MONNERET Albert [MONNERET Alfred, dit Albert]

Par Madeleine Rebérioux

Né à Auxonne (Côte-d’Or) le 24 novembre 1867 ; typographe ; militant socialiste.

Albert Monneret vint travailler comme typographe à Cassoir près d’Auxerre et il comptait en 1898 parmi les membres du groupe républicain-socialiste du chef lieu de l’Yonne. Élu conseiller municipal en mai 1900, il organisa pendant deux ans, dans la région, avec un plein succès, des conférences socialistes, antimilitaristes, antinationalistes, avec Zévaès et Tanger, Lucien Roland et Maxence Roldes. Présenté au Conseil général par son groupe pour le canton d’Auxerre en juillet 1901, il obtint au premier tour 256 voix, de quoi appliquer utilement au second la discipline républicaine. En 1903, son groupe adhéra au Parti socialiste de France et, en septembre, Monneret souscrivit pour le développement du Paysan, le journal socialiste mensuel des groupes de Béru et de Tonnerre.
C’est pendant ces années que battait son plein la propagande antimilitariste du premier Pioupiou de l’Yonne dont le lancement fut décidé au congrès des Jeunesses socialistes du département qui se tint à Sens le 16 septembre 1900. Monneret, qui avait largement passé l’âge de militer aux Jeunesses, apporta son total soutien et contresigna un entrefilet du premier numéro du journal (dont les articles étaient anonymes) pour ne pas laisser au seul gérant — un petit bossu tuberculeux, G. Thomas, qui avait réclamé cet honneur — la seule responsabilité de textes assez incendiaires. Poursuivi, Monneret fut acquitté le 14 novembre 1901 par 8 voix contre 4 au terme d’un procès qui fit sensation : Briand avait défendu les inculpés devant la cour d’assises de l’Yonne. Après la mort de Thomas, Monneret devint gérant du journal. C’est sous sa responsabilité que sortirent les numéros 6 bis à 9 bis (de février 1904 à août 1905) du Pioupiou. Poursuivi au total quatre fois, il fut quatre fois acquitté. Que l’antimilitarisme militant du journal trouvât de profonds échos dans l’opinion publique de la région, deux faits suffisent à le prouver : pour le procès du 6 juillet 1903 (dans le cadre duquel il n’était pour une fois pas inculpé), il fut inscrit sur la liste des jurés par les maires du canton ouest d’Auxerre et les délégués du conseil municipal de la Seine ; et, d’autre part, lors de l’élection partielle du 28 août 1904 à Auxerre, il fut élu sans concurrent au conseil municipal auquel il ne s’était pas représenté en avril.
En juillet 1905, A. Monneret quitta l’Yonne pour Paris où il avait trouvé un emploi à l’Imprimerie nationale. Il fonda alors le Pioupiou de la Seine. Mais l’antimilitarisme commençait à passer pour dangereux pour le pouvoir : arrêté en février 1906 sous l’inculpation d’incitation à la désertion, il passa en correctionnelle. Les juges étaient plus sûrs que les jurés et Monneret fut condamné à huit mois de prison. Le Pioupiou de l’Yonne, interrompu depuis la fin de 1905, lui tenait toujours à cœur. En 1909, il participa à sa relance en organisant une collecte à Paris. Ses contacts avec la fédération socialiste de l’Yonne étaient d’ailleurs maintenus par son appartenance au groupe des « Originaires » à Paris, mais le groupe, comme la fédération, entendaient rester à la SFIO, alors que Monneret, qui lui reprochait de plus en plus sa parlementarisation, en vint à la rupture. En 1911, il fit partie de la petite équipe qui décida de créer un « Parti socialiste révolutionnaire » : une scission se produisit dans la section d’Auxerre comme dans le groupe des originaires. Monneret était en mai 1911 le secrétaire du groupe révolutionnaire des originaires de l’Yonne à Paris. Au plan national, le projet échoua.
Se confond-il avec Monneret qui, en 1929, fut délégué du syndicat des employés de Saint-Claude au congrès de la CGT qui se tint salle Japy ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article83568, notice MONNERET Albert [MONNERET Alfred, dit Albert] par Madeleine Rebérioux, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Madeleine Rebérioux

SOURCES : Arch. Nat. F7/ 12 503. — Arch. Dép. Yonne III M 1/ 315 et III M 1/ 326. — Arch. Mun. Auxerre. — Le Mandat impératif. — Le Paysan. — Le Travailleur socialiste de l’Yonne.

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