Par Justinien Raymond
Né le 28 septembre 1844 à Bordeaux, mort le 22 décembre 1926 à Caudéran (Gironde) ; journaliste ; militant venu au socialisme par le boulangisme ; député de 1889 à 1893.
D’abord notaire en Charente, Henri Aimelafille ne fit guère que passer dans le mouvement socialiste. Très jeune, il entra dans le journalisme littéraire et politique : il débuta à La Tribune en 1869 où il prit le pseudonyme d’Aimel ; il collabora au Bordelais, au Don Quichotte ; en 1879, il devint, pour plusieurs années, rédacteur en chef de La Victoire de la Démocratie.
En pleine agitation boulangiste, en 1888, il se rangea du côté des socialistes qui suivaient le général. Sous le pseudonyme de Jacques Voland, il fut le principal rédacteur de La France de Bordeaux et du Sud-Ouest lancée le 26 mai 1887 par Charles Lalou pour combattre les deux organes antiboulangistes La Gironde et La Petite Gironde.
Médiocre orateur, Aimel était assez brillant journaliste. « Vendu à Lalou pour deux cent cinquante francs par mois » (cf. Arch. Dép.), il fait moins figure de militant que de politicien pour qui le Parti socialiste est un tremplin commode. Il avoua implicitement cette conception personnelle du socialisme : « Le Parti socialiste, s’écrie-t-on, est un parti révolutionnaire. À qui la faute, répondrai-je, sinon à ceux qui refusent de lui faire place dans l’évolution normale des partis politiques ? » (La Victoire, 24 avril 1898).
En 1889, Aimel fut élu, pour une seule législature, député socialiste-boulangiste de la deuxième circonscription de Bordeaux (3e et 4e cantons, Talence) aux dépens du député républicain sortant Mérillon. Il réunit 5 028 voix au premier tour et l’emporta au second par 5 931 voix. Il conduisit le groupe de La Bastide-Lormont vers la préfecture le 1er mai 1890. Dès 1891, il avait réintégré le Parti ouvrier et assista à son congrès de Lyon. En 1893, il renonça à toute candidature et continua sa vie de journaliste.
Par Justinien Raymond
ŒUVRE (cotes de la Bibl. Nat.) : Giraud Léon et Aimelafille Henri, Le Mariage de Diogène, pièce fantaisiste en deux actes, prose et vers mêlés, Bordeaux, 1869, 8° Yth. 11 049. — Préface à Léon Giraud, Un mois de République, Bordeaux, 1868, In-12, 72 p., M. 26 750.
SOURCES : Arch. Dép. Gironde, série M, Manifestations ouvrières, 1er mai 1890-1891. — Édouard Féret, Statistique générale du département de la Gironde, Bordeaux, 1889. — Dr Ginestous, Histoire politique de Bordeaux (1870-1940), Bordeaux, 1941, p. 79. — Marc Biennès, Le Mouvement socialiste et la pénétration socialiste dans la région de Bordeaux, des débuts de la IIIe République à la 1re guerre mondiale (4 septembre 1870-3 août 1914), DES, Paris, 1959.