FAURITE Henri Jean, Didier, Marceau

Par Jean-Marie Guillon

Né le 25 juin 1909 à Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), mort le 29 novembre 1999 à Lyon (IIIe arr.) (Rhône) ; coiffeur puis professeur de l’enseignement technique ; communiste ; syndicaliste CGT ; commissaire régional puis interrégional des Franc-Tireur et Partisans (FTP) en Savoie, dans le Var et à Marseille.

Né dans une famille de la bourgeoisie lyonnaise, catholique, comprenant plusieurs militaires, Henri Faurite fit des études jusqu’au secondaire dans l’enseignement catholique. Son père avait des responsabilités dans l’Union nationale des combattants et il en assuma aussi dans la Légion française des combattants créée par le régime de Vichy.

Révolté contre son milieu, Henri Faurite partit de chez lui et s’installa à Villeurbanne (Rhône). Il adhéra à la Jeunesse communiste en 1926. Pratiquant la boxe, il disait, en évoquant sa jeunesse, qu’il était une tête brûlée et un bagarreur. Inscrit maritime pendant trois ans, il devint coiffeur puis professeur de coiffure dans l’enseignement technique. Domicilié à Lyon (Rhône), il militait très activement au Parti communiste. Secrétaire du Secours rouge, délégué au congrès de Nantes de 1938, il avait suivi durant trois ans les écoles du parti. Il se définit après coup comme un converti. Il était également secrétaire du syndicat des coiffeurs CGT.

Il approuva le pacte germano-soviétique en dépit de l’opposition qu’il rencontrait, même chez les militants. Il fut arrêté, sévèrement tabassé par la police (coups de pied, ingurgitation de savon noir, etc.) et fut condamné à un mois de prison. Envoyé à l’armée à sa sortie de prison, mais refusé dans la Marine où il avait fait son service militaire, il fut incorporé dans l’infanterie coloniale puis dans l’artillerie dans l’Armée des Alpes. À peine démobilisé, il fut interné le 15 juillet 1940 à Fort-Barraux (Isère), puis transféré au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). Sa première femme le quitta peu après son arrestation, laissant ses enfants à l’Assistance publique ;

Il fit connaissance dans ces camps de plusieurs militants communistes qu’il allait retrouver dans la Résistance, entre autres, le Lyonnais Julien Airoldi*, les Varois Alcide Graziani* (qu’il remplaça comme coiffeur à son départ du camp), Philippe Giovannini*, Jean Bertolino*. Il appartenait à la direction clandestine du parti communiste. Il a toujours refusé de signer une déclaration pour être libéré. Il tenta une première évasion en novembre 1942, mais fut repris et ce furent des policiers qui lui permirent de s’évader le 18 novembre 1942.

Il voulut rejoindre la lutte armée et refusa la responsabilité politique que lui proposait Marcel Roucaute*. Il fut d’abord affecté au groupe d’Armand Maniou* à Lyon, puis au groupe spécial des FTP-MOI d’une dizaine d’hommes dont le chef avait pour pseudonyme Jean à Chambéry en février 1943. Il fut nommé commissaire technique régional (CTR) FTP en Savoie de janvier à mai 1943. Il participa à une tentative d’exécution dirigée contre Louis Bertin*, syndicaliste pro-Belin et directeur du journal Au Travail, à l’exécution d’un chef milicien et à une « récupération » d’argent importante (sept millions de francs selon son témoignage). Il contribua à la mise en place de maquis à Saint-Jean d’Urdières (Rhône), dans la Maurienne (Argentine, Savoie) et la Tarentaise (Landry, Aime, Savoie).

De Savoie, il fut envoyé dans le Var fin avril 1943 comme CTR et récupéré non sans mal à Toulon par le responsable politique, Genton* Guillaume, un Lyonnais qu’il connaissait d’avant-guerre. Immatriculé chez les FTP avec le numéro 61002, hébergé à Saint-Tropez chez Jean-Marie Guillerm*, puis à Saint-Raphaël, il s’attacha à la mise sur pied de groupes de FTP. Au départ, il n’y avait pas de trio de direction régional FTP. Ce n’est que vers juin qu’arriva un commissaire aux opérations (COR), Benoît Faure alias Mottet. Puis il reçut comme adjoint Édouard Lambert Henri, un cheminot, fils d’un chevillard de l’Ain, qui le suivit à Marseille et fut arrêté avec lui. Il créa des groupes de FTP « sédentaires », mais aida particulièrement à la constitution du premier maquis FTP du Var et, bientôt, principal maquis FTP de la région provençale, le camp Faïta, installé jusqu’à l’automne 1943 dans le massif des Maures. Il confia la direction militaire du maquis à Jean Bertolino, évadé de Saint-Sulpice, qui faisait le charbonnier dans le massif et était coupé du PC (il avait été mis à l’écart). Au cours de ses pérégrinations pour prendre des contacts et trouver des emplacements pour le camp, Albin Bandini Liban* lui servit parfois de garde du corps. Il retrouva à Grimaud Alcide Graziani et le fit « monter » dans les FTP. Après Genton, ses contacts avec le parti clandestin furent Jean Llante*, puis à Marseille, Julien Airoldi et Paul Billat*.

Il fut muté à Marseille comme commissaire aux opérations interrégional (COIR) en septembre 1943 en contact avec Georges Lyvet* et Boris Guimpel*, puis il fit aussi fonction de responsable politique (commissaire aux effectifs interrégional) en mars 1944 en liaison avec Francisque Jomard et Thibault. Dans ses fonctions, il eut pour adjoints René Barlési* et Jean-Louis Hutinet*. Georges Bonnaire* était commissaire aux effectifs régional. D’après son témoignage, il aurait monté à Marseille une organisation solide avec un hôpital clandestin et un service de renseignements parallèle car le service B, ne dépendant pas de lui, l’informait avec trop de retard. Il s’occupa aussi d’une meilleure répartition des armes. Bien que souffrant du manque de cadres dans le bas pays, il fit mettre en place les sous-secteurs FTP. Il suivait toujours attentivement le camp Faïta devenu alors la 1e compagnie FTP de Provence, qui avait un recrutement régional et qui avait été contraint de quitter les Maures pour s’installer dans centre Var avant de partir dans les Basses-Alpes. Cette compagnie étant en crise à la suite d’arrestations et d’erreurs de commandement, il y renvoya pour la reprendre en mains Félix Diana* Lilou, qui y avait été à ses débuts et qui avait été muté à Marseille.

Henri Faurite fut arrêté par la police française le 18 mars 1944 à la suite de ce qu’il considérait comme une imprudence d’Hutinet qui avait essayé de recruter un militaire qu’il connaissait mais qui les avait dénoncés. Il fut suivi alors qu’il se rendait chez Silvia Agostini, une marchande de fleurs très impliquée dans l’organisation. Il fut interpelé à la sortie de l’immeuble, rue Corderie, avec une clé de l’appartement où se trouvaient encore Silvia Agostini et une agent venant de Paris avec des tracts. Dans l’appartement, furent trouvés deux revolvers, quatre vingt trois tracts, des cartes et des tickets d’alimentation. Son adjoint Lambert fut arrêté peu après, de même que Bonnaire. Il avait sur lui de faux papiers au nom d’Arnoux Louis et 21 700 francs. Il put arracher les pages de son carnet contenant des messages codés. Mis à nu, attaché à un radiateur, il fut frappé tout comme Lambert et Silvia Agostini qui ne dirent rien à la différence de Bonnaire qui le désigna comme son patron. Henri Faurite concevait longtemps après encore beaucoup de ressentiment contre Bonnaire qu’il avait dénoncé au parti après la Libération, sans être écouté. Dans son interrogatoire, il reconnut appartenir au parti communiste depuis 1936, mais se fit passer pour un courrier du mouvement Libération auquel il aurait adhéré en mai 1943. Emprisonné à la prison Chave, il s’en évada le 23 mars 1944 avec onze autres détenus en profitant d’une opération menée par le groupe franc des Mouvements unis de la Résistance (MUR) et la complicité d’un gardien, nommé Paoli, qui avait endormi ses collègues. Il alla se cacher chez l’épouse de René Barlesi avec ce gardien et l’un des contacts qu’il avait. Il fut condamné par défaut par le Tribunal spécial de Lyon le 15 avril 1944 à sept ans de réclusion pour détention d’armes. Le parti l’envoya dans la Drôme, mais il était épuisé et se réfugia à Antibes (Alpes-Maritimes) où travaillait Yvonne Pons qui devait devenir sa deuxième épouse. Il l’avait connue aux Arcs (Var), non loin de Lorgues d’où elle était originaire, et lui avait servi d’agent de liaison.

À la Libération, il refusa d’aller dans l’armée. Il se disait écoeuré par la façon dont le PC avait distribué les grades. Il ne lui restait plus qu’à repartir de zéro, il avait encore ses deux enfants à l’Assistance, il se trouvait dans une situation difficile dont il se sortit grâce à sa nouvelle compagne qui était chef d’exploitation chez le rosiériste Meilland. Installé à Antibes, il prit en métayage une exploitation horticole avec elle, qui prospéra avec l’aide de Meilland.

Il fut traîné en procès en 1947 pour une affaire de meurtre de gendarmes dans la région de Lyon et fut condamné à sept ans de prison. Étant allé en appel, puis en cassation, il obtint finalement la relaxe et assurait que le procureur de la République lui avait rendu les honneurs. Il considérait que le PC l’avait laissé tomber. Sans doute, le quitta-t-il à ce moment là. Il continua cependant à militer dans l’ANACR, disant être resté fidèle en amitié avec Charles Tillon*. Il était membre du conseil national de l’ANACR et le resta. Cependant, il quitta le comité local de l’ANACR en désaccord avec ses dirigeants communistes et les attestations de complaisance que, d’après lui, ils distribuaient.

Devenu une notabilité à Antibes, il entretenait de très bonnes relations avec le maire radical Pierre Merli, ancien résistant lui aussi. Il aurait refusé d’être son adjoint, mais, au début des années 1980, il présidait une commission extra-municipale sur l’environnement et s’occupait des jeunes et des problèmes de drogue.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article49728, notice FAURITE Henri Jean, Didier, Marceau par Jean-Marie Guillon, version mise en ligne le 4 avril 2009, dernière modification le 4 août 2021.

Par Jean-Marie Guillon

SOURCES : Arch. dép. Bouches-du-Rhône 2663W2. — Arch. dép. Var, fonds ANACR Var dossier 829. — Jean-Marie Guillon, La Résistance dans le Var. Essai d’histoire politique, Université Aix-Marseille I, 1989 (site internet var39-45.fr). — Roger Stéphane, Chaque homme est lié au monde, Paris, Sagittaire, 1946, p. 129. — Témoignage d’Henri Faurite, 30 avril 1981.

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