HOCQUENGHEM Guy, Daniel, Jean, François

Par Geoffroy Huard de la Marre

Né le 10 décembre 1946 à Boulogne (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 28 août 1988 à Paris (XIXe arr.) ; co-fondateur du Front homosexuel d’action révolutionnaire (1971-1974) ; philosophe, romancier et journaliste.

Guy Hocquenghem était issu d’une famille de la bourgeoisie intellectuelle qui vécut à Boulogne puis à Sceaux (Seine, Hauts-de-Seine), en banlieue parisienne. Sa mère, qui eut dix enfants, était professeure agrégée de lettres dans un lycée pour jeunes filles, et son père, mathématicien ; tous les deux étaient de gauche. Il étudia au lycée Lakanal à Sceaux et au prestigieux lycée Henri IV à Paris où il fit en 1962 une des grandes rencontres de sa vie avec son professeur de philosophie, René Schérer. Il intégra ensuite l’École normale supérieure (1965-1968) où il se spécialisa dans l’épigraphie grecque avec un mémoire de maîtrise sur « Les signatures de sculpteurs grecs dans le Péloponnèse » sans passer l’agrégation.

Il s’engagea dans la politique et fut dès 1962 membre du Parti communiste, qu’il quitta en 1965 pour rejoindre les Jeunesses communistes révolutionnaires (JCR). Il publia plusieurs articles dans la revue de ce mouvement trotskyste intitulée Avant-garde jeunesse. Il participa activement aux événements de mai 1968 dans la Sorbonne occupée et participa également à la création du journal gauchiste Action.

En septembre 1968, Guy Hocquenghem, exclu des JCR, rejoignit le courant « mao-spontex » du groupe Vive la révolution (VLR), un mouvement influencé par la contre-culture américaine et participa à son journal Tout jusqu’en 1971. Il milita par la suite au sein du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR, 1971-1974), qu’il co-fonda avec un groupe de lesbiennes en mars 1971 puis il coordonna les trois textes majeurs de ce mouvement : le célèbre nº 12 du « quinzomadaire » Tout avec quatre pages sur la « libre disposition de notre corps » (23 avril 1971), le Rapport contre la normalité (Champ libre, 1971) et Trois milliards de pervers, grande encyclopédie des homosexualités (Recherches, 1973). Il fit paraître également un témoignage dans Le Nouvel Observateur en janvier 1972 dans lequel il déclarait publiquement qu’il était homosexuel (« La révolution des homosexuels », nº 374, 10 janvier 1972, p. 32-35. Propos recueillis par François Paul-Boncour).

C’est à cette période qu’il commença à enseigner la philosophie à l’université de Vincennes (Val-de-Marne) tout en préparant son doctorat d’État ayant pour titre « Désir homosexuel et volutions », sous la direction de François Chatelet, qu’il soutint en 1974. Il entra ensuite en tant que journaliste à Libération de 1977 jusqu’en 1982 (au service télévision). Il se porta candidat aux élections législatives de 1978 dans le XVIIIe arrondissement à Paris, réalisa avec Lionel Soukaz le film Race d’ep : un siècle d’images de l’homosexualité et anima des émissions de radio, d’abord à Fréquence Gaie (1981-1982) puis à Europe 1 (1982-1983). Mais le grand projet qui l’animait - après ses réflexions théoriques sur l’homosexualité et ses engagements politiques pendant près d’une décennie - c’était l’écriture romanesque. Il publia quatre romans de 1981 jusqu’à sa mort du sida en 1988 et laissa une œuvre inachevée parcourue, comme le souligna René Schérer, par « un esprit d’utopie » (« Un esprit d’utopie » in Présence de Guy Hocquenghem, 1992, p. 57-65).

Ses cendres reposent au Colombarium du Père Lachaise, case 407.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76139, notice HOCQUENGHEM Guy, Daniel, Jean, François par Geoffroy Huard de la Marre, version mise en ligne le 31 janvier 2010, dernière modification le 1er octobre 2020.

Par Geoffroy Huard de la Marre

ŒUVRE : Le désir homosexuel, 1972. — L’après-mai des faunes : volutions, 1974. — Fin de section, 1975. — (avec René Schérer), Co-Ire : album systématique de l’enfance, 1976. — (avec Jean-Louis Bory), Comment nous appelez-vous déjà ? : ces hommes que l’on dit homosexuels, 1977. — La Dérive homosexuelle, 1977. — La Beauté du métis : réflexions d’un francophobe, 1979. — Race d’Ep ! : un siècle d’images de l’homosexualité, 1979. — Le Gay voyage, 1980. — L’Amour en relief, 1981. — Les Petits garçons, 1983. — (avec Jean-Luc Hennig), Les Français de la honte : la morale des Français racontés par eux-mêmes, 1983. — La Colère de l’Agneau, 1985. — Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary, 1986. — Vienne : l’Europe des villes rêvées, 1986. — (avec René Schérer), L’Âme atomique : pour une esthétique d’ère nucléaire, 1986. — Eve, 1987. — Les Voyages et aventures extraordinaires du frère Angelo, 1988. — L’amphithéâtre des morts : mémoires anticipées, 1994. — Oiseau de la nuit, 1998.

SOURCES : Collectif, Présence de Guy Hocquenghem, Paris, L’Harmattan, 1992. — Ron Haas, The Death of the Angel, PhD Rice University, 2006. — Jean-Luc Hennig, « Le gay voyageur », Gai Pied Hebdo, nº 334, 10 septembre 1988, p. 53. — Bill Marshall, Guy Hocquenghem, Beyond Gay Identity, Londres, Pluto Press, 1996. — État civil.

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