TRAPPLER Alphonse, Émile

Par Guy Blondeau

Né le 20 avril 1842 à Noyant (Maine-et-Loire), mort en 1891 ; demeurant à Paris, 58, chaussée de Ménilmontant ; forgeron ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Alphonse Émile Trappler, né le 20 avril 1842, est le fils ainé de Florent Trappler, cafetier et Anne Gerinthe, qui se sont mariés deux ans avant sa naissance. Il a une sœur, Léonie Céline et deux frères, Ferdinand, né en 1843 et Edmond, né en 1853 donc de onze ans son cadet. Ce frère, engagé dans le bataillon des Vengeurs de Flourens, meurt à l’âge de 17 ans, le 1er juin 1871, 9 place Saint-Sulpice dans le sixième arrondissement de Paris. Alphonse était célibataire. Il avait été condamné en 1865 à un mois de prison pour mendicité et en 1868 à deux ans de prison pour vols. Sorti de la maison centrale de Poissy en novembre 1870, il alla à Louviers (Eure) et s’engagea. Envoyé à Cherbourg (Manche), il y resta jusqu’au 4 mars 1871. Revenu à Paris le 7 mars, il entra vers le 25 dans la 3e compagnie sédentaire du 74e bataillon de la Garde nationale. Le 4 avril, il passa à la 1re batterie de la XXe légion ; il serait resté chez lui à partir du 20 mai. On l’arrêta le 28 mai à Ménilmontant, alors qu’il allait chercher du pain, dit-il. Il habitait 58 bis chaussée de Ménilmontant, il avait fait partie du 74e bataillon et de la batterie d’artillerie de la vingtième légion. Il nia avoir été délégué au bureau militaire du XXe arr. Il est condamné, le 12 avril 1872, par le 9e conseil de guerre, à la déportation simple et à la privation des droits civiques. Un recours en grâce, déposé suite à sa condamnation, est refusé par la Commission des grâces. Une dépêche en date du 4 novembre suivant, en informe les autorités administratives de Nouméa. Enfermé au dépôt de Saint-Martin-de-Ré, il embarque le 1er janvier 1873 à bord de l’Orne à destination de la Nouvelle-Calédonie. Durant le voyage, de nombreux prisonniers, souffrant de sous-alimentation, sont malades. Trappler lui-même est victime, dans la nuit du douze au treize avril 1873, d’un incident rapporté par Achille Baillère : « Nous dormons depuis trois heures à peine, quand nous sommes réveillés par la chute d’un corps sur le plancher. C’est le camarade Trapler [sic] qui, pris d’un cauchemar occasionné par la fièvre et la chaleur humide et excessive qui nous vient de la machine, s’est jeté hors de son hamac. Nous appelons au secours. L’autorité et les médecins arrivent, munis d’une lanterne. Le sang coule à flots, mais heureusement que la tête seule a souffert et qu’il n’y a pas de blessure grave. On emmène le blessé à l’infirmerie où il passera la nuit après le premier pansement ». Alphonse Trappler arrive le 3 mai en Nouvelle-Calédonie et est débarqué le 11 mai à l’Ile des Pins. Son attitude tant en France qu’à bord est jugé « bonne » par ses gardiens. Une décision du 27 novembre 1879 commue sa peine en 5 ans de bannissement, à partir du décret. Il embarque pour la France sur le Tage, le 6 avril 1880. Peu après, le 19, son père décède à Paris et Alphonse ne l’apprend qu’à son retour à Brest, fin juillet. Alphonse se marie en 1882, il était forgeron avant la déportation, il est maintenant serrurier et son frère Ferdinand est un de ses témoins. En se mariant, Alphonse légitime un enfant que son épouse a eu avant de le rencontrer. Sept ans après, naît un fils, le 5 avril 1889, qu’ils appellent Eugène. Son épouse, Laure Boivin, meurt à la fin de l’année et lui-même, Alphonse, décède en 1891.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article71987, notice TRAPPLER Alphonse, Émile par Guy Blondeau, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 1er juillet 2022.

Par Guy Blondeau

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/770 et BB 27. — Arch. PPo., listes d’amnistiés. — Archives nationales d’Outre-mer, fiche Trappler Alphonse Émile. – Achille Baillère : Souvenirs d’un évadé de Nouméa, p165 – Site internet Macommunedeparis.org de Michèle Audin, article du 1er juin 2021 : « 1er juin 1871, Edmond Trappler, 17 ans, vengeur de Flourens, et les siens ». – Notes de Louis Bretonnière et Guy Blondeau.

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