Par Note revue et réécrite par Jacques Grandjonc
Né le 22 novembre 1734 à Sacy, près d’Auxerre (Yonne), mort le 3 février 1806 à Paris ; ouvrier imprimeur à Auxerre, puis à Paris ; romancier prolixe et écrivain social critique, témoin des événements révolutionnaires ; à ce jour, le plus ancien utilisateur connu des termes « communiste » (1785), « anarchisme » et « communisme » (1797)..
Restif, mais trop rares sont ceux qui l’ont lu, est habituellement considéré comme un auteur pornographique. Cependant la liste de ses ouvrages à caractère social et politique est longue : Le Pornographe ou Idées d’un honnête homme sur un projet de règlement pour les prostituées (Londres, 1769), La Mimographe (1770), L’Éducographe ou le Nouvel-Émile (1770-1774), Le Paysan perverti (1776), Les Gynographes (1777), L’Andrographe (1782), La Vie de mon père (Paris, 1788), Le Plus Fort des Pamphlets, paru anonymement en 1789, Le Thesmographe (1790), Monsieur-Nicolas, ou le cœur humain dévoilé (1794-1797). Ce réformateur social méconnu proposait par exemple dans son Plus Fort des Pamphlets l’introduction du suffrage universel réel, c’est-à-dire n’excluant pas les femmes. Du Paysan perverti jusqu’à Monsieur-Nicolas il se fit le porte-parole d’un communautarisme dérivé de la situation ancienne de la main-morte, qu’il fut le premier, parallèlement à la conjuration babouviste, à désigner par ce mot de « communisme » (1797). Il avait déjà utilisé en 1785 le terme de « communiste » dans un sens proche de celui que lui donneront les hommes de 1840. Il est également le premier à avoir forgé le terme « anarchisme » pour qualifier l’absence organisée de gouvernement (1797).
Ami de Sylvain Maréchal*, Restif assista aux réunions du Club du Panthéon lorsqu’elles furent autorisées par le Directoire (fin octobre 1795-février 1796) et que fréquentaient aussi Buonarroti*, Simon Duplay*, Marc-Antoine Jullien* (de Paris).
Par Note revue et réécrite par Jacques Grandjonc
SOURCES : Jules Assézat, Vie de Restif..., en tête de la réimpression des Contemporaines (Paris, 1875). — Léonce Grasilier, Restif de la Bretonne inconnu..., Paris, 1927, in-8°, 108 p. — A. Tabarant, Le Vrai Visage de Restif de la Bretonne, Paris, 1936, in-8°, 510 p. — Armand Bégué, État présent des études sur Restif de la Bretonne, Paris, 1948, in-16, 232 p. — J. Rives Childs, Restif de la Bretonne. Témoignages et Jugements. Bibliographie, Paris, 1949. — Jacques Grandjonc, Communisme/Kommunismus/Communism. Origine et développement international de la terminologie communautaire prémarxiste des utopistes aux néo-babouvistes, Trier, Karl Marx Haus, 1989, en particulier p. 13-20, 52-56, 75-77, 83-85, 297-300, 325-359. — Note de J.-J. Goblot.