Par Justinien Raymond, revu par Claude Pennetier
Né le 24 novembre 1869 à Halluin (Nord), mort en novembre 1942 à Sanvic (Seine-Inférieure) ; ouvrier peintre, cabaretier ; militant socialiste du POF du Nord ; maire adjoint socialiste du Havre (Seine-Inférieure) de 1919 à 1922 ; président de la section havraise de la Ligue des droits de l’homme.
D’un père belge, Descheerder naquit dans une famille de sept enfants. Il avait treize ans à la mort de son père. Il entra alors en apprentissage et fut ouvrier peintre ; il séjourna à Paris et aux États-Unis avant de s’établir cabaretier à Tourcoing (Nord) en 1894. Il continua à travailler dans sa profession et fut secrétaire général du syndicat des ouvriers peintres du Nord et du Pas-de-Calais. Naturalisé Français en 1895, il milita au sein du POF, fut délégué aux congrès nationaux de 1896 et 1897, et candidat aux élections municipales ces années-là.
En 1898, Descheerder fut exclu du POF pour avoir mené, malgré les décisions de son parti, une campagne contre le candidat radical aux élections législatives. Mais après réalisation de l’unité en 1905, on retrouva Descheerder militant de la SFIO en Seine-Inférieure, au Havre. En 1910, il présida le comité de défense de Jules Durand, secrétaire du syndicat des charbonniers, qui, pour le meurtre de l’ouvrier jaune Dongé, auquel il était étranger, fut condamné à la peine de mort par un véritable déni de justice malgré la plaidoirie du jeune avocat René Coty, futur Président de la République.
Le 16 novembre 1919 Descheerder figura au quatrième rang de la liste des onze candidats socialistes aux élections législatives : il recueillit 40 266 voix sur une moyenne de 41 101 et ne fut pas élu. Cette année là, il entra avec dix autres socialistes au conseil municipal du Havre sur une liste de représentation proportionnelle et devint adjoint au maire pour deux ans et demi. Il refusa ensuite de figurer sur la liste de Léon Meyer jugeant que la part des socialistes était trop faible.
Directeur gérant de l’hebdomadaire le Progrès social, il s’y montra un polémiste ardent.
Entré à la Ligue des droits de l’homme (LDH) en 1914, il devint président de la section havraise en 1921 et en resta le dirigeant jusqu’en 1928. Il se retira de la vie politique en 1933 et mourut à Sanvic, commune rattachée au Havre en 1955. La presse locale signala : "Un brave homme vient de mourir. Depuis longtemps on ne rencontrait plus dans les rues de la ville sa silhouette attristée. M. Gustave Descheerder était devenu aveugle et ne quittait plus son domicile de Sanvic."
Par Justinien Raymond, revu par Claude Pennetier
ŒUVRE : Descheerder collabora à L’Égalité de Roubaix-Tourcoing et écrivit, sous l’anonymat, une brochure : Le Socialisme devant l’opportunisme, 1897. Il fut directeur gérant du Progrès social au Havre.
SOURCES : Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, op. cit., pp. 611 à 617, passim. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit. p. 618. — Documents communiqués par Joëlle Salmon.