MEERT Arthur

Par Didier Bigorgne

Né le 31 mars 1909 à Roubaix (Nord), mort le 13 avril 1990 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; cheminot mécanicien de route ; résistant et déporté ; syndicaliste CGT et militant communiste ; maire adjoint de Nouvion-sur-Meuse (Ardennes) de 1945 à 1947.

Arthur Meert était le fils de Henry Meert, tourneur ajusteur, et de Marie Debosère, femme de ménage. Après l’obtention du certificat d’études primaires en 1923, il entra dans la vie active. Il exerçait la profession de tourneur outilleur à Charleville quand il y épousa Renée Rio, ouvrière brossière à domicile, le 4 janvier 1930. Le couple eut cinq enfants, quatre filles et un garçon. Le 18 janvier 1937, il fut embauché à la SNCF en qualité de mécanicien de route au dépôt de Lumes-Triage. La famille s’installa alors dans la ville voisine de Nouvion-sur-Meuse.

Arthur Meert fut d’abord membre du syndicat CGTU des Métaux de Charleville, puis du syndicat CGT des cheminots de Lumes. Il adhéra au Parti communiste dans les années trente. En janvier 1941, il fut contacté par les cheminots, Maurice Deloison dirigeant communiste du Nord et Jules Ruchot de Nouvion-sur-Meuse pour organiser la résistance cheminote. Celle-ci qui vit le jour dès le mois de mai s’activa rapidement par des distributions de tracts et des sabotages de wagons.

Après les arrestations successives de Jules Fuzellier le 23 août 1941, puis de Jules Ruchot le 19 octobre 1941, Arthur Meert fut de nouveau contacté par Maurice Deloison pour reconstituer le Parti communiste clandestin dans les Ardennes. Mais il fut arrêté à la fin du mois de septembre 1942 après une distribution nocturne de tracts à l’occasion de la commémoration du 150ème anniversaire de la bataille de Valmy qui appelait à la lutte patriotique contre l’envahisseur allemand. Emprisonné à Charleville, non sans avoir tenté en vain de s’échapper dans les rues de la ville, Arthur Meert fut condamné à cinq ans de réclusion par le conseil de guerre de Nancy. D’abord mis au secret dans la prison de Saint –Quentin pendant un an, il fut transféré au camp de Royal-lieu près de Compiègne (Oise). Il séjourna ensuite dans les prisons de Châlons-sur-Marne et de Clairvaux avant d’être déporté au camp de concentration de Buchenwald en mars 1944. Il fut libéré le 11 avril 1945.

À son retour de captivité, Arthur Meert reprit son activité militante. Au Parti communiste d’abord. Le 19 mai 1945, il était secrétaire de la section de Nouvion-sur-Meuse. Aux élections municipales d’avril-mai 1945, il fut élu conseiller municipal de Nouvion-sur-Meuse et devint premier adjoint au maire socialiste SFIO, Marcel Piot. Il fit évidemment partie du comité de parrainage des candidats communistes pour les élections législatives du 21 octobre suivant. Bien qu’ayant réalisé le meilleur score de la liste communiste avec 400 voix (pour une moyenne de liste de 315 voix) sur 1252 inscrits et 954 votants, Arthur Meert ne retrouva pas son siège de conseiller municipal le 19 octobre 1947. Aux élections des 20 et 29 mars 1949 pour le Conseil général, il représenta son parti dans le canton rural d’Omont : il obtint 99 voix sur 1637 inscrits et 1188 votants au premier tour, puis 52 suffrages sur 1259 votants au scrutin de ballottage.

Dans le même temps, Arthur Meert poursuivit la lutte syndicale. Il participa aux grèves d’octobre 1948 qui paralysèrent les centres ferroviaires ardennais de Charleville, Mohon, Lumes, Nouvion-sur-Meuse et Amagne. Il fit partie des quarante-huit cheminots qui comparurent devant le tribunal correctionnel de Charleville le 1er juin 1949. Le jugement rendu le 29 juin suivant condamna vingt et un grévistes : parmi eux, Arthur Meert qui se vit infliger une peine d’amende de deux mille francs avec sursis et l’obligation de verser mille francs à la SNCF à titre de dommages et intérêts. La cour d’appel de Nancy, saisie par le direction de la SNCF, confirma ce jugement le 17 novembre suivant.

Enfin, Arthur Meert s’engagea dans des organisations associatives. Le 20 septembre 1945, il assista au congrès départemental des internés et déportés politiques des Ardennes. Il participa ensuite à la création de la section des Ardennes de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes) dont il devint membre du comité directeur dès le 14 décembre 1946. Titulaire de la médaille de la Résistance, Arthur Meert assura la présidence de la section de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants) de Nouvion-sur-Meuse pendant de nombreuses années.
Arthur Meert partit à la retraite en 1966 avec la médaille d’honneur des chemins de fer. Il était le vétéran de la section communiste de Nouvion-sur-Meuse quand il tomba malade. Il dut subir de graves interventions chirurgicales qui nécessitèrent son hospitalisation à Charleville-Mézières. Il mourut trois mois après son épouse dont le décès l’avait profondément affecté.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article6569, notice MEERT Arthur par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 29 avril 2015.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes 1 M 14 et 15 ; 3 M 7, 8 et 9. —L’Humanité-Dimanche, n° 832, 2 août 1964, et n° 833, 9 août 1964. —L’Ardennais, 2 juin 1949, 30 juin 1949 et 15 avril 1990. — Renseignements et documents fournis par le fils de l’intéressé.

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