Né le 2 janvier 1859 à Lochee, Dundee, Écosse ; mort le 21 avril 1940 à Londres ; syndicaliste, travailliste.
Né dans une famille anglo-écossaise (son père était un mécanicien du Yorkshire et sa mère était originaire d’Écosse) George Barnes est mis au travail à l’âge de onze ans. Lorsque ses parents s’installent à Londres (il a alors treize ans) il commence son apprentissage dans une entreprise de construction mécanique. Devenu ouvrier professionnel, il s’inscrit au syndicat des ouvriers de la mécanique Amalgamated Society of Engineers).
Au cours des années 1880, Barnes subit l’influence des courants nouveaux qui agitent le mouvement ouvrier. Jusque-là, ses lectures avaient été surtout techniques. Désormais il se plonge dans les ouvrages politiques et il se passionne pour le livre d’Henry George, « Progrès et pauvreté ». Au bout de quelques années, on le trouve converti au socialisme, auquel il a été amené par la personnalité et les écrits de William Morris*. Cependant Barnes ne deviendra jamais un esprit dogmatique et il n’adhère à aucune organisation jusqu’à la fondation en 1893 de l’lndependent Labour Party (ILP). Désormais il va devenir un des lieutenants de Keir Hardie*, se présentant — sans succès — aux élections de 1895 sous l’étiquette ILP à Rochdale.
Barnes a collaboré également avec les deux personnalités les plus en vue du mouvement ouvrier de Londres : John Burns* et Tom Mann* et cette association se révèle très importante pour la formation de sa personnalité et de ses idées. Comme beaucoup d’autres syndicalistes de sa génération, il veut réagir contre le conservatisme qui prédomine alors parmi les dirigeants en place du mouvement syndical, en particulier parmi les leaders d’ouvriers skilled. Son ardeur militante se trouve encouragée par la grande grève des dockers de Londres en 1889 et par l’expansion du « nouvel unionisme ».
Lorsqu’en 1891 Tom Mann cherche à se faire élire comme secrétaire général de l’Amalgamated Society of Engineers (ASE), Barnes anime en tant que secrétaire l’efficace comité londonien mis sur pied pour soutenir cette candidature. Pour sa part, Barnes, après avoir été porté au comité exécutif de l’ASE dès 1889, en est élu secrétaire général en 1896 : élection symbolisant la victoire des « hommes nouveaux » à l’intérieur du mouvement trade-unioniste. Au poste de secrétaire général Barnes se révèle gestionnaire habile et compétent — c’est probablement le meilleur dirigeant qu’ait eu l’A.S.E. depuis l’époque de William Allan*. Toutefois il démissionne en 1908, à la suite de désaccords avec le comité exécutif.
À cette date Barnes est d’ailleurs tout entier dans l’action politique : pour lui c’est là qu’est la clef de l’avenir de la classe ouvrière. En 1900, son syndicat l’avait délégué à la réunion où avait été fondé le Comité pour la représentation du travail (Labour Representation Committee, LRC). Lors des élections de 1906, Barnes est l’un des vingt-neuf députés élus sous l’étiquette LRC (c’est alors qu’est adopté le nom de Labour Party). Mais depuis quelques années les opinions de Barnes ont bien changé : il a si bien évolué dans le sens du modérantisme qu’en 1908 on lit sous sa plume : « Je suis partisan d’accords à l’amiable passés dans l’ordre avec les patrons… Nous ne tarderons pas à découvrir que la grève est inutile dans la mesure où le bulletin de vote la remplace ». C’est Barnes qui préside le groupe parlementaire du Labour Party entre les deux élections de 1910.
En 1914, Barnes se range tout de suite du côté des partisans de la guerre. Il fait fonction d’agent de recrutement tant pour l’armée que pour l’industrie, siège au comité d’appel pour les objecteurs de conscience et fait partie du comité des pensions de guerre. Le problème des pensions avait de tout temps intéressé Barnes qui jadis avait été président du comité national des travailleurs pour les pensions de vieillesse (avant que ne fut votée en 1908 la loi sur les pensions). En décembre 1916 les efforts de Barnes trouvent leur récompense car il devient alors ministre des Pensions dans le gouvernement de coalition dirigé par Lloyd George. En 1917, quand Arthur Henderson* démissionne de son poste de ministre de l’Éducation c’est Barnes qui le remplace. Et à la veille des élections de 1918, lorsque le Labour Party retire son soutien au gouvernement de coalition, Barnes décide de rester au gouvernement et de se séparer du parti : geste qui lui fait perdre toute influence politique.
Le but avoué de Barnes en se maintenant au gouvernement, c’était de jouer un rôle marquant dans les négociations de paix. En fait on ne trouve trace d’aucune intervention importante de sa part sur ce point. Réélu député aux élections de décembre 1918, Barnes participe à la conférence de la Paix de Paris. Le seul point où son action ait été réelle, c’est la constitution du Bureau International du Travail et son intégration à la Société des Nations. Par la suite, Barnes représentera la Grande-Bretagne à plusieurs reprises aux réunions du BIT.
À l’âge de soixante-trois ans, en 1922, Barnes démissionne de son poste de député, quitte le Parlement et se retire de la vie politique. En 1924, il écrit ses mémoires, document qui révèle bien l’immense influence qu’a joué sur lui l’atmosphère de la Chambre des Communes. En effet, à partir du moment où il a été élu député, Barnes n’a plus manifesté le moindre signe rappelant l’ardeur militante de sa jeunesse. Sans doute sa décision de se maintenir au gouvernement en 1918 partait-elle d’un désir sincère du bien public, mais politiquement ce fut une erreur majeure. S’il était resté solidaire de ses collègues travaillistes, on a tout lieu de penser qu’il aurait joué un rôle important dans le mouvement travailliste d’après guerre. Au contraire son erreur de calcul a abouti à l’écarter définitivement des affaires.
ŒUVRES PRINCIPALES : Unemployment in Germany (Le chômage en Allemagne), en collaboration avec A. Henderson, Londres, 1908. — Henry George, Londres [1909] ; Karl Marx, Londres, [1909], — From Workshop to War Cabinet (De l’atelier au ministère), Londres, 1924. — Industrial Conflict : the Way out (Conflit dans l’industrie, la solution), Londres, 1924. — The History of the International Labour Office (Histoire du BIT), Londres, 1926.
BIBLIOGRAPHIE : S. et B. Webb, History of Trade Unionism, Londres, 2e édition, 1920. — J.B. Jefferys, The Story of the Engineers, Londres, [1945]. — Dictionary of National Biography, 1931-1940. — J. Bellamy et J. Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. IV.