TOURE Alhousseïny Thiégoum

Alhousseïny Thiégoum Touré, Juin 1966, Discours lors de son élection comme maire de Gao (Photo : Archives personnelles du fils d’Alhousseïny Thiégoum Touré, reproduite avec son aimable autorisation)

Alhousseïny Thiégoum Touré, dit « vieux », est né en 1919 dans le village de Bagoundié, à quelques kilomètres de la ville de Gao, dans une famille de cultivateurs issus de la noblesse arma. Son père est tué par un lion alors qu’il est encore enfant. Il est envoyé à l’école par les autorités coloniales, probablement à Gao. Il poursuit sa scolarité à l’école professionnelle de Dakar, où il se spécialise dans le domaine des Postes et télécommunications. Après avoir servi comme agent à Ségou pendant plusieurs années, il retourne à Gao, où il est nommé Directeur des postes et communications. Il est muté à Bamako en 1949, probablement pour une courte durée, avant de retourner à Gao.

Alhousseïny Thiégoum Touré est militant de l’Union soudanaise – Rassemblement démocratique africain (US-RDA) depuis sa création en 1946, et devient membre du Bureau politique du parti en 1955. Il occupe également des responsabilités officielles en tant que Grand conseiller de l’AOF à partir de 1957, présidant la Commission Finances du Grand conseil de l’AOF, puis de secrétaire de l’Assemblée fédérale Sénégal-Mali.

Alhousseïny Thiégoum Touré est Commissaire politique de l’US-RDA entre 1960 et 1966. Mais son rôle politique semble surtout notable dans la circonscription de Gao. Élu conseiller territorial de Gao en 1957, il est ensuite élu député à l’indépendance et le demeure tout au long du régime socialiste. Il contribue à l’implantation de l’US-RDA dans la ville en y fondant la section du parti, qu’il dirige ensuite entre 1958 et 1966, avant de prendre la tête du Comité local de défense de la révolution jusqu’en 1968. En 1966, il succède à son cousin Moulaye Hangadoumbo Touré à la mairie de Gao. Militant pour la scolarisation des enfants maliens, il est à l’origine de l’ouverture d’une école dans son village natal, Bagoundié, sur un terrain attenant à sa maison.
Selon le journaliste Pierre Campmas, sans être au sommet de la hiérarchie politique, Alhousseïny Thiégoum Touré est « de responsabilité moyenne, quoiqu’importante » même si « peu conn[u] à l’extérieur du Mali ». Il incarne une position plutôt modérée au sein de l’US-RDA ; pourtant, il n’est pas évincé après le tournant autoritaire du régime en 1966, ce qui est certainement lié à son importance de cadre de l’US-RDA à Gao.

Après le coup d’État de novembre 1968, Alhousseïny Thiégoum Touré est emprisonné pendant trois mois par les militaires à Gao : libéré, il redevient simple contrôleur des Postes à la Direction générale des Postes à Bamako. Selon un autre témoignage, il aurait plutôt terminé sa carrière comme chef comptable. Il prend sa retraite en 1974, et rentre à Gao où il s’investit dans l’Association des personnes handicapées de Gao dont il est le président de 1982 à 1987. Il est aussi secrétaire général de l’Association malienne pour l’unité et le progrès de l’Islam (AMUPI) à Gao dans les années 1980, et président de l’Association des parents d’élèves du cercle de Gao jusqu’à sa mort le 21 mai 1987 à l’âge de 68 ans.