GAUDIER Claude, pseudonyme : « Premier auteur » (DBK)

Par Claude Coussement

Né le 17 juillet 1891 à Houdeng-Aimerie (Belgique), mort à Anderlecht (Bruxelles) le 18 novembre 1970 ; radio télégraphiste du Komintern à Bruxelles.

Claude Gaudier fut aide-comptable, puis comptable à l’Office des Colorants Aniline (Dupont de Nemours). En juillet 1939, il adhéra au Parti communiste par une militante communiste (Kira Soloviev) qui y travaillait. Comme il achevait ses études de radio-télégraphiste de navire, Xavier Relecom*, secrétaire du parti, lui demanda rester un membre discret. Évacué en France lors de l’invasion de la Belgique le 10 mai 1940, il revint à Bruxelles début juin. À la fin de l’année 1940, il hébergea durant un mois le dirigeant Georges Van Den Boom* alors dans l’illégalité. Après quoi, son camarade Paul Driessen qui travaillait dans la même firme le mit en rapport avec Pierre Bosson*, membre du bureau politique, qui lui proposa de « faire des émissions clandestines pour le parti ». Il suivit un écolage politique et, sur ordre du parti, démissionna de son emploi pour se mettre entièrement à la disposition du parti qui le rémunéra.

En juillet-août 1941, le Hollandais Johan Van Proosdij membre du réseau de Dan Goulooze, antenne de l’IC aux Pays-Bas, lui enseigna la construction d’émetteurs-récepteurs, et lui en livra un supplémentaire en aluminium avec lequel il fit une première liaison avec le Komintern fin juillet. Il s’agissait de messages chiffrés dont il ne connaissait ni la teneur ni le destinataire qu’il croyait être belge. Ses liaisons avec Eugen Fried, qui rédigea et coda ses messages, et qu’il ne connaissait pas, se faisaient par Madeleine Delnest (femme d’un sculpteur communiste) qui se faisait appeler Lucie. Il émit tous les matins sur 26 mètres et se mit à l’écoute quotidiennement à 18 heures. Fin février 1942, ayant le sentiment d’être pisté, il demanda à être relevé de sa fonction. Il fut remplacé par Robert Ravet et Louise Chef. Mis en disponibilité, il retrouva du travail et enseigna son art en 1943 à Madeleine Gobiet, secrétaire-courrier d’un autre délégué de l’IC, Andor Berei en place auprès du parti belge. Il la connaissait sous le pseudonyme de Colette. En juillet 1943, elle lui recommanda de prendre des précautions, « un chef ayant été arrêté ». Ce mois-là en effet, d’importantes arrestations décimèrent la direction clandestine du PCB, et la décapitèrent. Vers la fin juillet, il fut demandé à Claude Gaudier de trouver via des agences immobilières un logement spacieux et confortable pour un chef (il s’agit de Fried). Il ne put mener à terme sa recherche : le mardi 17 août à 6 heures le matin, il fut arrêté par quatre agents de la SIPO-SD qui mettaient la main sur son émetteur en aluminium et sur celui fabriqué avec Johan Van Proosdij. Cette arrestation précéda ce qui devint l’affaire Fried, initiée à Berlin et aux Pays-Bas. En effet, au siège de la SIPO-SD de Bruxelles, il fut questionné et confronté à Van Proosdij, arrêté le 22 mai à Berlin et ramené fin juin à Amsterdam. On leur montra une photo d’Eugen Fried qu’ils disaient tous deux ne pas connaitre (ce qui n’était vrai que pour Gaudier.) Il n’était à aucun moment question de Colette à qui il avait enseigné le morse. Il ne put rien dire du courrier qu’il ne connaissait que par son pseudonyme.

Incarcéré à la prison de Forest, il fit conduit au tribunal le 17 mai où la peine de mort est requise, mais le jugement fut suspendu. Il fut envoyé à la prison allemande de Gross-Sterlitz le 10 juin 1944. Les troupes soviétiques approchant, il s’échappa le 25 janvier 1945 d’une colonne de prisonniers qui se replia sur Ratibor. Il fraternisa avec les libérateurs soviétiques et est rapatrié en Belgique le 26 avril par Odessa et Istamboul.
De retour à Bruxelles, il retrouva sa mère chez qui il habitait au moment de son arrestation, et arrêtée en même temps que lui, puis libérée. Laissant un fils de son premier mariage, Claude Gaudier décéda à Anderlecht (Bruxelles) le 18 novembre 1970.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76289, notice GAUDIER Claude, pseudonyme : « Premier auteur » (DBK) par Claude Coussement, version mise en ligne le 10 février 2010, dernière modification le 10 février 2010.

Par Claude Coussement

SOURCES : CARCOB, dossier CCP Claude Gaudier, papiers Lucette Bouffioux ;
RGASPI, Télégrammes échangés avec Fried ; CEGES, dossier SIPO-SD arrestation de Van Proosdij par le Sonderkommando Den Haag ; entretiens de l’auteur avec sa seconde épouse Simone Lambert-Gautier, Johan Van Proosdij, Madeleine Gobiet, Madeleine Delnest ; courrier de l’Administration des victimes de guerre ; C.Coussement et J. Gotovitch, "Qui a tué Eugène Fried, dit Clément, délégué de l’Internationale communiste ?", in Cahiers Marxistes Bruxelles, n° 110, janvier 1983, p. 38–40.

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