GARNIER Auguste [Meurthe-et-Moselle]

Par Marie-Louise Goergen, Étienne Kagan, Jean Maitron

Né le 31 décembre 1898 à Arc-lès-Gray (Haute-Saône), mort en déportation le 22 avril 1945 à Gusen (Autriche) ; cheminot (homme d’équipe puis chef de train ; syndicaliste unitaire (CGTU) et militant communiste de Meurthe-et-Moselle ; résistant, déporté.

Fils d’un manouvrier, Auguste Garnier avait bénéficié d’une instruction primaire et travaillait comme cultivateur avant d’effectuer son service militaire d’avril 1917 à avril 1920 au 14e Régiment de tirailleurs sénégalais. Décoré de la croix de guerre, il fut libéré avec le grade de caporal.

En novembre 1920, il fut embauché comme homme d’équipe auxiliaire à la Compagnie de l’Est à Blainville (Meurthe-et-Moselle). Un an plus tard, il fut admis au cadre permanent comme homme d’équipe. Nommé wagonnier puis conducteur en 1923, Auguste Garnier obtint le grade de chef de train en novembre 1934 et fut muté à Nancy-Ville (Meurthe-et-Moselle) en décembre 1937. Le 1er novembre 1938, il fut muté à Paris-Est où il travaillera jusqu’à son licenciement.

Secrétaire du syndicat unitaire des cheminots de Blainville-sur-l’Eau à partir de 1930, Auguste Garnier était en outre en 1933 secrétaire du 4e secteur des syndicats unitaires des cheminots de l’Est et devenait en 1935 secrétaire du syndicat réunifié de Blainville-sur-l’Eau. À cette date, il était en outre secrétaire de l’Union locale et du comité de Front populaire de Blainville-Damelevières, où il anima de nombreuses réunions. En février 1937, suite à sa mutation, il démissionnait de son poste de secrétaire du syndicat des cheminots, puis en octobre 1937 de l’UL de Blainville pour aller s’installer à Nancy, où il fut élu le 24 mai 1938 secrétaire général du syndicat des cheminots ; en outre, le 30 juin suivant, il devenait secrétaire permanent de la Section technique des agents de train de l’Union de l’Est.

Militant communiste, il fut candidat aux élections cantonales de 1931 à Bayon (Meurthe-et-Moselle), ainsi qu’aux élections législatives de 1932 et, au deuxième tour, de 1936, dans l’arrondissement de Lunéville (Meurthe-et-Moselle) ; il fut également conseiller municipal de Blainville du 27 mai 1934 au 5 mai 1935. En 1937, il était membre du bureau régional du PCF. De septembre 1938 à septembre 1939, il se mit en congé de disponibilité pour activités syndicales. Rayé de l’affectation spéciale le 1er septembre 1939, il fut mobilisé entre avril et juillet 1940. De retour au dépôt, il fut étroitement surveillé par la police qui le signala comme « membre de ex-PCF et comme particulièrement actif » […] « touchant de près le Comité central », et voyait en lui un « propagandiste acharné dans le personnel roulant, d’autant plus dangereux qu’il est intelligent. Il jouit encore d’une certaine influence dans les milieux des agents de trains. Prend la plupart de ses repos à Nancy ». Il est probable qu’il assurait alors la liaison avec les communistes de Meurthe-et-Moselle.

Affecté au dépôt de Pantin pendant la guerre, il assurait en 1941 la liaison avec les communistes de Meurthe-et-Moselle et participait à la rédaction et à la publication de la propagande clandestine autour de Pierre Villon*. Il fut arrêté avec son épouse alors qu’il rédigeait un tract le 7 octobre 1941 par la police française. Le lendemain c’était au tour de Pierre Villon et de son agent de liaison, Yvette Feuillet*, d’être arrêtés. Lui et son épouse furent jugés le 3 décembre 1941 en même temps que Pierre Villon, Yvette Feuillet et Janine Bernuchon. Auguste Garnier fut condamné à vingt ans de travaux forcés.
Un de ses amis, André Oswald, lui-même déporté à Mauthausen, a laissé un témoignage récent (18 septembre 1997) du devenir d’Auguste Garnier après son arrestation. Selon ce témoignage, Auguste Garnier fut incarcéré dans plusieurs établissements, à la Santé à Paris, à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), à Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), à Mantes (Seine-et-Oise, Yvelines), à Fontevrault (Maine-et-Loire), enfin à Blois (Loir-et-Cher), d’où il écrivit une lettre à André Oswald le 28 octobre 1943. Suivant ce témoin, il fut jugé le 3 décembre 1941.

Transféré à Compiègne (Oise) le 20 février 1944 après un éprouvant voyage (enchaîné pendant les 33 heures de trajet), il fut ensuite déporté le 26 mars 1944 au camp de Mauthausen (matricule 60738). Il quitta le camp central pour le commando de Gusen (Autriche), où il décéda le 22 avril 1945 (Les camps de Mauthausen et de Gusen n’étant libérés que le 5 mai 1945). La date et le lieu de son décès sont confirmés par les documents administratifs de la SNCF (Arch. de Béziers). Celle-ci l’avait réintégré administrativement le 13 octobre 1944.

Marié en novembre 1922 à Tressange (Moselle) avec Anne Reiter, dont il vivait séparé depuis 1937, Auguste Garnier avait divorcé en mars 1939. Il s’était remarié en décembre 1939 avec Henriette Garnier, sténo-dactylo, qui avait un fils d’un premier mariage, Jean Moret, né en 1935.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article4165, notice GARNIER Auguste [Meurthe-et-Moselle] par Marie-Louise Goergen, Étienne Kagan, Jean Maitron, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 17 octobre 2022.

Par Marie-Louise Goergen, Étienne Kagan, Jean Maitron

SOURCES : Arch. PPo., activités communistes pendant l’Occupation, carton 10.— Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 1 M 651-652. — Arch. SNCF de Béziers. — La Lorraine ouvrière et paysanne, 1930-1932. — L’Est ouvrier et paysan, 1933-1935. — La Voix de l’Est, 1935-1939. — Le Réveil ouvrier, 1935-1939. — Les Cahiers de l’Institut (IHS Cheminots), n° 7, 1er trimestre 2000, p. 12-13 (témoignage d’André Oswald). — Serge Bonnet, Sociologie politique et religieuse de la Lorraine, Paris, 1972, p. 407. — Pierre Villon, Résistant de la première heure, Editions sociales 1983.— Notice DBMOF. — Témoignage de C. Thouvenin. — Renseignements fournis par la mairie de Blainville-sur-l’Eau, 12 janvier 1976. — Notes de Georges Ribeill et Jean-Pierre Besse.

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