LANVIN Jean-Pierre, Georges, Camille

Par Guy Dechesne

Né le 8 mai 1924 à Dijon (Côte-d’Or), mort à Écully (Rhône) le 31 décembre 1997 ; représentant de commerce ; résistant ; non-violent, pacifiste, antimilitariste, humanitaire.

Portait de Jean-Pierre Lanvin par son fils François Lanvin.

Né au sein de la famille du chocolatier Lanvin pour lequel il fut représentant de commerce. Il était le deuxième des cinq enfants de Pierre Lanvin et Germaine Maroniez. Jean-Pierre Lanvin et Malou Blanc, de Givors (Rhône) épousée en mai 1950, eurent quatre enfants.
Il s’engagea en 1944 dans un maquis du Morvan puis comme volontaire dans la 1re armée française (Rhin et Danube). Il participa aux campagnes des Vosges, d’Alsace et d’Allemagne. Il reçut la Croix de guerre. Il la renvoya pendant la guerre d’Algérie pour protester contre le bombardement du village tunisien de Sakiet Sidi Youssef (8 février 1958).
En 1946 et 1947, Il fit des études de droit puis des études coloniales au lycée Louis-le-Grand à Paris.
Sa vie spirituelle et de militant non-violent fut orientée par la rencontre, en 1947, de Lanza del Vasto, fondateur des Communautés de l’Arche inspirées du christianisme et de la philosophie de Gandhi. Le 11 avril 1958, quatre-vingt-deux personnes, dont Jean-Pierre Lanvin et Lanza del Vasto manifestèrent pour la première fois en France contre l’armement atomique en pénétrant dans l’usine nucléaire de Marcoule (Gard) qui produisait du plutonium pour la bombe atomique.
Pendant la guerre d’Algérie, des membres de la communauté de l’Arche créèrent l’Action civique non-violente (ACNV) pour dénoncer la torture, s’opposer aux camps d’assignation en France et soutenir les objecteurs de conscience et les insoumis. Jean-Pierre Lanvin était partie prenante de toutes ces actions. Il fut l’animateur du groupe lyonnais de l’ANCV et des Amis de l’Arche de Lyon et resta fidèle à la communauté toute sa vie. Il hébergea des clandestins, militants pour l’indépendance de l’Algérie. Il fit partie des trente volontaires de l’ACNV qui, se déclarant suspects, demandèrent à partager le sort des Algériens internés sans jugement dans des Centres d’assignation à résidence.
Il témoigna en soutien à deux objecteurs de conscience jugés en juin 1963 et, par solidarité, il renvoya son livret militaire. Dans une démarche collective de soixante anciens militaires coordonnée par l’ACNV, il demanda et obtint le statut d’objecteur de conscience.
Il fut cofondateur en 1967 et un des membres les plus actifs du Groupe lyonnais de soutien aux « renvoyeurs » du livret militaire rebaptisé en 1969 Groupe d’action et de résistance à la militarisation (Garm). Jusqu’en 1984, le Garm s’engagea contre les interventions néocolonialistes de l’armée française, notamment au Tchad, contre le complexe militaire scientifique et industriel et, en particulier, les ventes d’armes, contre le nucléaire civil et militaire, contre l’extension des terrains militaires comme celui du Larzac. Il s’opposa à l’embrigadement du service militaire et défendit les droits des soldats. Il milita pour l’abolition des bagnes et de la justice militaires. Il lutta aux côtés des objecteurs de conscience, des insoumis, des déserteurs et de tous les réfractaires à l’armée en France et à l’étranger. Les manifestations, les grèves de la faim et les procès furent incessants. Le Garm mena des actions audacieuses, spectaculaires souvent illégales mais teintées d’humour et jamais violentes. Les 30 janvier 1971 et 1972, Jean-Pierre Lanvin participa à deux intrusions illégales du Garm dans le poste de commandement de la force de frappe nucléaire du Mont Verdun, près de Lyon. Le 10 janvier 1973, il fut l’un des onze occupants du consulat lyonnais des États-Unis opposés aux bombardements au Viêt-Nam.

Il fut très actif dans le soutien à nombre de causes dont celles des paysans du Larzac et des Kanaks.
De 1989 à 1997, Jean-Pierre Lanvin participa à de nombreux voyages et convois humanitaires, notamment dans des zones de conflit, avec plusieurs associations, les Médecins contre le nucléaire, la Cimade, l’Assemblée européenne des citoyens, Agir ensemble pour les droits de l’Homme, le Mouvement pour une alternative non-violente, l’Association médicale franco-palestinienne et Équilibre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article244384, notice LANVIN Jean-Pierre, Georges, Camille par Guy Dechesne, version mise en ligne le 19 décembre 2021, dernière modification le 19 décembre 2021.

Par Guy Dechesne

Portait de Jean-Pierre Lanvin par son fils François Lanvin.

ŒUVRE : À Dieu vat, autobiographie préfacée par Bernard Clavel, Lyon, CDRPC, 1999.

SOURCES : Fonds Jean-Pierre Lanvin, Observatoire des armements Lyon. — Maurice Balmet, Patrice Bouveret, Guy Dechesne, Jean-Michel Lacroûte, François Ménétrier, Mimmo Pucciarelli, Résister à la militarisation : Le Groupe d’action et de résistance à la militarisation, Lyon 1967-1984, Lyon, Atelier de création libertaire, 2019. — Joseph Pyronnet, Résistances non-violentes, L’Harmattan, 2006. —Mireille Debard, , Genouilleux, La Passe du vent, 2020 .— Christian Delorme, L’Histoire de la non-violence à Lyon, Mémoire active, 2020. — Tramor Quémeneur, « L’ACNV (Action civique non-violente) et la lutte contre les camps », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 92 « Vadenay, Saint-Maurice l’Ardoise, Thol, le Larzac ; L’internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne »,‎ 2008. — Erica Fraters (préf. Jean-Jacques de Felice, postface de Djaouida Séhili), Les réfractaires à la guerre d’Algérie 1959-1962, Éditions Syllepse, 2005 — Jean-Pierre Lanvin, infatigable activiste lyonnais, https://rebellyon.info/Jean-Pierre-Lanvin-infatigable-activiste-2965. — Note et cliches de François Lanvin, son fils.

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