GOURIO Jules, François, Marie

Par Alain Prigent, François Prigent

Né le 21 septembre 1893 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 1er juillet 1970 à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord) ; instituteur puis directeur de cours complémentaire ; syndicaliste du SNI ; militant socialiste SFIO, secrétaire de la section des Côtes-du-Nord du SNI (1931-1935) ; résistant ; maire (1944-1945) puis conseiller municipal (1945-1959) de Saint-Quay-Portrieux.

A droite avec un brassard, Jules Gourio en août 1944, au sein du maquis de Bois de la Salle près de Saint-Quay-Portrieux ; photo tirée de l’ouvrage de Joseph Darsel.
A droite avec un brassard, Jules Gourio en août 1944, au sein du maquis de Bois de la Salle près de Saint-Quay-Portrieux ; photo tirée de l’ouvrage de Joseph Darsel.

Employé à l’abattoir, son père Joseph Gourio (né en 1854) épousa Jeanne Bourel, ménagère (née en 1856).

Jules Gourio se maria avec Hélène Hamon le 16 juillet 1917 à Saint-Brieuc. Instituteur à Plufur puis à Plestin-les-Grèves puis directeur du cours complémentaire de Saint-Quay-Portrieux. Passionné d’histoire, il rédigea en 1928 une brochure sur la période révolutionnaire, intitulée Plestin et Trémel, sa trêve pendant la Révolution.

Sollicité par Yves Clorennec*, dirigeant de la section départementale du SNI, Jules Gourio relata ses souvenirs dans le bulletin syndical en février 1957. « Un jeudi de l’automne 1919, nous étions réunis à 4 ou 5 au café Depagne à Saint-Brieuc, pour reformer le syndicat. Hippolyte Pasquiou* et Jean-Baptiste Kermeur* en étaient ». Conseiller syndical du SMEL (syndicat des membres de l’enseignement laïque) de 1920 à 1922, il siégea à la commission administrative de l’EMEL (l’émancipation des membres de l’enseignement laïque) en 1922 et 1923. Il fut élu conseiller syndical de la section départementale du Syndicat national des Côtes-du-Nord (1924-1928). Il intégra le bureau (1929-1930), en charge des affaires laïques. Avec Paul Cansot*, il participa au congrès national de Nîmes en juillet 1930, intervenant dans le débat sur les questions laïques. Il succéda à Charles Burel* au poste de secrétaire général (1931-1934). Délégué au congrès de Paris en 1931, il fit une intervention au nom de la section des Côtes-du-Nord. Il représentait également les instituteurs au sein des instances de l’union départementale CGT. Lors du congrès du 29 novembre 1931, en présence de Marty-Rolland*, dirigeant national, son intervention fut fermement contestée par une partie des congressistes. Les positions laïques défendues par Jules Gourio heurtaient une majorité de congressistes, confrontés à la prégnance des pratiques catholiques dans la classe ouvrière du département. Au congrès national de Clermont-Ferrand, il intervint pour s’opposer à la collaboration de Max Hébert*, directeur de l’école normale de Saint-Brieuc, auteur d’ouvrages pédagogiques, à L’École Libératrice. Lapierre* dut s’incliner. En mars 1933, la direction départementale fut traversée par une opposition entre Michel Burel*, secrétaire général adjoint, ancien secrétaire départemental, et Jules Gourio. Burel, opposé au rapprochement avec les unitaires, démissionnaire. Jules Gourio organisa la première grève de l’histoire des instituteurs le 12 février 1934. La veille, le dimanche 11 février il prit la parole au nom des instituteurs lors du meeting qui rassembla un millier de travailleurs à Saint-Brieuc. Il favorisa le rapprochement avec le syndicat des instituteurs demeurés fidèles à la CGTU, les intégrant progressivement au SN de 1931 à 1934. Délégué au congrès national de Nice en 1934, il dirigea la section jusqu’en novembre 1935, cédant ensuite la place à René Chapin* puis Georges Meyssonnier*. Élu conseil départemental de l’enseignement primaire en 1935 il siégea au conseil syndical jusqu’à la déclaration de guerre.

En poste à Saint-Quay-Portrieux depuis la rentrée 1935, Jules Gourio joua un rôle important dans les organisations de résistance de cette partie du département. À la Libération, il siégea à la commission administrative de l’UD CGT (1945-1947). Il présenta un rapport sur la nationalisation de l’enseignement au congrès de 1946 qui fut repoussé par 85 voix contre 76 par les congressistes. Gaston Monmousseau, secrétaire national de la CGT, intervint fermement dans la discussion pour repousser les propositions de Jules Gourio. Ce même rapport fut adopté l’année suivante à la veille de la scission. En mai 1947, il intervint avec Yves Le Foll* lors du congrès de l’UD CGT pour l’indépendance et le respect des tendances du syndicalisme enseignant au sein de la confédération.

D’abord proche des milieux radicaux et laïques, Jules Gourio adhéra au Parti socialiste SFIO au début des années 1930. Il faisait partie des militants importants de la SFIO dans les Côtes-du-Nord en 1934 selon les rapports des Renseignements généraux. Il était abonné à La Charrue Rouge, sans partager les options unitaires du groupe de Philippe Le Maux* et Augustin Hamon*, dans lequel figurait des instituteurs syndicalistes comme Armand Lagain*, Maria Le Maux* ou Raymond Garrivet*.

Jules Gourio réorganisa la résistance locale après le départ forcé à l’automne 1943 de Jean Audoin*, militant du Parti communiste clandestin, recherché par les autorités nazies. Selon Joseph Darsel, il fut à l’origine de la création du mouvement Libération-Nord dans ce secteur. Après l’arrestation de Joseph Quérou, il se réfugia à Chatelaudren où il avait de la famille. Dans cette localité il rencontra Jean Devienne* qui lui conseilla de rejoindre le Front National. Inquiété par la Gestapo, Gourio fut désigné président du comité local de libération. A la Libération en août 1944, il fut nommé maire de Saint-Quay-Portrieux. En 1945, il figurait dans la municipalité socialiste SFIO de Roger Caillet*, qui ne parvint pas à faire basculer le canton à gauche, en raison de divisions avec le maire SFIO de Binic, Robert Bouvier*. 

En mai 1950, Jules Gourio remplaça Le Meur* comme secrétaire de la section SFIO de Saint-Quay-Portrieux (25 adhérents), commune dont il était toujours conseiller municipal en 1953 au moins. Avec Hyacinthe Martin* (militant de Loudéac), présidait le congrès de la fédération socialiste SFIO en novembre 1952, avant d’être délégué au congrès national de la SFIO en compagnie de Jeanne Mazier* et Marie Rallon*. Lors de son départ à la retraite en 1954, Le Combat Social retraçait son parcours syndical, en soulignant que cet ancien maire SFIO de la Libération était vice-président de l’Amicale Laïque et président de la section de l’Union fédérale des anciens combattants.

En 1955, Jules Gourio se présenta aux élections cantonales à Etables-sur-Mer face à Lozet, conseiller général sortant réélu dès le 1er tour et Léoni, socialiste indépendant. Avec 14.2 % des voix, le score socialiste était en net recul par rapport aux voix obtenues aux élections cantonales de 1949 par Antoine Mazier* (21.6 % des voix).

D’après les notes du secrétaire fédéral Alexandre Thomas*, Jules Gourio faisait partie de la dizaine de secrétaires de section en décembre 1958, qui n’avaient pas suivi Antoine Mazier dans la scission du PSA. Jules Gourio fut en désaccord à ce sujet avec son ami Léandre Morvan* (instituteur, président de l’Amicale Laïque, mort en 1961), passé au PSA puis au PSU.

Fidèle à la SFIO, Jules Gourio fut d’ailleurs candidat suppléant aux élections sénatoriales de 1962, la liste SFIO (Alexandre Thomas, Jean Le Garzic, Joseph Hourdin) obtenant 8 % des voix contre 21.5 % des voix pour la liste PSU. En 1969, Jules Gourio était toujours un adhérent actif du nouveau Parti socialiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article87919, notice GOURIO Jules, François, Marie par Alain Prigent, François Prigent, version mise en ligne le 5 mai 2010, dernière modification le 25 juillet 2021.

Par Alain Prigent, François Prigent

A droite avec un brassard, Jules Gourio en août 1944, au sein du maquis de Bois de la Salle près de Saint-Quay-Portrieux ; photo tirée de l'ouvrage de Joseph Darsel.
A droite avec un brassard, Jules Gourio en août 1944, au sein du maquis de Bois de la Salle près de Saint-Quay-Portrieux ; photo tirée de l’ouvrage de Joseph Darsel.

ŒUVRE : Jules Gouriou, Plestin et Trémel, sa trêve pendant la Révolution, 1928, Brest, 56 pages.

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 4 M 364, rapport des RG 1er février 1940, réunions syndicales et corporatives ; Arch. Dép. Côtes d’Armor, 68 J 1, fonds Roger Huguen , fichier des instituteurs ayant joué un rôle dans la Résistance. — Arch. Dép. Des Côtes d’Armor, élections municipales et cantonales. — Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor. — Arch. de la FSU 22 (bulletins des sections départementales du SNI et de la FEN), souvenirs de Jules Gourio, N° 74, février 1957. – Arch. de l’OURS, dossier Côtes-du-Nord. – Arch. de la FJJ. — Le Semeur d’Ille-et-Vilaine, mai 1933. — L’Avenir syndicaliste, 15 juillet 1932 et mars 1934. — L’Éveil breton. — Le Combat Socialiste. – Le Monde. — Joseph Darsel, La Bretagne au combat, Éditions Le Signor, 1980. —Alain Prigent, Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la II e République (Laïcité, amicalisme et syndicalisme), Editions Astoure, 2005. — Notice de Yann Le Floch, DBMOF, ancienne série du Maitron.

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