BOUCHER Amandine, femme Vernet

Née à Banne, arr. de Largentière (Ardèche) ; le 14 septembre 1858 ; sachant lire et écrire ; femme de l’ouvrier mineur Vernet dont elle avait cinq enfants ; domiciliée à Bessèges. Amandine Boucher ne s’était jamais montrée dans les réunions publiques avant la grande grève de 1890. Le 14 mai 1890, alors que la grève durait depuis déjà deux semaines, elle prit pour la première fois la parole en lisant un discours dans une réunion publique d’environ cinq mille personnes au Buis-de-Robiac (?). Les ouvriers ayant sollicité le concours des femmes, c’est elle qui fut chargée de cette tâche. Le 16 mai, à Bessèges (Gard), elle prit à nouveau la parole pour engager ses compagnes à la rejoindre le lendemain pour empêcher les ouvriers non grévistes d’aller au travail, ce qui eut lieu : les attroupements de femmes durent être dispersés et cinq arrestations eurent lieu pour atteinte à la liberté du travail. Le 18 mai, elle organisa un grand rassemblement de femmes d’ouvriers sur la place de la mairie de Bessèges afin de demander la libération des femmes arrêtées : ayant répondu, au nom de ses compagnes, qu’elles ne se disperseraient pas avant d’avoir obtenu gain de cause, la troupe fut appelée pour mettre un terme à la manifestation. Le 19 mai, elle se rendit à Rochebelle, localité, proche de Bessèges, où, avec d’autres manifestants, elle hua violemment les ouvriers qui se rendaient au travail. Le 22 mai, après avoir encore, deux jours auparavant, au cours d’une réunion publique à Bessèges, exhorté les grévistes à tenir, elle fut arrêtée et condamnée, le 30 mai, à quatre jours de prison pour provocation à des attroupements non armés sur la voie publique. Elle avait la spécialité, dit un rapport de police, de faire pleurer son auditoire par des discours à la fois violents et attendrissants.