CASTAN Léon, Antoine, Jean-Baptiste

Par André Balent

Né le 26 mars 1890 à Blomac (Aude), massacré le 23 août 1944 à Blomac ; propriétaire agricole (viticulteur) à Blomac et à Douzens (Aude) ; victime civile

Léon Castan était le fils de Jean-Baptiste Castan, propriétaire agricole, et de Léonie, Élise Granier nés respectivement en 1864 à Douzens (Aude) et en 1867 à Blomac (Aude). Les communes des parents, sont situées sur les rives gauche (Blomac) et droite (Douzens) de l’Aude, à l’est de Carcassonne. La première fait partie du Minervois ; la seconde a une grande partie de son territoire dans les Corbières. Propriétaires agricoles, les parents de Léon Castan qui exerça aussi la même activité, étaient déjà, sans doute, des viticulteurs comme la majorité des agriculteurs du Bas Languedoc qui s’était tournés au 19e siècle vers la quasi-monoculture de la vigne. C’était le cas de Léon Castan, car il apparaît parfois comme étant propriétaire viticulteur. En 1891 le couple était recensé à Blomac. En 1906, il l’était à Douzens. À cette date, Léon Castan était fils unique. Aussi bien en 1891 qu’en 1906, le père de Léonie, Léon Granier, rentier, né en 1828, vivait avec sa fille et son beau-fils. Léon Castan se maria avec Juliette, Joséphine Fraîche. En 1910, Léon Castan était toujours domicilié à Douzens et sa profession déclarée était celle de « propriétaire ».

Léon Castan effectua son service militaire au 40e régiment d’Infanterie de Nîmes (Gard), encaserné dans cette ville, mais aussi dans deux autres villes du département, Alais (aujourd’hui Alès) et Uzès. Sous les drapeaux le 7 octobre 1911, il réintégra la vie civile le 8 novembre 1913 et fut affecté à la réserve active de l’Armée.

Il fut mobilisé lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il était « aux armées » le 7 août 1914. Le 40e RI fut aussitôt engagé en Lorraine. Le 10 août, il attaqua, à la baïonnette, le village de Lagarde (Moselle). Mais le 11, il fit face à une violente contre-attaque qui le décima. Ce jour-là, le bataillon d’Alais (Alès) fut presque entièrement décimé. Le 20 août, le 40 RI ne comprenait plus que 900 hommes valides. Léon Castan, pour sa part, fut très grièvement blessé lors du combat du 11 août. On dut l’amputer de l’avant-bras droit. Sa fiche du registre matricule indique, de façon laconique, qu’il fut fait prisonnier à Lockfeld (?). On ignore quand il fut libéré. La médaille militaire lui fut attribuée le 9 octobre 1915 avec prise de rang le 20 septembre pour sa participation aux combats d’août 1914 : « Excellent soldat, d’une bravoure et d’un courage à toute épreuve a été grièvement blessé le 11 août 1914. Blessure ayant entraîné l’amputation de l’avant-bras droit ». Réformé définitif par la commission de Nîmes, il obtint une pension partielle dès 1915. Mais ce ne fut que le 10 juin 1937 qu’il obtint une pension d’invalidité définitive à 100 %. Il accéda à l’ordre de la Légion d’honneur (décret du président de la République du 23 mai 1938, avec prise de rang le 10 juin 1937) en sa qualité de soldat du 40e RI, mutilé invalide, en même temps que d’autres anciens combattants relevant d’un cas similaire.

Léon Castan menait une vie paisible lorsqu’il fut, avec son ami Maurice Colomb, victime d’une des colonnes allemandes, qui, après le 17 août 1944 (ordre du général allemand Johannes Blaskowitz, commandant du groupe d’armées G, d’abandonner, après le débarquement allié en Provence, le 15 août, leurs positions dans le sud-ouest de la France et de faire mouvement vers les vallées du Rhône et de la Saône) parcoururent les routes du Bas Languedoc. Le 23 août 1944, alors que Carcassonne a déjà été libérée et Blomac pouvait penser qu’il en était de même, une rencontre inopinée avec un groupe de soldats allemands fut fatale à Castan et à un de ses amis, Maurice Colomb. Celui-ci et sa femme — Rose, Françoise, Louise, Marie Gout, née et morte à Blomac, 21 juin 1900-25 septembre 1993 — qui résidaient à Carcassonne étaient venus à Blomac avec leur automobile rendre visite à des parents. Léon Castan profita de leur retour à Carcassonne afin de s’y rendre lui-même. Des soldats allemands de passage tirèrent sur la voiture, comme ils le faisaient par ailleurs pour d’autres véhicules. Castan et Colomb furent tués. Mme Colomb fut blessée.

Léon Castan fut inhumé dans la tombe familiale du cimetière communal de Blomac. Victime civile, Léon Castan obtint, le 22 février 1946, la mention « Mort pour la France ». Son nom figure sur le monument aux morts de Blomac et sur la plaque commémorative des morts de la Seconde Guerre mondiale apposée dans la mairie de cette commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article252643, notice CASTAN Léon, Antoine, Jean-Baptiste par André Balent, version mise en ligne le 2 décembre 2022, dernière modification le 4 décembre 2022.

Par André Balent

SOURCES :Service historique de la Défense (SHD), Caen, AC 21 P 322740 (nc). — Arch. dép. Aude, 6 M 303/19, recensement de la population, Blomac, 1891 ; 6 M 342/16, recensement de la population, Douzens, 1906 ; RW, 588, f°15, recrutement militaire, Narbonne, 1910, fiche du registre matricule de Léon Castan. — Journal officiel de la République française, 9 octobre 1915, p. 7231 ; 3 octobre 1938, p. 6258. — Julien Allaux, La 2e guerre mondiale dans l’Aude, Épinal, Éditions du Sapin d’or, 1986, 254 p. [p. 204]. — Lucien Maury (dir.), La Résistance audoise (1940-1944), tome II, Carcassonne, Comité de l’histoire de la Résistance audoise, Carcassonne, 1980, 441 p. [p. 396]. — Sites Mémoire des hommes, MemorialGenWeb, Geneanet (recherches infructueuses), 1er décembre 2022.

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