DESGRANGES Antoine

Né le 5 mai 1852 à Saint-Étienne (Loire) ; cordonnier, puis teinturier à Villefranche-sur-Saône (Rhône) ; militant syndicaliste de tendance anarchiste.

Desgranges, après avoir perdu sa place de cordonnier, devint teinturier et, jusqu’en mars 1881, fut secrétaire de la chambre syndicale de la teinture fondée à Villefranche en 1877. Des déclarations qu’il fit lorsqu’il présenta sa défense au procès de Lyon de janvier 1883, on peut considérer qu’il devint anarchiste à la suite de l’échec de la grève des teinturiers de Villefranche en septembre 1881 ; c’est après cette grève qu’il contribua à la formation du groupe anarchiste « Le Glaive ».
Le 21 octobre 1882, dans une réunion publique tenue à Villefranche, Desgranges fit l’apologie des actes de Montceau-les-Mines (Voir Gueslaff) disant qu’il fallait en finir avec la bourgeoisie, que l’heure des bourgeois était venue. Pour trouver les bourgeois, ajouta-t-il, vous n’avez qu’à aller à l’Assommoir, mais patience (Arch. Nat. B B 24/875. Rapport Fabreguette, procureur général, 31 juillet 1884). Vingt-quatre heures plus tard, une bombe explosait à l’Assommoir, salle commune du restaurant du théâtre Bellecour à Lyon (Voir Cyvoct).
Desgranges fut impliqué dans le procès, dit procès des 66, qui s’ouvrit à Lyon devant le tribunal correctionnel, le 8 janvier 1883 à la suite des manifestations des mineurs de Montceau-les-Mines d’août 1882 et des attentats à la bombe perpétrés à Lyon en octobre 1882. Selon l’importance des charges retenues contre eux, l’accusation avait classé les prévenus en deux catégories (Voir Bordat). Desgranges, prévenu de la 1re catégorie, fut condamné à trois ans de prison, 500 f d’amende, dix ans de surveillance et cinq ans d’interdiction des droits civils ; le jugement fut confirmé par arrêt de la cour d’appel de Lyon, le 13 mars 1883. Sa maîtresse, Mathilde Manasses, repasseuse « fanatique des principes anarchistes », dit la police, avait été soupçonnée d’avoir participé à l’attentat d’octobre 1882, mais les poursuites avaient été finalement abandonnées.
Après avoir purgé sa peine, Desgranges retourna à Villefranche où il continua à animer les groupes anarchistes. Il figurait encore en 1894 sur les registres de surveillance de la police.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article80022, notice DESGRANGES Antoine , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

SOURCES : Arch. Dép. Rhône 4 M 2, 4 M 3, 4 M 6, 4 M 19 bis. — Le Procès des anarchistes devant la police correctionnelle et la cour d’appel de Lyon, Lyon, 1883. — Jean Maitron, Histoire du mouvement anarchiste en France... op. cit.

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