GARNIER Léon, Casimir, Léopold.

Par Jacques Girault, Gérard Leidet

Né le 27 septembre 1914 à Nans-les-Pins ( Var), mort le 30 octobre 1998 à Mulhouse (Haut-Rhin) ; instituteur puis professeur à la faculté de sciences ; militant syndicaliste, secrétaire général du SNI des Bouches-du-Rhône ( 1946-1948) ; militant communiste.

Fils d’un charretier, Léon Garnier, instituteur dans un cours complémentaire à Saint-Louis dans la banlieue Nord de Marseille, membre de la commission exécutive de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, était le secrétaire général adjoint chargé de l’Education sociale à la Libération, puis secrétaire général à partir de 1946. Dans l’équipe qui composait la section départementale, la plupart des militants s’étaient préparés à la lutte sur le front politique, notamment dans les rangs de la Résistance (Marcel Astruc, Alfred Bizot, Georges Cheylan) et n’avaient que peu d’expérience des problèmes et des méthodes de l’action syndicale ; selon Garnier « leur apprentissage fut laborieux ».

Le congrès départemental du 12 juillet 1945, présidé par Ernest Denoize, ex-prisonnier de guerre, clôtura une année 1944-1945 au cours de laquelle fut débattue au-delà de la reconstruction de la section départementale du SNI la question de la création d’un syndicat unique de l’enseignement. Georges Cheylan, alors secrétaire général du SNI, fut chargé de jeter les bases de la future section départementale de la Fédération de l’Education nationale dont Garnier fut un des responsables.

Lors du congrès départemental du SNI, le 11 juillet 1946, à Marseille à la nouvelle Bourse du Travail (salle Jean Jaurès) réunissant cent cinquante délégués représentant vingt sous-sections rurales et la sous-section de Marseille, furent au centre des débats, les questions du reclassement de la fonction enseignante et de la laïcité. Le rapport moral présenté par Garnier fut voté à une forte majorité alors que le rapport national fut repoussé, préfigurant les dissensions internes entre « cégétistes » et « autonomes ». Il concluait en faveur de l’unité d’action autour de la CGT et lançait une adresse aux instituteurs leur demandant de participer davantage aux œuvres post-scolaires de promotion sportive, civique et culturelle en particulier en direction des jeunes de 17 à 20 ans. Jean-Auguste Sénèze*, secrétaire général du SNI, dans l’allocution de clôture, exposa les grandes lignes du projet de réorganisation et d’unification de l’enseignement élaboré par la commission Langevin-Wallon dont il était le rapporteur sur la question des écoles rurales.

A la fin de 1947, pour la première fois, l’élection du bureau national du SNI se fit à la proportionnelle. Garnier figura parmi les 20 candidats de la liste "pour un syndicalisme indépendant démocratique et efficace", dite liste B, conduite par Paul Delanoue. Le 28 décembre 1947, lors la réunion du conseil national, il obtint 294 voix. Il fut confirmé comme membre de la commission des conflits. Il fut reconduit en décembre 1949. Lors du congrès national, le 22 mars 1948, il intervint sur la question de l’affiliation. Pour lui, quitter la CGT était une erreur car il fallait conserver des contacts avec la classe ouvrière notamment pour assurer le succès de la création de comités de défense laïque qu’il proposait.

Dans les Bouches-du-Rhône, Garnier fut, dans le secrétariat de la section du SNI, en 1951, le responsable des constructions scolaires. Il participait à la commission administrative de la section départementale de la FEN. Il fut élu membre de la Commission administrative paritaire départementale de 1949 à 1952. En 1966, il témoigna dans la brochure de la section départementale du SNI, 20 ans d’expérience syndicale. La période de l’immédiat après-guerre fut, selon lui, un « temps de démocratie conquérante » qui amena des déceptions. Il regrettait la disproportion entre les efforts des militants et les résultats obtenus : « pour une action efficace, combien d’actes apparemment inutiles. » Il affirmait son souci constant d’éviter le cumul des responsabilités et la politisation.

Revenant en septembre 1965 sur son expérience syndicale, Garnier exprimait des regrets concernant le débat syndical corseté parfois par le jeu étroit des tendances et de n’avoir pas su – ou pas pu - collaborer d’une manière plus directe avec certains camarades dont les tendances s’éloignaient des siennes. Leur « valeur professionnelle et le dévouement syndical – écrivait-il évoquant notamment Pascal Léna*- donnaient à leur vie une belle unité ». Il pensait par exemple que la capacité de cohabiter au sein du conseil d’administration de la Mutuelle générale de l’Education nationale et d’y collaborer efficacement dans l’intérêt de tous aurait pu être transférée dans le cadre syndical.

Parallèlement, membre du Parti communiste français, Garnier figurait dans le comité de soutien aux candidats communistes lors des élections législatives du 2 juin 1946 puis du comité central de soutien à Jean Labro (VIIe canton) lors des élections cantonales d’octobre 1951. Il participa au comité de défense des Rosenberg créé à la fin de décembre 1952.

Garnier poursuivit ensuite ses études à la Faculté des Sciences de Marseille, entra dans l’enseignement supérieur où il continua à militer dans les rangs du SNESUP.

Garnier épousa en mai 1945 à Marseille Jeanne Suffren. Ils résidaient Avenue de Saint Louis à Marseille. Elle mourut avant le décès de son mari.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article24947, notice GARNIER Léon, Casimir, Léopold. par Jacques Girault, Gérard Leidet, version mise en ligne le 12 mars 2009, dernière modification le 9 décembre 2012.

Par Jacques Girault, Gérard Leidet

ŒUVRE : Participation à des manuels scolaires : Pierre Pichard, Albert Payan, Robert Mercier, Léon Garnier, Sciences naturelles, classe de sixième des lycées et collèges et des cours complémentaires, Paris, A. Colin, 1959. — Robert Mercier, Léon Garnier, Pierre Pichard, Sciences Naturelles, 3e classique et moderne, Paris, A. Colin, 1963.

SOURCES : La Marseillaise, 4 octobre 1951, 25 décembre 1952. - Presse syndicale nationale et départementale (Bulletin du syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône). - 20 ans d’expérience syndicale, brochure réalisée par la section départementale du SNI des Bouches-du-Rhône, avril 1966. - Renseignements fournis par Jean-Claude Lahaxe.

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