CETTY Henri

Élève du collège libre de Colmar puis du grand séminaire de Strasbourg (1868), Henri Cetty, dont le père était tonnelier, publia ses premiers articles dans la Revue catholique d’Alsace avant même son ordination. Prêtre en 1872, directeur au petit séminaire de Zillisheim, il entra en conflit avec l’autorité allemande qui décida la fermeture de l’établissement. De 1874 à 1878, l’abbé Cetty fut précepteur dans la famille Ritter, à Guebwiller, et rejoignit ensuite Mulhouse comme vicaire de la paroisse Saint-Étienne. Il se livra en même temps à l’étude des questions sociales. Son premier livre, La Famille ouvrière en Alsace (Rixheim, A. Sutter, 1883, 267 p.), obtint un vif succès. Chez le même éditeur, il publia deux ans plus tard Le Mariage dans les classes ouvrières (312 p.) et La Famille ouvrière d’autrefois (390 p.) en 1889.
En 1887, il avait reçu la cure de Steinheim qu’il quitta dès 1889 pour la paroisse populaire de Saint-Joseph à Mulhouse où son action allait se développer jusqu’à sa mort. Voulant aussitôt se lancer dans la vie politique, il y renonça aux élections de 1890 à cause de l’opposition de son compatriote et confrère Winterer, favorable à l’alliance avec les libéraux. Candidat au Reichstag en 1893, Cetty ne réussit pas à endiguer la poussée socialiste. Au renouvellement municipal de 1891, il avait fait élire dix-neuf catholiques dont dix ouvriers sur une liste d’union. Partisan d’un parti catholique proche du Zentrum allemand, il était de sensibilité démocrate chrétienne. Il lança son journal, le puissant Mülhauser Volksblatt, en 1892, et dut le remplacer cinq ans après, à la suite de son interdiction, par l’Oberelsässische Landeszeitung. A cette époque, il prit la présidence de la jeune Société d’édition de Haute-Alsace, coiffant un important réseau de journaux catholiques.
Sous l’impulsion de Cetty, qui prit pour devise « À l’ouvrier par l’ouvrier », le catholicisme social alsacien s’était orienté rapidement vers la recherche de formules concrètes. Le cercle qu’il avait mis en place dès 1891 dans sa paroisse de Mulhouse servait de modèle à travers le Reichsland et au-delà. Les cercles ouvriers chrétiens, pour lui, devaient être avant tout « œuvre de piété », favorisant la restauration de l’esprit religieux. Néanmoins, le cercle de Saint-Joseph fut doté de tout un ensemble d’institutions coopératives et mutualistes, d’activités récréatives (musique, théâtre, sport), de cours de formation professionnelle et d’un bureau de placement. Un cercle d’études sociales, créé en 1907, était destiné aux cadres des associations religieuses, syndicales et politiques. L’abbé Cetty a présenté en France « Le Cercle ouvrier de Saint Joseph de Mulhouse et ses institutions économiques » dans les publications de l’Action populaire (n° 221, octobre 1910, XII-32 p.)
Influencé par l’œuvre des cercles d’Albert de Mun et par l’expérience de Léon Harmel au Val des Bois, le prêtre alsacien, en retour, a vivement intéressé les "abbés démocrates" et les catholiques sociaux français. Il a souvent pris la parole dans leurs congrès et les a reçus à Mulhouse. Il a écrit de nombreux articles pour la Revue des questions sociales et ouvrières, Le Mouvement social, L’Association catholique, où il fit connaître la législation allemande des assurances sociales obligatoires, destinées à protéger l’ouvrier (15 février 1897), etc. Il a publié encore « Esquisse d’un programme social chrétien » (Revue catholique d’Alsace, août 1896), Études sur les corporations (1897), œuvres sociales et ouvrières en Alsace (1905), etc. Une rue de Mulhouse porte son nom.