FANFERNOT Julie Cécile (parfois FANFERNAUT Julie par erreur semble-t-il), née LEFRANC Julie.

Par Laurence Dupérier et Philippe Régnier

Née vers 1800. Républicaine, combattante des journées de Juillet. Saint-simonienne puis fouriériste.

Ancienne catholique, Julie Fanfernot fut médaillée de Juillet pour les actes de courage et de patriotisme qu’elle accomplit lors des événements de Juillet 1830. Le 22 novembre 1831, elle fut arrêtée pour avoir, par des cris séditieux, provoqué à la rébellion : prouvant qu’elle avait pris la défense d’un vieillard maltraité par des agents pour avoir tenu des propos peu flatteurs à l’égard du gouvernement, elle fut très vite acquittée.
En décembre 1831, lors d’une réunion de la famille saint-simonienne (rue Taitbout), Julie prit la parole : regrettant ses « gestes de violence » en Juillet 1830, elle demanda à se consacrer dorénavant à une vie d’amour en se convertissant à la religion saint-simonienne. Cette républicaine ardente répondait ainsi à la demande expresse de Prosper Enfantin* et d’Olinde Rodrigues*, de renoncer explicitement à ses convictions politiques pour prononcer sa profession de foi saint-simonienne devant le « degré des industriels » (ex- » degré des ouvriers ») en janvier 1832.
Les mêmes insistèrent publiquement sur le caractère selon eux exemplaire de son histoire individuelle. Rejetée par ses parents toute jeune, elle fut capable, paraît-il, dès l’âge de quatorze ans, de faire vivre plusieurs familles du travail de ses mains. Elle raconta aux saint-simoniens comment, ses instruments de travail lui ayant été volés à son domicile pendant une maladie, elle dut travailler dans les champs pour récupérer son fils, qu’elle avait été contrainte de placer en nourrice à la campagne. « Julie, commenta Olinde Rodrigues, veut constater la puissance industrielle de la femme, de la femme livrée à ses propres ressources, et, par sa propre énergie, se développant au milieu de ce monde qui, avant sa naissance, lui avait fermé les portes. »
Après les divisions de la famille saint-simonienne, Mme Fanfernot se tourna vers le fouriérisme. Elle participa à un essai phalanstère dirigé par Alexandre Baudet-Dulary* près de Rambouillet (Seine-et-Oise).
Enfin, elle tenta avec le fouriériste Eugène Stourm* de créer un journal de sciences sociales intitulé L’Étincelle. Mais son projet n’aboutit pas, faute de moyens.
Le fils de Julie Fanfernot, Ernest, boursier du gouvernement en récompense de la bravoure de sa mère en juillet 1830, partagea à Bourges l’éducation de « l’élite de la classe des privilégiés » et devint auteur dramatique. Il envoya à Enfantin, en1863, trois brochures qu’il avait publiées au sujet de la propriété littéraire, accompagnées d’une lettre d’envoi rappelant le souvenir de son enfance au contact des saint-simoniens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30760, notice FANFERNOT Julie Cécile (parfois FANFERNAUT Julie par erreur semble-t-il), née LEFRANC Julie. par Laurence Dupérier et Philippe Régnier, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 7 février 2018.

Par Laurence Dupérier et Philippe Régnier

SOURCES : Bibl. de l’Arsenal, Fonds Enfantin, ms. 7 854/65. — Le Globe, 11 janvier 1832. — Marguerite Thibert, Le Féminisme dans le socialisme français de 1830 à1870, Paris, M. Giard, 1926 — Michèle Riot-Sarcey, La Démocratie à l’épreuve des femmes, Albin Michel, Paris, 1994

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