfred Costes, des tournées syndicales en Lorraine, dans le cadre de la lutte contre le plan Schuman. Embauché aux établissements Auffière de Pantin mais rapidement licencié en raison de son militantisme syndical, il resta permanent de la Fédération des métaux jusqu’à son entrée chez Chausson, à l’usine H de Gennevilliers, au cours de l’année 1951. Selon lui, au cours de cette période, il était mis en avant comme un exemple de l’unité entre catholiques et communistes et connut ainsi une promotion rapide dans les responsabilités syndicales, comme responsable du syndicat CGT Chausson et membre du bureau de l’Union des syndicats des métaux de la Seine. Toutefois, sa rencontre avec Annie Blumberg, sténodactylo, militante communiste issue d’une famille juive décimée par la déportation, puis leur mariage en juillet 1951 à Paris (XVIIIe arr.), achevèrent de le couper de son engagement aux côtés des militants catholiques.

Travaillant et militant à Gennevilliers, Dominique Frelaut vint également y habiter à partir de 1952. A l’issue des grèves pour la libération de Jacques Duclos, en juin 1952, il fut menacé de licenciement pour son altercation avec un chef de fabrication. Il démissionna de l’usine Chausson et entra au secrétariat de l’USTM de la Seine comme permanent. Ses responsabilités restaient centrées sur la banlieue ouest, et notamment sur l’industrie automobile. Il fit ainsi partie des cadres accompagnant la grève chez Renault en avril-mai 1953. Son activité militante se concentra sur Gennevilliers où il fut secrétaire permanent du syndicat des métaux en 1954-1955, tout en restant membre du bureau de l’USTM de la Seine. Proche de Lucien Lanternier*, secrétaire de la fédération Seine-Ouest, et de Waldeck L’Huillier*, maire de Gennevilliers, il s’orienta vers les responsabilités politiques. Membre du comité (1953-1954) puis du bureau (1955) de la section PCF de Gennevilliers, il intégra la commission fédérale de contrôle financier de Seine-Ouest en juin 1955. À l’automne suivant, il participa à une école centrale d’un mois où il s’affirma selon les évaluateurs comme « un des meilleurs élèves » grâce à son expérience du travail de masse et à ses qualités intellectuelles. En juin 1956, il devint secrétaire permanent de la section PCF de Gennevilliers, fonction qu’il conserva jusqu’en 1962, et membre du bureau de la fédération Seine-Ouest, chargé notamment du travail en direction des Algériens. Il suivit les cours de l’école centrale de quatre mois du PCF en 1958. Dans un rapport de juillet 1959, Léon Feix*, délégué du comité central, signalait l’intervention de Frelaut parmi les meilleures de la conférence fédérale de Seine-Ouest tenue en juin. En octobre 1960, à la demande de Lucien Lanternier*, il fut nommé au secrétariat de la fédération, en remplacement de René Kerzreho*. Il resta secrétaire fédéral à la propagande jusqu’en 1965.

Dans la perspective des élections municipales de 1965, Dominique Frelaut quitta Gennevilliers pour Colombes. Il était envisagé comme maire en cas de victoire de la liste d’Union de la gauche conduite par Henri Neveu*, importante figure communiste locale depuis l’entre-deux-guerres. La liste fut élue à l’issue d’une triangulaire et Dominique Frelaut devint maire de Colombes, tandis qu’Henri Neveu* était nommé maire honoraire. Dominique Frelaut quitta alors ses responsabilités au secrétariat fédéral pour se consacrer à son mandat de maire. Il resta toutefois, membre du comité fédéral jusqu’en 1979, et du bureau fédéral entre 1971 et 1974, avant de le quitter à sa demande, « pour permettre le renouvellement ».

À partir de 1965, Dominique Frelaut se consacra à ses mandats électifs. Il fut tout d’abord constamment réélu maire de Colombes jusqu’en 2001. À cette date, la municipalité de Colombes basculant à droite, il fut nommé maire honoraire, et resta conseiller municipal jusqu’à son retrait de la vie locale en 2008. Lorsqu’il reconquit la municipalité à la tête d’une liste PS-PCF-Verts-PRG, Philippe Sarre, son adjoint à l’enfance entre 1995 et 2001, souhaita dans son discours inaugural, « rendre un hommage particulier à Dominique Frelaut à qui l’on doit d’avoir bâti une ville bien équipée, riche de sa diversité et respectueuse de ses zones pavillonnaires ». À la création du département des Hauts-de-Seine, Dominique Frelaut fut élu conseiller général du canton de Colombes Nord. Il ne se représenta pas en 1973, cédant sa place à Pierre Sotura*, qui fut élu. Il fut à nouveau élu conseiller général en 1976, dans le canton de Colombes Sud. Enfin, il fut député de la 3ème circonscription des Hauts-de-Seine, élu en 1973 et constamment réélu jusqu’en 1986. Suppléant de Jacques Brunhes, élu député en 1997, il lui succéda en novembre 2001, après sa nomination au poste de secrétaire d’État au Tourisme dans le gouvernement de Lionel Jospin. Dominique Frelaut siégea alors à la commission de l’économie, des finances et du plan.

Parallèlement à ses mandats électifs, Dominique Frelaut s’investit dans l’association des maires de France, suivant notamment l’exemple de Waldeck L’Huillier*. À la fin des années 1960, il fut membre du secrétariat et du bureau de l’association. Il participa également activement à l’ANECR. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur en 1994.

Dominique Frelaut était père de deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24205, notice FRELAUT Dominique par Paul Boulland, version mise en ligne le 10 janvier 2009, dernière modification le 16 octobre 2019.

Par Paul Boulland

[Assemblée nationale, Notices et portraits]

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Marie Barreau, Yvonne Besnard, Jean Desailly, Jean-Marie Marzio et Jean Olhagaray, La mission de Paris : cinq prêtres-ouvriers insoumis témoignent, récits rassemblés par Nathalie Viet-Depaule, Paris, Karthala, 2002. — L’Humanité. — Colombes notre ville, journal municipal, n° 67, avril 2008. — Entretien avec Dominique Frelaut, avril 2003. — Témoignage de Marcel Omet (13 novembre 2001), transmis par Daniel Grason. — État civil de Vannes.

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