DELMORES Jules (Delorme dit)

Par Justinien Raymond

Né à Montbrison (Loire) ; militant socialiste de la Loire.

Ne pas confondre avec son homonyme Delorme Jules*.
Militant syndicaliste et socialiste, Delorme — c’était son vrai nom — se manifesta dans les réunions publiques et dans la presse. Il appartint au cercle l’Union des travailleurs de Saint-Étienne fondé en 1880. En 1890, il était inscrit au groupe socialiste « Le Vigilant » de Roanne. Mais son activité s’étendit à tout le département de la Loire. Le 22 janvier 1888, il parla à Firminy dans une réunion anarchiste. On le trouva souvent en compagnie des libertaires, notamment pour commémorer la Commune : il se rapprochait d’eux par son socialisme révolutionnaire hostile au parlementarisme et à la patrie. Le 26 juillet 1890, il condamna le culte de la patrie au banquet des classes 85 et 86 à Roanne. Le 6 novembre 1891, le tribunal correctionnel de Roanne lui infligea quinze jours de prison pour insultes au maire de Jarnosse au cours d’une réunion. Ayant exercé à peu près tous les métiers dans l’industrie textile de Saint-Étienne, il participa à la vie syndicale. Il se mit en vue pendant les grèves de 1889-1890 et au cours des manifestations qu’elles suscitèrent. En 1903, ce sont les mineurs qu’il contribuera à agiter. Cette collusion alors habituelle entre dirigeants syndicaux et meneurs politiques ne fut pas toujours appréciée à l’endroit de Delorme. En 1890, le représentant des passementiers, Desseaux, éleva une véhémente protestation contre Delorme et les dirigeants du PO qui « tuent les chambres syndicales par leurs intrigues » (Arch. Dép. 10 M 133).
Le même esprit d’intrigue lui fut reproché dans les milieux socialistes pour avoir, au nom de la fédération et sans mandat d’elle, désavoué, dans le journal Le Peuple, F. Faure délégué au congrès de Reims du PS de France (septembre 1903). Néanmoins, les socialistes, deux fois, le présentèrent aux électeurs. Le 23 avril 1881, aux élections municipales de Saint-Étienne, avec 292 voix il se classa en tête des quatre candidats ouvriers. Aux élections législatives de 1889 à Saint-Étienne, il ne recueillit que 933 voix.
Il exerça une influence incontestable dans les années 1888 à 1892.
Dans les années qui suivirent, il vécut à Saint-Claude et milita dans le Jura et dans l’Ain, fédérations d’esprit autonomiste qui l’accusèrent de pactiser avec les réactionnaires de Saint-Claude et qui l’exclurent : cette rupture eut de fâcheux effets au journal La Montagne socialiste. Delmores regagna la Loire où il se refit une virginité socialiste. Le 17 décembre 1905, Delorme participa comme représentant de Saint-Étienne au congrès de fusion de la Loire, d’où sortit la fédération du Parti socialiste SFIO au bureau de laquelle il fut porté par ce congrès. Mais la grande époque de son action était révolue.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article79865, notice DELMORES Jules (Delorme dit) par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 3 juin 2022.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Delorme collabora aux journaux suivants : L’Éclaireur et la Loire socialiste de Saint-Étienne. — Le Réveil roannais : il fut appelé à sa rédaction par le radical-socialiste Auboyer en 1888. Il le quitta le 20 octobre. — Le Socialiste roannais, où il passa ensuite, cessa de paraître le 20 décembre 1888. — L’Action, journal socialiste de Lyon. Il y collabora en 1892. — La Montagne socialiste du Jura et de l’Ain. — Le Peuple, quotidien socialiste lyonnais qui publiait une chronique pour la Loire. Delorme y collabora en 1903.
Brochure : Le Premier Mai historique, Paris, 1891.

SOURCES : Arch. Dép. Loire, 10 M 4, 10 M 95-96, 10 M 133, 19 M 1 à 6. — Hubert-Rouger. Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 6-7 et 11, pp. 306 à 317, passim.

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