KŒCHLIN Charles

Par Pascal Ory

Né le 27 novembre 1867 à Paris, mort le 31 décembre 1950 au Canadel (Le Lavandou, Var) ; musicien, compositeur ; président de la Fédération musicale populaire (1937).

Fils de Jules Kœchlin et de Camille Dollfus, issu de la bourgeoisie protestante alsacienne (son grand-père, Jean Dollfus, avait fondé la fabrique de fils et cotonnades Dollfus à Mulhouse ; son père était dessinateur pour l’industrie textile), Charles Kœchlin fut d’abord destiné aux grands corps de l’État et entra à l’École polytechnique en 1887. Mais, à vingt-deux ans, il écouta l’appel de sa vocation, et choisit la musique : il entra au Conservatoire national de Musique de Paris, où il eut, entre autres maîtres, Fauré et Massenet. Grand indépendant, il fut plus tard lui-même, à titre privé, le professeur de Francis Poulenc et de Henri Sauguet. Son nom demeure dans le monde de la musique comme celui de l’auteur d’un Traité d’harmonie (1923) et d’un Traité d’orchestration (1944) devenus classiques et d’une œuvre extrêmement abondante, encore très mal connue — une bonne partie n’étant pas même éditée et le reste guère joué en France. Sa notoriété est plus forte en Grande-Bretagne, en Suisse et en Allemagne dans les années 2000.

Dans les années 1920, Charles Kœchlin refusait le rejet des musiciens allemands et affirmait leur grande valeur musicale. Cette prise de position le fit mettre quelque peu à l’écart en France.

De sympathie d’extrême gauche, Kœchlin avait adhéré dès sa fondation, en 1935, à la Fédération musicale populaire, une des branches de la Maison de la Culture, à la présidence de laquelle il succéda à Albert Roussel, en 1937. Il tint à la même époque la chronique musicale de l’Humanité et dirigea à partir de 1936, aux Éditions sociales internationales, une collection intitulée « Petite Bibliothèque musicale ». Ici et là, il eut l’occasion d’exposer ses théories sur l’accès des masses à la musique et, en retour, la possibilité pour les musiciens de les rejoindre par le biais d’œuvres chorales et de compositions pour orchestres d’harmonie, cliques et fanfares.

Dans les années trente, une partie de sa production tenta d’illustrer ces positions. Citons : 1934 : Libérons Thaëlmann, instrumentation pour piano d’un chant de masse ; 1935 : Quelques chorales pour fêtes populaires, quatre pièces symphoniques pour orchestres d’harmonie, orchestrées l’année suivante ; 1936 : Liberté ! chant pour la musique de scène du Quatorze Juillet de Romain Rolland*, représenté à l’Alhambra en juillet et août par les organisations culturelles du Front populaire ; 1937 : Marche funèbre à la mémoire de Paul Vaillant-Couturier*, transcription d’une de ses Quatorze petites pièces pour flûte et piano ; Requiem des pauvres bougres ; 1938 : La Cité nouvelle, rêve d’avenir, poème symphonique, dédié à H. G. Wells.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article97430, notice KŒCHLIN Charles par Pascal Ory, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 23 septembre 2016.

Par Pascal Ory

DISCOGRAPHIE DES ŒUVRES CITÉES : Kœchlin, Quelques chorales pour des fêtes populaires (disque Calliope CAL 1939, commentaire de Frédéric Robert) ; Chœurs et musiques du Front populaire (disque SERP MC 7056, commentaire de Frédéric Robert).

SOURCES : Pierre Renaudin, Notice biographique, Paris, impr. de Cathelineau, 1952, 20 p. — Marc Honegger, Dictionnaire de la Musique, Bordas, 1970, tome I, p. 574. — L’œuvre de Charles Kœchlin : catalogue, M. Eschig, 1975, LIV, 109 p. — La Revue musicale, n° 340-341 et 348-349-350. — Témoignage de son petit-fils, Pierre Li, novembre 2012.

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