AUZOU Émile

Par F. Colbac

Né le 27 septembre 1903 ; ouvrier verrier ; militant syndicaliste.

Verrier à Bègles (Gironde) et responsable syndical, Émile Auzou fut licencié en 1927. Il vint alors à la verrerie de Brardville, près de Terrasson-la-Villedieu, en Dordogne. Cette verrerie avait vu naître un des premiers syndicats de la Dordogne, avait connu la première grève du département (en 1892) et avait par la suite été le lieu d’un âpre et interminable combat de classe. À peine arrivé, Émile Auzou devint secrétaire du syndicat (confédéré). Il était peu après porté à la commission exécutive de l’UD-CGT et du conseil d’administration de la caisse d’Assurances sociales « Le Travail », créé par cette UD Comme tous les dirigeants confédérés, il appartenait à la SFIO Début 1930, la direction de l’entreprise décida une diminution de salaires et une aggravation des conditions de travail. L’UD prêcha la modération mais la situation était telle que les verriers décidèrent la grève, Auzou expliquant que « le syndicat a été le plus loin possible dans la concession » ; la grève éclata début mars 1930. La verrerie ferma alors pour ne plus ouvrir. Ce conflit en effet s’enlisa et les dirigeants de l’UD confédérée n’auraient guère organisé l’action, ce qui leur valut de vives critiques de l’hebdomadaire régional communiste, Le Travailleur du Centre-Ouest : « Où sont les chefs confédérés ? Sont-ils morts ? » Auzou était devenu secrétaire permanent du comité de grève. Dès lors, en fait, son activité essentielle fut d’abord d’assurer la répartition des fonds de solidarité ; s’étant à ce sujet adressé entre autres, à la Fédération unitaire du verre, et se l’étant vu reprocher par le secrétaire de la Fédération CGT, Delzant, qui affirmait : « c’est une naïveté que de penser trouver de l’aide de ce côté », il fut amené à protester contre cette appréciation d’autant que l’essentiel des secours vint précisément des « verriers unitaires » ; puis son activité consista surtout à fournir un nouvel emploi aux ouvriers « lock-outés » ; il entretint pour ce faire pendant plusieurs mois une abondante correspondance, quasi-quotidienne avec le secrétaire administratif permanent de l’UD, R. Bertrand. En juin 1930, une tentative de réembauchage individuel ayant été amorcée, il organisa une pétition pour exiger la reprise collective. Ce fut pratiquement la seule action de caractère collectif qui eut lieu. Peu à peu, tous les ouvriers partirent et en juillet 1930, Auzou lui-même, pour Marseille où il avait trouvé un emploi de souffleur dans une verrerie où il fit embaucher tous ceux qui, à Brardville, restaient encore sans travail, et où il continua à militer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article91628, notice AUZOU Émile par F. Colbac, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 2 novembre 2010.

Par F. Colbac

SOURCES : Arch. Dép. Dordogne, 10 M 22. — La Dordogne Syndicaliste. — Le Travailleur du Centre-Ouest. — Union Départementale CGT de la Dordogne : un dossier Brardville.

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