HYMANS Max, Robert

Par Claude Pennetier

Né le 2 mars 1900 à Paris (XVIIIe arr.), mort le 7 mars 1961 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) ; ingénieur puis avocat ; militant socialiste ; député de l’Indre (1928-1942), conseiller général et maire de Valençay ; sous-secrétaire d’État au Commerce (22 juin 1937-18 janvier 1938), sous-secrétaire d’État aux Finances (18 janvier-13 mars 1938).

Max Hymans naquit à Paris de parents israëlites non pratiquants, d’opinions radicales. Son père, Raphaël, était issu d’une famille hollandaise émigrée pendant la première moitié du XIXe siècle ; il prit la nationalité française en 1885. Tailleur d’habits, il s’occupait d’un bureau de bienfaisance. Ses grands parents maternels étaient paysans. Dans sa profession de foi de 1928, Max Hymans présentait ses parents comme des « employés » tandis que ses adversaires de droite, tentant de réveiller l’antisémitisme des populations rurales, prétendaient qu’après avoir été artisans, ils avaient pris un commerce de chemises boulevard Barbès et avaient acquis cinq magasins.

Hymans fit ses études au collège Rollin de Paris puis obtint un diplôme d’ingénieur de l’École centrale des arts et manufactures. Pendant les grèves de 1920, il refusa de servir dans les chemins de fer avec ses condisciples. Ingénieur chef du chantier Clairoix près de Compiègne (Oise), il serait entré en conflit avec l’administrateur délégué au sujet des salaires des ouvriers français et de l’éventuelle relève par des ouvriers étrangers plus mal payés (brochure électorale, 1928, Arch. Dép. Indre M.965). Hymans, qui avait suivi des cours de droit, décida de devenir avocat pour pouvoir se consacrer à la politique (lettre de Madame Hymans, 19 décembre 1975). Il obtint son diplôme de doctorat en Droit et s’inscrivit, en 1927, au barreau de Paris.

Hymans fut initié le 16 avril 1926 à la Loge maçonnique « Isis Montyon » puis fréquenta les Loges « Conscience et Volonté » et « Gustave Mesureur » (Grande Loge).

Membre du Parti socialiste depuis 1925, il avait des relations dans d’autres partis et collaborait au travail parlementaire de Marcel Plaisant, député radical du Cher. La Fédération socialiste de l’Indre cherchait un candidat à présenter dans la deuxième circonscription de Châteauroux aux élections législatives du 22 avril 1928 : le jeune avocat accepta. Après avoir fait quelques réunions publiques, il s’installa à Valençay. Il recueillit 3 271 voix sur 16 948 inscrits (19,3 %) et gagna le siège au second tour avec 7 663 suffrages. À la Chambre des députés, le benjamin des élus — il venait d’avoir vingt-huit ans — intervint souvent avec éloquence et compétence sur des questions touchant notamment au commerce extérieur, au cours des blés et à la sécurité aérienne. Il siégea aux commissions du commerce et de l’industrie, des douanes, de la législation civile et criminelle.

Hymans renforça constamment sa position électorale dans l’Indre en se faisant élire conseiller général (octobre 1931 et octobre 1937) et conseiller municipal de Valençay en mai 1935. Les résultats des élections législatives des 1er et 8 mai 1932 témoignèrent de sa popularité. Pourvu de 40,6 % des voix des électeurs inscrits au premier tour, il fut aisément élu au second, malgré le maintien du communiste Marius Olivier. À la Chambre, il fut président de la commission des douanes et secrétaire général de la délégation des gauches. Hymans suivit les néo-socialistes hors du Parti socialiste SFIO en 1933 comme son ami Louis Deschizeaux*. Il participa à la lutte antifasciste dans l’Indre en prenant la parole au meeting de Châteauroux le 26 avril 1933 — au nom de la Ligue des droits de l’Homme — et en étant présent au meeting du 11 février 1934 ainsi qu’à la manifestation du 14 juillet 1935.

Hymans se présenta aux élections législatives du 26 avril 1936 avec l’investiture de l’Union socialiste et républicaine. Il recueillit 5 892 voix sur 16 649 inscrits (35,3 %) et fut réélu au second tour avec 8 150 voix (48,9 %). Il siégea à la commission spéciale chargée de l’examen des projets de lois sociales, à la commission du suffrage universel, à la commission de législation civile et criminelle ainsi qu’à la commission des finances. Il présida la commission de la propagande de l’Exposition internationale en 1937. Le député de Valençay fit partie des troisième et quatrième cabinets Chautemps comme sous-secrétaire d’État au Commerce, du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938 puis, jusqu’au 13 mars 1938, comme sous-secrétaire d’État aux Finances.

Max Hymans fut mobilisé en septembre 1939 comme capitaine au 31e régiment d’artillerie. Présent à Vichy le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. La politique du gouvernement de Vichy éveilla très vite ses scrupules. Hymans rencontra à plusieurs reprises François Chasseigne, député socialiste de l’Indre, et tenta de le convaincre qu’ils avaient fait fausse route en appuyant le Maréchal Pétain et, dès le mois d’août, Max Hymans chercha à entrer en contact avec la Résistance française de Londres. Après avoir essuyé un refus de l’ambassadeur d’Égypte, il remit des messages à deux personnes pour avertir « qu’il se considère comme mobilisé et qu’il se tient à la disposition de la France libre pour tout travail à effectuer à l’intérieur » (Arch. Madame Hymans, cité par M. Jouanneau, op. cit., p. 82). Le Spécial opérations exécutives (SOE), qui connut le contenu de son appel, parachuta un émissaire à Valençay et Hymans devint le premier agent du SOE sur le territoire français. Il prit le pseudonyme de « Frédéric ». Une arrestation causa le démantèlement de son réseau en octobre 1941. Max Hymans quitta l’Indre pour Lyon puis Paris et Toulouse. En mai 1942, le SOE organisa son départ pour Londres via l’Espagne. Le général de Gaulle le nomma secrétaire général du Comité d’aide aux prisonniers. Hymans diffusa des messages à la radio et s’adressa à ses amis sous le pseudonyme de « Frommuzeau » (de l’anglais « from » et de Muzeau, localité voisine de Valençay où il avait une propriété). Il suivit ensuite de Gaulle en Afrique du Nord.

Max Hymans revint au Parti socialiste SFIO à la Libération. Président du conseil général de l’Indre de 1945 à 1951, il fut élu maire en 1946 et garda cette fonction jusqu’à sa mort en 1961. Les électeurs de Valençay le réélurent au conseil général en avril 1955. La Fédération socialiste lui confia le secrétariat général d’avril 1947 à 1949. Max Hymans était chef de l’aviation civile en 1945, il présida la Compagnie Air-France de 1947 à 1961, puis fut administrateur de la Compagnie générale transatlantique et de la radiotechnique.

Un square du XVe arr. porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87530, notice HYMANS Max, Robert par Claude Pennetier, version mise en ligne le 16 avril 2010, dernière modification le 27 août 2021.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Indre, M 965, M 971 et 3 M 1419. L’Émancipateur, 29 avril 1933. — Ralliement, 3 novembre 1945. — G. Guéguen-Dreyfus, Résistance Indre et vallée du Cher, op. cit. — Michel Jouanneau, L’Organisation de la Résistance dans l’Indre juin 1940-juin 1944, 1975. — Dictionnaire des parlementaires français, t. VI. — H. Coston, Dictionnaire de la politique française, t. I. — M. Gaudart de Soulages et H. Lamant, Dictionnaire des Francs-maçons, Paris, Albatros, 1980. — Préfecture de Paris, Les plaques commémoratives des rues de Paris, Paris, Documentation française, 1981. — Lettre de Madame Hymans, 19 décembre 1975.

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