BELLOT Michel

Par François Roux

Né à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) le 23 novembre 1890, mort à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) le 21 octobre 1974 ; cheminot, révoqué en 1920 ; syndicaliste et communiste.

Le père de Michel Bellot était Genévoix et résidait à Aix-en-Provence. Le jeune Michel entra très tôt dans la vie active et il était sans instruction lorsqu’il se maria avant 1914 mais sa femme lui apprit à lire et à écrire. Mobilisé, il revint de la guerre gazé, et, en partie sous l’influence de sa femme, farouchement pacifiste, milita à l’ARAC, au Secours rouge international, comme au Parti communiste.
Cheminot à Miramas (Bouches-du-Rhône) en 1919, Michel Bellot participa à la grande grève de 1920 et fut révoqué. Il vint alors s’installer à Avignon (Vaucluse) où sa femme travailla au dépôt PLM, tandis que lui-même occupait successivement divers emplois. S’efforçant de relancer l’action syndicale après le désarroi consécutif à l’échec de 1920, il fut délégué au congrès constitutif de la CGTU à Saint-Étienne (25 juin-1er juillet 1922), où il se rendit avec sa femme et sa fille.
Au cours de l’année 1923, employé à la Compagnie du gaz d’Avignon, Michel Bellot ne tarda pas à être révoqué, sans doute à cause de ses activités politiques et syndicales : dans tout le département, à Cavaillon, à Apt, il participait, parfois avec Henri Barthalon*, secrétaire de la Bourse du Travail d’Avignon, à des réunions pour la reconstitution des syndicats. Le 22 octobre 1923, dans une réunion à la Bourse du Travail, Bellot, « gazier », parla de la Révolution russe et de la Révolution allemande, annonçant que le Parti communiste préparait la « future Révolution française ». Quelques jours plus tard, ce fut Bellot, « gazier révoqué », qui interpella le sénateur radical Tissier, venu parler aux cheminots avignonnais.
Michel Bellot devint secrétaire de la section communiste d’Avignon en 1924. Il suivit la campagne électorale du Parti, et lors de la manifestation de l’UD-CGTU à la Bourse du Travail, il était à la tribune en qualité de « membre du bureau de l’UD ». Il ne ménageait pas ses efforts pour pousser à l’élargissement du syndicat CGTU des cheminots avec lesquels il restait en contact par l’intermédiaire de sa femme. Le 7 mars 1924, à la Bourse du Travail, il attaquait les patrons, la vie chère, les atteintes à la loi de 8 heures... mais vingt cheminots seulement étaient présents sur les 1 800 du dépôt d’Avignon.
Michel Bellot fut surtout, cette année-là, un des meneurs de l’action contre Henri Barthalon*, secrétaire général de la Bourse du Travail, en rupture avec le PC. Le 8 mars 1924, il reprochait violemment à Henri Barthalon* avec un autre camarade révoqué du PLM, son attitude hostile au Parti communiste et à la CGTU, et Barthalon quittait la salle. Bellot proposait la réunion d’un nouveau congrès pour procéder au remplacement du secrétaire défaillant et l’affaire fut réglée l’année suivante.
Installé comme marchand de cycles aux Rotondes, quartier des cheminots avignonnais, Michel Bellot recevait souvent chez lui les responsables syndicaux et conseillait leur action. En 1925, il fut un des organisateurs de la grève du 12 octobre, contre la guerre de Rif.
Son action ne cessa pas en 1926-1927 : soutien aux grévistes, ceux d’une maison de confection d’Avignon, en janvier 1926 ; aux employés de commerce de Cavaillon, en avril ; « Belleau » (sic) de l’UD, notait le rapport de police, prit la parole pour reprocher aux grévistes de n’être pas syndiqués ; il attaqua le gouvernement, le Cartel, la police... ». Mais aussi participation aux fêtes et réunions du Parti, présidant parfois, chargé notamment de diriger l’action du 1er mai 1926, intervenant à la tribune lors des meetings de défense de Sacco et Vanzetti. Le 9 avril 1927, avec d’autres militants du Parti, il avait conspué Léon Jouhaux* dans les rues d’Avignon ; le 31 juillet 1927, il manifestait contre la guerre, à Avignon, avec l’ARAC ; peu après, il présidait le meeting de la Bourse du Travail qui décidait la grève générale antimilitariste du 8 août.
Cependant en 1927, témoignage des tensions diverses qui agitaient le Parti au plan national ou signe de rivalités personnelles, dans une réunion du comité de rayon tenu chez Ramé ; quelques-uns demandèrent son exclusion, lui reprochant certaines actions dans le cadre du Secours rouge international. Proposition qui ne fut pas suivie d’effet puisque c’est chez lui et chez Ramé, qu’on fut appelé à verser, l’année suivante, à la « souscription nationale » organisée par le Parti en vue de la campagne pour les élections législatives.
Sa femme qui avait formé un groupe de « Jeunes pionnières », fut candidate comme lui sur la liste communiste aux élections municipales d’Avignon, en mai 1929. Michel Bellot obtint 538 voix sur 8 574 suffrages exprimés. Après cette date, on ne le vit plus au premier plan du mouvement ouvrier vauclusien. Mais il n’avait pas cessé de garder le contact : témoin cette réunion du PCF à l’Isle-sur-la-Sorgue, le 9 octobre 1937, à l’occasion des élections cantonales, au cours de laquelle le candidat Maurice Renier*, transfuge du Parti communiste, fut violemment pris à parti par l’assistance qui le traitait de traître et de renégat. Un certain « Belot » (sic) prit la parole, et après avoir stigmatisé durement l’attitude de Maurice Renier*, conclut : « Vous ne saurez jamais pour quel parti vous aurez voté si vous votez pour lui. »
En 1938, à l’occasion de l’amnistie finalement proclamée pour les grévistes de 1920, Michel Bellot fut réintégré mais envoyé comme ajusteur dans son dépôt d’origine à Miramas. Affecté spécial en 1940 à Nîmes puis à Pernes (Vaucluse), il entra sous l’Occupation dans la Résistance et rejoignit un maquis du Vercors. Peu après la Libération, il prit sa retraite tout en restant fidèle à ses engagements politiques antérieurs dans le cadre de l’ARAC et du Parti communiste.
Retraité à Fos-sur-Mer, Michel Bellot devait mourir dans cette localité quatorze mois après sa compagne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article711, notice BELLOT Michel par François Roux, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 31 août 2021.

Par François Roux

SOURCES : Arch. Dép. Vaucluse 3 W 29, 1 M 817, 824, 826, 840, 842, 3 M 280, 281, 311, 10 M 30. — Le Réveil vauclusien, 1928-1929, coll. Musée Calvet, Avignon. — Renseignements communiqués par Madame Bellot (fille).

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