ESCANDE Louis, Luc, Marie

Par Jean-François Poujeade

Né le 25 novembre 1913 à Massat (Ariège), mort le 8 mars 1998 à Mâcon (Saône-et-Loire) ; ingénieur TPE ; militant socialiste de l’Ariège puis de Saône-et-Loire, secrétaire de la fédération socialiste de Saône-et-Loire ; adjoint au maire (1944-1953) puis maire (1953-1977) de Mâcon, député (1945-1946 et 1962-1967).

Né dans un petit village de l’arrondissement de Saint-Girons (Ariège), Louis Escande était le fils d’un ingénieur du service vicinal très attaché au radicalisme. Élève de l’école primaire supérieure de Mirepoix (Ariège) puis interne au collège d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), il fut reçu au concours de l’École des Ponts et Chaussées de Paris, et y obtint le titre d’ingénieur des travaux publics de l’État (1935). Il avait adhéré aux Jeunesses socialistes de Mirepoix en 1932 et assuré le secrétariat du groupe en 1933. L’année 1935 marqua on entrée à la section adulte.

Appelé au 5e régiment du génie de Versailles (1935-1936), Louis Escande arriva à Mâcon en septembre 1936. Adhérent à la SFIO dès 1930, il occupa très vite diverses fonctions militantes dans la préfecture de Saône-et-Loire : secrétaire des Jeunesses Socialistes et du foyer laïque mâconnais, délégué régional à la propagande. Il tint la rubrique « Le Coin des Jeunes » dans la Dépêche socialiste, journal de la fédération socialiste de Saône-et-Loire.

Mobilisé et affecté à une compagnie topographique en 1939, Louis Escande échappa à la capture en juin 1940. À la fin de l’année 1941, il créa à Mâcon avec Pierre Delacroix* et Pierre Denave* le comité directeur du mouvement Libération de la zone sud de la Saône-et-Loire.
Membre du CDL à la Libération, Louis Escande participa à la rénovation de la fédération SFIO au poste de secrétaire fédéral provisoire à partir d’octobre 1944. Lors du congrès départemental du 5 décembre 1944 à Chalon-sur-Saône, il demanda et obtint l’épuration des éléments paul-fauristes, très présents en Saône-et-Loire derrière Georges Nouelle* et Julien Satonnet*. Secrétaire de la section mâconnaise et secrétaire fédéral, Louis Escande occupait alors une position très forte dans la fédération. Il fonda et dirigea un très éphémère journal socialiste Chalon Matin, censé contrer les paul-fauristes, restés au pouvoir à Chalon-sur-Saône et animateurs du Parti socialiste démocratique.

Membre de l’Assemblée consultative, Louis Escande fut nommé en 1944 deuxième adjoint au maire de Mâcon. Les rapports des renseignements généraux le décrivaient alors comme un militant infatigable mais « terne orateur et d’un abord froid » (ce dernier trait étant infirmé par les différents témoignages). À la mairie de Mâcon, il fut confirmé à son poste d’adjoint au maire lors des élections de 1945 (où il figurait sur une liste d’union républicaine et antifasciste avec le PC, les radicaux et le MRP menée par Pierre Denave*) et de 1947.

Louis Escande était alors membre du secrétariat fédéral, responsable pour les élus, membre des commissions propagande pour le Mâconnais, laïcité, et techniciens et cadres. Il devint premier adjoint du radical Charles Gardenet successeur de Pierre Denave mort en 1950, poste confirmé à la suite des élections partielles du 25 février 1951 provoquées par la démission de plusieurs conseillers municipaux depuis 1949. Louis Escande fit office de maire devant l’effacement, pour raisons de santé, fin 1951, de Charles Gardenet. Il fut reconduit à la suite des élections d’avril 1953. À ces élections, bien que la liste SFIO soit arrivée derrière celle de la droite, Louis Escande profita des voix des conseillers municipaux communistes et de la défection de deux conseillers de droite pour se faire élire maire. Du fait de cet équilibre des forces, ses adjoints appartenaient à l’ensemble de l’échiquier politique.

Bon gestionnaire, Louis Escande entreprit lors de ses mandats successifs une modernisation et un équipement important dans tous les domaines de la ville-préfecture. Au niveau cantonal, il se présenta sans succès à Mâcon Nord lors des cantonales de 1951. Il fut par contre élu dans ce même canton en 1958 ayant reçu le soutien des radicaux-socialistes contre Louis Simonet*, le conseiller général sortant communiste. Louis Escande fut réélu en 1964 et 1970. Sa position à Mâcon et dans la fédération l’amena à participer à toutes les batailles législatives sauf celle de 1956. Cette année-là, il avait été en effet écarté de la candidature par sa fédération qui jugeait trop peu laïque la gestion de sa commune (il semble qu’il ait gardé la confiance de la section mâconnaise).

En octobre 1945, lors des élections à la première Assemblée constituante, Louis Escande fut élu en seconde position sur la liste SFIO (derrière Pierre-Fernand Mazuez*, maire de Montceau-les-Mines) mais fut battu aux élections de juin 1946, novembre 1946 et juin 1951 alors qu’il occupait la même position derrière Mazuez. Il échoua à nouveau dans la première circonscription de Mâcon aux élections législatives de novembre 1958. Louis Escande revint au Palais Bourbon en 1962, bénéficiant de l’alliance dès le premier tour avec les radicaux-socialistes (son suppléant P. Dailly était un membre influent du parti), et du soutien du PCF au deuxième tour. Il fut réélu en 1967 sous l’étiquette FGDS (dont il était le vice-président en Saône-et-Loire) mais n’échappa pas à la vague conservatrice de 1968.

À cette époque, Louis Escande, franc-maçon (initié à la loge du Grand Orient « Paix et Lumière » à Lyon), était une personnalité politique de premier plan dans son département. Député de la France au Conseil de l’Europe, à l’UEO et à la conférence européenne des pouvoirs locaux et régionaux de l’Europe de 1962 à 1977, il fut membre du comité directeur de l’Association des maires de France et président de cette association pour la Saône-et-Loire. Louis Escande était également vice-président du bureau international des maires pour le rapprochement franco-allemand, président de la Commission européenne de la jeunesse, membre du comité directeur du Conseil des Communes d’Europe, vice-président et membre fondateur de l’Amicale Bourgogne-Rhénanie-Palatinat et initiateur de jumelages dont celui de sa ville et de Neustadt, ce qui montre son solide attachement au rapprochement franco-allemand et à la construction européenne.
Après l’épisode de 1956, les relations de Louis Escande avec son parti devinrent de plus en plus conflictuelles. En 1959, sa candidature aux élections sénatoriales ne fut pas retenue et il reçut De Gaulle à Mâcon contre l’avis de la fédération socialiste. Celle-ci vota en effet une motion défendue par Mazuez qui refusait de recevoir le président de la République à Montceau-les-Mines (Mazuez quitta en cette année 1959 la SFIO pour rejoindre le PSA). Louis Escande proposa alors sa démission à la fédération mais soutenu par la section locale et d’autres personnalités socialistes du département, il resta à la SFIO même si des témoins de la vie politique mâconnaise des années 1960 pensent qu’il était également, à l’insu de son parti, membre du parti radical. D’après les renseignements généraux, c’était la quatrième fois qu’il proposait sa démission de la SFIO.

En 1969, choqué par les événements de l’année précédente, Louis Escande démissionna définitivement du PS et fonda le Mouvement démocrate socialiste. En vue des élections de 1971, après des hésitations et sous l’influence du préfet Taulelle, il contacta des hommes proches du député et ministre Philippe Malaud qui s’était bien implanté en Saône-et-Loire, pour éviter sans doute que celui-ci se présente contre lui mais aussi par refus d’un rapprochement avec le Parti communiste. Sa liste composée de socialistes exclus et d’hommes de droite l’emporta face à une liste PS/PCF menée par le socialiste Victor Capelle.

Louis Escande, battu aux cantonales de 1976 par un jeune avocat mâconnais, membre du Parti socialiste, Michel-Antoine Rognard, perdit aussi son fauteuil de maire en 1977 face à la liste conduite par le nouveau conseiller général de Mâcon-Nord. Apparaissant maintenant comme un homme de la majorité, la carrière politique publique de Louis Escande s’achevait. Il fit partie pourtant à la fin des années 1980 du Mouvement des Radicaux de gauche, appela à voter pour la liste Rognard aux élections municipales de 1989 et adhéra à nouveau au Parti socialiste à la fin de sa vie, période pendant laquelle il fut délégué général de l’Association pour la Route Centre Europe Atlantique et vice-président du groupe des anciens députés. Louis Escande était commandeur des palmes académiques, officier de la Légion d’honneur et du Mérite agricole, chevalier du Mérite civil et du mérite Social. Il était marié et père de trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24454, notice ESCANDE Louis, Luc, Marie par Jean-François Poujeade, version mise en ligne le 6 février 2009, dernière modification le 3 juillet 2009.

Par Jean-François Poujeade

SOURCES : Arch. OURS, dossier biographique et Bulletin intérieur n° 18. — Arch. Dép. Saône-et-Loire. — Louis Escande, « Images de ma vie. Ombres et lumières d’un engagement. Une esquisse de mes mémoires », non édité. — Comité permanent d’études mâconnaises, Mâcon et ses maires, 1962-1992. Trois siècles de vie mâconnaise, 1992. — Site internet de l’Assemblée nationale. — Renseignements de Jean-Louis Boucaud, Roger Marchandeau, Pascal Rigaud et Michel-Antoine Rognard. — Notice <DBMOF par J. Maitron et Cl. Pennetier.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable