MOSBEUX Désiré, Noël

Par José Gotovitch

Né le 27 octobre 1906 à Ougrée (Province de Liège), décédé le 17 juin 1958 à Neuville-en-Condroz (province de Liège) ; ouvrier métallurgiste ; militant de la Jeunesse puis du Parti communiste de Belgique ; élève de l’Ecole léniniste internationale (ELI) ; volontaire des Brigades internationales ; prisonnier politique ; conseiller communal, échevin et conseiller provincial.

Né d’un père mineur et d’une mère paysanne décédés tous deux fort tôt, il vécut avec sa sœur aînée et, après l’école primaire, commença à travailler à 13 ans dans une entreprise de maçonnerie. Entre 1919 et 1929, il travailla successivement dans une dizaine d’entreprises principalement métallurgiques, dont Espérance Longdoz, Ougrée Marihaye, Cockerill, mais aussi les Cristalleries du Val Saint Lambert, soit les plus grandes entreprises de la région et les plus syndicalisées. C’est la grande grève de 1921 à Ougrée-Marihaye menée par Julien Lahaut, qui l’attira vers les communistes. Membre des Chevaliers du Travail (adhérants à l’Internationale syndicale rouge) qui allaient se transformer en Centrale Révolutionnaire des Mineurs (incluant les métallurgistes) il adhéra à la JCB en 1926. Il fut rapidement porté à la direction de sa section, puis au secrétariat de la fédération liégeoise et siégea de ce fait au Comité fédéral du Parti. En 1928, il fut séduit par le talent oratoire de Van Overstraeten, et l’aurait suivi si des camarades étrangers de la MOE ne l’avaient ramené à la « juste ligne qui ne pouvait être de celle de l’IC ».

En juin 1929, il suivit la session de 6 mois destinée aux Jeunesses à l’École léniniste internationale. Dans sa bio rédigée en 1935, il dressa un tableau féroce de cette session : absence initiale de local, puis caserne à libérer après deux mois pour cause de réintégration des soldats en raison de l’hiver, interruption des cours puis attribution d’un local situé loin de Moscou que les professeurs, bloqués par la neige, ne pouvaient souvent pas rejoindre ! Par ailleurs, Mosbeux y fut également malade et dut être opéré.

Il souligna lui même que son bagage politique était alors à ce point inexistant qu’il considérait en 1935, que cela avait été une faute de la direction de l’y avoir envoyé. Même s’il représenta en 1930 l’Exécutif de la JCB à une conférence internationale à Berlin et au congrès antifasciste de Paris, il quitta le secrétariat de la JC pour entrer au Parti en 1931. Il semble qu’il ait alors connu une baisse d’activité jusqu’à la grève des mineurs de 1932 où il joua un rôle d’agitateur très actif. Sous le coup d’un mandat d’arrêt, il y échappa pendant quelque temps avant d’être écroué 7 semaines.

L’action des communistes dans la grève après la période d’extrême faiblesse de 1928 à 1932, permit un progrès marquant aux élections de 1932 et Mosbeux fut élu conseiller communal à Ougrée. Il siégea alors au comité fédéral liégeois et l’on soulignait à Moscou qu’il émergeait du sectarisme qui l’avait caractérisé les années précédentes. Mais son intense activité politique l’amena à l’exclusion du syndicat réformiste (Centrale du bâtiment) auquel il avait adhéré après la disparition de la CRM, ainsi qu’au chômage complet. C’est ainsi qu’il poursuivit son activité parmi les chômeurs et fut secrétaire de sa section d’Ougrée du Parti. En 1936, il fut élu conseiller provincial (conseil provincial de Liège) mais partit en octobre pour s’engager dans les Brigades Internationales. Affecté à la propagande à Benicassim à partir de février 1937, des suites de blessures encourues au front, il fut rappelé le 6 juin par le PCB afin d’assurer la majorité provinciale de gauche, socialistes et communistes exerçant ensemble la direction de la province.
En septembre 1938, il déménagea à Seraing et y fut élu conseiller communal la même année. Il assura alors le secrétariat du rayon de Seraing du PC. En 1938 également, il épousa une institutrice (Nelly Goblet, 1902-1979) issue d’une famille décrite comme « petit bourgeoise ».

Le 10 mai 1940, il échappa à l’arrestation par les autorités belges. Puis, la capitulation intervenue et la majorité des conseillers communaux étant partis en exode en France, il assura l’échevinat du Ravitaillement en compagnie de Julien Lahaut à la tête de la commune. Membre du Comité fédéral clandestin, il participa au développement de la grève massive de mai 1941 dans les mines et la métallurgie wallonnes. Mais le 22 juin 1941, il fut cueilli par l’occupant dans le cadre de l’opération Sonnewende, la rafle qui toucha des centaines de communistes. Enfermé, avec Lahaut notamment, à la citadelle de Huy, il fit partie du premier convoi de déportés en Allemagne, aboutissant le 23 septembre 1941 à Neuengamme. Il connut ensuite Mauthausen et Gusen , survécut et fut rapatrié le 22 mai 1945.

Assumant des responsabilités dans la section des Prisonniers Politiques de Seraing, il fut réélu en 1946 et au conseil communal et au conseil provincial. Le PCB arrivant en tête à Seraing, les socialistes firent alliance avec la droite pour écarter les communistes du pouvoir communal. Mosbeux fut alors quelque temps permanent du Parti comme secrétaire politique de la très importante section de Seraing.

Il marqua cependant des réticences envers les choix opérés par le PC pour la désignation des députés permanents (exécutif provincial) et les sénateurs provinciaux (sénateurs désignés par les provinces). On peut supposer sa déception de ne pas avoir été choisi. D’ailleurs, dès 1947, il retourna à l’usine comme chaudronnier dans la grande entreprise Cockerill.

Il critiqua vivement la politique menée à la province dénonçant certaines dépenses qu’il jugeait somptuaires ainsi que certaines prises de position adoptées sans concertation. Désigné par sa section et le comité fédéral, il refusa d’être à nouveau candidat à la province en 1949. L’intervention des instances nationales, notamment la commission de contrôle ne modifia pas sa décision. Après l’assassinat de Julien Lahaut le 18 août 1950, il reprit les fonctions échevinales de ce dernier. Mais son chef de service lui interdit toute absence à l’usine et l’obligea à exercer ce mandat en dehors de ses heures de travail. Considéré comme indispensable à ce poste par tous les échelons du parti, il obtint une aide financière pour soulager la part de ménage qu’il avait à assurer, décision explicitement signée par chacun des secrétaires nationaux du parti ! Ce qui en dit long à la fois sur l’atmosphère de guerre froide régnant alors dans les entreprises et le degré de bureaucratisation du PCB en 1951.

Réélu à la commune en 1952, il ne refusa pas d’être candidat aux législatives de 1954, la perte d’influence du PCB l’empêchant d’être élu. Profondément malade, il mourut en fin de mandat communal, salué par toutes les autorités locales, y compris les socialistes serésiens qui l’avaient farouchement combattu .

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87350, notice MOSBEUX Désiré, Noël par José Gotovitch, version mise en ligne le 7 avril 2010, dernière modification le 13 août 2010.

Par José Gotovitch

SOURCES : RGASPI, 495 193 85, 545 6 1044. – Administration des Victimes de la Guerre, Bruxelles, dossier Prisonnier Politique. – Institut d’histoire ouvrière et sociale, Seraing, dossier Mosbeux en provenance de la CCP du PCB. – Administration communale de Seraing, service des Archives. – Jules Pirlot, Julien Lahaut vivant, Cuesmes, Le Cerisier-Carcob, 2010.

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